Henri Schwery selon Mgr Schwery

Le cardinal valaisan Henri Schwery est décédé le 7 janvier 2021. cath.ch lui rend hommage en publiant d’anciennes archives. Parmi celles-ci, un texte datant du 24 septembre 1977. Au moment d’être ordonné évêque de Sion, Mgr Henri Schwery avait transmis cet article à quelques journalistes. Dans cet «auto-interview», il résume sa vie, sa vocation et son espérance.

Ma vocation de prêtre?
Henri Schwery: Elle repose sur la disponibilité d’un homme au service de Jésus-Christ et de son Evangile. Comme futur prêtre, j’avais entendu l’appel du Christ comme l’interprétation des signes ou aptitudes humaines, intellectuelles, psychologiques et sociales. Elle repose aussi sur la conviction d’être interpellé personnellement par l’appel du Christ dans l’Evangile: «Viens, suis moi», et sur l’écoute du monde et de l’Eglise qui expriment clairement un besoin et une espérance.

La convergence de tous ces signes m’a permis d’accepter joyeusement l’appel de mon évêque à l’ordination sacerdotale.

«J’ai reçu et accepté mon élection à l’épiscopat comme la volonté de l’Eglise, donc de Dieu»

Ma vocation d’évêque?
J’ose parler d’une vocation épiscopale, dans ce sens que j’ai été «appelé» par mes supérieurs à un autre service d’Eglise. Après mes études de théologie, j’ai fait des mathématiques et un diplôme en physique théorique. Indépendamment de l’ouverture d’esprit ainsi acquise à l’égard du monde moderne, ces études m’ont enrichi d’un esprit critique et d’une rigueur de raisonnement qui m’apparaissent très utiles à la réflexion théologique. De plus, et surtout, ces études m’ont permis de travailler comme enseignant et de me situer comme prêtre dans le contexte extrêmement complexe, difficile et enrichissant de l’éducation. Je ne pense pas que le rôle d’éducateur soit très loin de la fonction enseignante de l’évêque et de ses soucis de pasteur.

Le cardinal Schwery vit dans un petit appartement de sa commune d’origine: Saint-Léonard (Photo: Pierre Pistoletti)

Mon élection à l’épiscopat?
Je l’ai reçue et acceptée comme la volonté de l’Eglise, donc de Dieu, en toute liberté et en toute sérénité. J’y vois moins une rupture par rapport à mon service antérieur d’éducateur qu’un appel à un dévouement plus détaché et plus personnel encore à la cause, non d’une chose, mais de quelqu’un qui s’appelle Jésus-Christ.

Je sais que certains ont déploré que le Saint-Père ait nommé l’évêque de Sion sans avoir consulté «publiquement» des organes du diocèse. Mais il faut bien d’abord signaler que si une participation plus directe de tels organes existe en Suisse, elle est exceptionnelle dans l’Eglise universelle. En faisant abstraction du choix de ma personne, je me réjouis à la pensée des hypothèses, des calculs, des influences et des «qu’en dira-t-on» que le diocèse de Sion a ainsi pu éviter, grâce au fait qu’une très large consultation a pu avoir lieu, en secret, sans tomber dans le domaine public avant la décision finale.

«Je parle d’espérance et de joie, dans un royaume de Dieu qui est déjà parmi nous»

Ma devise épiscopale?
Spiritus Domini, gaudium et spes: «L’Esprit du Seigneur est notre joie et notre espérance». Cette devise explique mon intention de me consacrer en priorité à une activité pastorale. Gaudium et Spes est le titre de la Constitution pastorale de Vatican II sur l’Eglise dans le monde de ce temps. Cette activité sera orientée, a priori, sur une écoute aussi attentive que possible des espérances de notre monde actuel afin que nous puissions répondre, en Eglise, aux aspirations de l’Esprit Saint. L’Esprit est à l’œuvre dans le monde. Il nous revient à nous, évêque, prêtres et chrétiens, de le «manifester», de le mettre en pleine lumière.

Parce que j’y crois fermement, parce que j’y crois avec l’optimisme d’un candidat à la Résurrection, je parle d’espérance et de joie, dans un royaume de Dieu qui est déjà parmi nous. (cath.ch/arch/rz)

Rédaction cath.ch

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