L'ancien président de l'IOR Angelo Caloia condamné à 8 ans de prison

Le président du tribunal du Vatican, Giuseppe Pignatone, a donné lecture de la sentence condamnant Angelo Caloia (81 ans), ancien président de l’Institut des œuvres de religion (IOR), et Gabriele Liuzzo (93 ans), avocat, à 8 ans et 11 mois de prison pour blanchiment d’argent et détournement de fonds aggravé. Une amende de 12’500 euros a également été assignée aux accusés.

Le professeur Lamberto Liuzzo, a pour sa part été condamné à 5 ans et deux mois pour blanchiment d’argent et à payer une amende de 8’000 euros.

Les trois accusés ont été interdits à perpétuité de fonction publique au sein du Vatican. Le tribunal a également ordonné la confiscation des sommes déjà saisies sur les comptes courants des accusés, et a ordonné le paiement d’une compensation à l’IOR et à la Société de Gestion Immobilière de Rome (SGIR) d’environ 23 millions d’euros. Un verdict qui fera date dans l’histoire de la justice vaticane.

Verdict sans précédent au Vatican

Angelo Caloia a été le président de l’IOR de 1989 à 2009, tandis que Gabriele Liuzzo est un ancien avocat de la banque privée du Vatican. Ils sont accusés d’avoir détourné à leur profit, avec l’aide de son fils Lamberto Liuzzo, une partie des bénéfices de la vente d’immeubles ayant appartenu à l’IOR, rendus entre 2001 et 2008. C’est la première fois que le Vatican requiert de la prison ferme pour un délit financier.

Le tribunal a condamné Angelo Lacoia à huit ans de prison | © Vatican Media

La justice s’était déjà saisie de 25 millions d’euros d’avoir en 2014 dans des comptes de l’IOR et des comptes suisses. Cette somme va donc être confisquée. En tout, ils ont été condamné à la confiscation d’un montant total d’environ 38 millions d’euros. C’est moins que la première estimation du Saint-Siège, qui était de 57 millions, mais un nouveau procès pourrait avoir lieu pour estimer à nouveau ces sommes. De même, les peines infligées sont légèrement plus lourdes (de quelques mois) que celles demandées par le promoteur de justice Alessandro Diddi.

Les trois hommes acquittés dans certaines ventes

Les accusés n’ont pas été condamnés pour la vente de l’intégralité des 29 propriétés appartenant à l’IOR et vendues entre 2001 et 2008. Dans plusieurs cas en effet, soit par manque de preuve soit parce que le délit n’était pas avéré, les anciens dirigeants de l’IOR ont été acquittés. Ces immeubles sont principalement situés à Rome et à Milan, mais aussi à Gênes. 

Lors de cette 23e audience d’un procès débuté le 9 mai 2018 dernier, aucun des accusés n’était présent. Ils étaient tous représentés par leurs avocats. Les parties civiles était l’IOR, représenté par le directeur général Gianfranco Mammi et la SGIR, représentée par la même personne (elle est possédée à 100% par l’IOR), accompagné par ses avocats. 

Un procès «d’une complexité considérable»

L’audience a commencé par une introduction de cinq minutes. Au cours de celle-ci, le promoteur de justice Gian Piero Milano a salué un «procès très approfondi et mené scrupuleusement par tous» malgré la petitesse du «micro-système» vaticanesque. Il s’agit selon lui d’un «procès destiné à rester dans l’histoire». 

Le président du Tribunal Giuseppe Pignatone a lui aussi tenu à «remercier de manière non-formelle toutes les parties, tant publiques que privées» pour leur travail dans cette affaire «d’une complexité considérable».

Par un communiqué, l’avocat d’Angelo Caloia, maître Domenico Pulitanò, a annoncé qu’il faisait appel de la sentence du Saint-Siège. Il considère que la décision prise par la justice vaticane «s’inscrit dans un climat généralement défavorable à ceux qui se défendent» et insiste sur les nombreux acquittements. (cath.ch/imedia/cd/rz)

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