Yves Crettaz: «Il faut se bouger pour une Eglise accueillante»

Yves Crettaz, un Valaisan de 25 ans, a été engagé au Service diocésain de la jeunesse (SDJ) de Sion, a communiqué le diocèse le 31 août 2020. Rencontre avec un jeune passionné de communication qui souhaite faire mieux connaître «une Eglise accueillante» et plus accessible pour des jeunes restés sur le parvis.

«L’Eglise doit être présente dans la société. Il faut sortir de l’entre-soi paroissial!», lance Yves Cretttaz. Le jeune Valaisan, mordu du web, vient d’être engagé au Service diocésain de la jeunesse (SDJ) de Sion. Il prône la spécialisation des tâches en Eglise, notamment dans la communication.

Pour cela, l’institution doit faire la place aux jeunes et leur faire confiance. «Il y a tellement à faire en Eglise! Pourvu qu’on leur laisse la place et une certaine marge de manœuvre, ils ne demandent qu’à s’investir». Le Valaisan de 25 ans, diplômé de l’école de commerce de Sion, illustre bien le propos: membre du comité de la Nuit Opensky, du groupe Des Jeunes qui Prient (DJP), coorganisateur des soirées de louange à la paroisse de Conthey-Centre, il fait également partie du groupe de jeunes qui gèrent le site de la jeunesse catholique valaisanne: «T’as où la foi». Il ajoute à sa palette la vidéo, l’écriture et la photo. Logiquement le journalisme l’attire. En attendant, il travaille au service marketing du quotidien valaisan Le Nouvelliste.

«Se bouger maintenant!»

On pourrait encore dérouler ce qui fait plus penser à un CV qu’à ce qu’il considère, lui, comme un engagement en Eglise. «Son» Eglise, qu’il critique parfois. Parce qu’elle ne lui est pas indifférente, précise-t-il. Devant les bancs qui se vident, la baisse de la pratique religieuse, les scandales, il évoque une urgence: celle de «se bouger maintenant avant qu’il ne soit trop tard!» pour diffuser la Bonne nouvelle et rouvrir la porte d’une Eglise qu’il voudrait plus accueillante, en tout cas joyeuse. Il envisage son projet avec les pieds sur terre: «Je ne plane pas. Il faut être réaliste».

Le web et les réseaux sociaux sont les meilleurs vecteurs pour communiquer les événements qui rassemblent la jeunesse qui croit et toucher, au-delà de la catho-sphère, les 15-25 ans. Il faut s’adapter à l’époque. «Les jeunes ne se trouvent plus systématiquement le dimanche matin à la messe». La pandémie a démontré l’utilité du web pour garder un contact avec les fidèles, à l’instar de la Montée vers Pâques. Mais il en convient, l’écran ne remplace pas la présence ni la messe.

Une Eglise «plus fun mais pas au rabais»

La tendance des 15 – 25 ans à se retrouver autour de grands événements d’Eglise lui donne raison. La mobilité due aux études, au mode de vie, les amène dans d’autres paroisses et surtout à se retrouver ensemble, «parce qu’on est plus seul, comme aux JMJ», précise Yves Crettaz qui a été marqué par le rassemblement de Madrid, en 2011. «Il faut créer des occasions d’amener des amis à découvrir l’Eglise d’une manière plus fun, mais pas au rabais», insiste-t-il en faisant allusion aux soirées OpenSky, «Fun and God». Ces événements sont aussi pour le zébulon une manière de ramener l’Eglise dans la société.

«Je ne dirai pas à des jeunes intéressés et hésitant à entrer dans une église: ›viens à l’adoration’. On peut commencer avec un concert, un bar, le témoignage d’une personnalité – pas forcément de l’Eglise, mais de la société -, une possibilité de rencontre avec des jeunes engagés en Eglise et ensuite leur proposer: ›viens à la messe’».

En offrant un contexte convivial où les jeunes se sentent accueillis, c’est plus facile. Une des missions du Valaisan originaire de Vissoie, dans le Val d’Anniviers, sera de coordonner les différents groupes et plateformes des jeunes catholiques et de renforcer la présence et l’action de la pastorale sur la toile. «Il faut faire en sorte de faciliter l’accès à l’information à ceux qui veulent aller plus loin en Eglise». Sa connaissance du terrain où il s’implique depuis 10 ans sera un atout.

Une messe diocésaine

Les jeunes qui se situent à l’extérieur ne sont pas le seul objectif de son action. «Je pense qu’une messe diocésaine organisée par les jeunes une fois par an serait une bonne chose pour fédérer les fidèles et renforcer le sentiment d’appartenance à l’Eglise». Il fait référence à la célébration de la confirmation organisée au CERM à Martigny qui a rassemblé 10’000 personnes. «C’est faisable».

Une discussion avec Gaëtan Steiner, responsable du SDJ, a favorisé son engagement. Ses interventions sur la chaîne régionale Canal 9 pour présenter la messe télévisée dominicale de Mgr Lovey pendant la pandémie a été le déclic. Sa proposition à la chaîne, où il est pigiste, et à l’évêché de livrer un produit fini a séduit tout le monde.

«La pagaille dans les diocèses»

Issu d’une famille croyante et plutôt pratiquante, il n’a aucun problème à parler de foi et dit prier au moins une fois dans la journée. Même s’il n’oublie pas sa paroisse d’origine, il admet ne pas pouvoir toujours assister à la messe dominicale à Vissoie. Il essaye d’y aller le plus possible «et au moins pour Pâques et Noël», puisqu’il est lecteur.

Dans une tribune publiée dans Le Nouvelliste du 29 août dernier, il citait le pape François: «Je veux de la pagaille dans les diocèses! Je veux que l’Eglise sorte dans les rues!». «Sous l’impulsion du pape, ajoutait Yves Crettaz, les jeunes se rassemblent par affinités et prennent des initiatives dans divers réseaux. En accord avec les prêtres, ils proposent une manière différente d’annoncer la Bonne Nouvelle. Un style actuel qui rencontre un franc succès, tant auprès des jeunes que des moins jeunes. Alors, dépoussiérons notre Eglise tous ensemble!» Tout un programme. (cath.ch/bh)

Bernard Hallet

Portail catholique suisse

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