Recrutement: la Garde suisse passe à l’offensive

La Garde suisse pontificale a pris ses quartiers au salon des métiers – «Your challenge» – à Martigny (VS), jusqu’au 16 février. Anciens gardes et hommes du rang en uniformes d’honneur espèrent susciter des vocations. Une des opérations séduction lancée par la Garde pontificale dont les effectifs devront passer de 110 à 135 hommes.

L’adolescent prend un air sérieux, se raidit et, hallebarde à la main, se fige dans la position règlementaire du garde suisse. Il doit tenir la position au moins quelques minutes sans broncher malgré le regard parfois rieur de jeunes déambulant dans le salon des métiers de Martigny – «Your challenge». Un des deux soldats du pape présents sur le stand de la Garde pontificale lui remettra un diplôme attestant de ce menu service.

Guillaume Vergain, membre de la Lemania | © Bernard Hallet

 «Ces jeunes ne rentreront pas demain à la Garde mais qui sait?» Peut-être ces quelques instants ont-ils enfoui quelque part une vocation à servir et protéger le pape. Ce que suppose – et espère – en tout cas Guillaume Vergain. Ce membre de l’association Lemania, regroupant d’anciens gardes, est responsable du stand où, épaulé de deux anciens gardes suisses et de deux soldats du pape, il répond volontiers aux questions des jeunes et des adultes.

Objectif: 135 hommes

La troupe compte actuellement 110 hommes. L’effectif doit passer prochainement à 135 Gardes. Le salon de Martigny est donc une excellente occasion de faire la promotion de la plus petite armée du monde auprès des jeunes. Les gardes ne se ménagent pas pour partager leur expérience et attirer les jeunes «qui vivront une expérience unique».

Les gardes investissent le CERM | © Bernard Hallet

Les membres de la Lemania présents sont bénévoles mais Rome – la Garde suisse – «donne un coup de main» logistique en prêtant le matériel pour habiller le stand et l’appui apprécié de deux gardes actifs, détachés de la petite armée pour la durée du salon. Déjà présents au CERM lors de l’édition 2018, les gardes pontificaux ne manquent pas une occasion de se promouvoir, même parmi une centaine d’associations professionnelles qui présentent leurs 400 métiers.

Stands et réseaux sociaux

Présents à la nuit «OpenSky», à Fully en mars 2019, ils ont aussi monté un stand au festival Metanoia à St-Maurice l’été passé. Pas d’autres événements en perspective pour le moment. «La promo, ce n’est pas nouveau mais cela va en s’accentuant». Il faut renouveler et maintenir l’effectif actuel et forger des vocations pour atteindre le nouvel objectif. La Garde passe à l’offensive pour recruter. Pas seulement en Romandie.

Outre-Sarine, l’agenda est en effet bien rempli. D’ici à la fin de l’année, les hallebardiers iront à la rencontre de leurs concitoyens lors d’événements similaires à Coire, Saint-Gall, Soleure et Lucerne où ils sont passé fin 2019. Lugano est au programme pour les italophones. Certes rien ne vaut un contact, un échange et un témoignage mais les gardes du pape ont aussi investi les réseaux sociaux, notamment Instagram et Facebook. Et Youtube, où la Garde a diffusé plusieurs vidéos promotionnelles ces derniers mois.

Partager une expérience

«Il s’agit avant tout de partager une expérience, de raconter la Garde de l’intérieur. Au-delà de l’apparat». Guillaume Vergain a troqué l’uniforme, la cuirasse et la hallebarde contre un costume cravate et des flyers auxquels il s’emploie à donner tout le relief de trois ans passés à Rome en détaillant la vie des gardes suisses.

«Cela ne se limite pas au service d’honneur. Nous effectuons un service de sécurité dans une armée qui se professionnalise toujours plus. Il y a une vie en communauté, l’aspect religieux, l’équipe de foot aussi». L’argumentaire, bien rôdé, respire le vécu.

«Des chevaliers!»

«Hé, regarde! Des chevaliers!» L’uniforme bigarré de ses collègues attire et provoque des commentaires parfois inattendus. François Fournier, dans les rangs depuis cinq ans, évoque en souriant les interrogations des plus jeunes. A-t-il déjà sauvé la vie du pape? Que fait-il à Rome? «Mais tous savent le rôle premier de la Garde suisse: la protection du pape».

Echanges sur le stand de la Garde suisse | © Bernard Hallet

C’est déjà ça. Ensuite, il faut différencier le service d’honneur et la vie militaire. A portée de main, des feuilles plastifiées lui permettent de situer sur un plan la caserne à deux pas de la Place St-Pierre et de détailler, à la demande, l’armement du garde. Son collègue effectue quelques exercices de salut militaire et de présentation des armes.

Passée la curiosité liée à l’uniforme et à la hallebarde, les questions des plus grands tournent autour de la durée et de la nature du service ou des conditions d’admission. «J’ai eu très peu de questions sur le salaire». Les grands-parents viennent prendre des renseignements pour leur petit-fils qu’ils verraient bien prêter serment place Saint-Damase.

Les anciens et actuels gardes du pape éprouvent du plaisir à tenir le stand et à partager leur expérience. «C’est une manière de rendre à la Garde tout ce qu’elle m’a apporté et de poursuivre un peu le service», conclut Guillaume Vergain. (cath.ch/bh)

Pour entrer à la Garde
Entre autres critères à remplir, les postulants s’engagent corps et âme pour la sécurité du pape, ils doivent être citoyen suisse, célibataire et mesurer au moins 1,74 m. Catholique-romain, le futur Garde s’engage à servir fidèlement pour une durée minimale de 26 mois, il a effectué son école de recrue et possède un certificat de fin d’apprentissage. BH

Bernard Hallet

Portail catholique suisse

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