Le centre de dialogue interreligieux KAICIID va quitter Vienne

«Le Centre international du Roi Abdallah ben Abdelaziz pour le dialogue interreligieux et interculturel» (KAICIID) va quitter Vienne et déplacer son siège officiel hors d’Autriche. L’institution est considérée par certains comme un instrument de «soft-power» du régime saoudien.

Le KAICIID a été fondé en 2012 par l’Arabie saoudite, l’Espagne et l’Autriche. Le Saint-Siège y possède un statut d’observateur. Basé à Vienne depuis sa création, le Centre a annoncé le 5 mars 2021 le déplacement de son siège officiel hors d’Autriche, rapporte l’agence de presse catholique autrichienne kathpress. Le KAICIID a précisé que la décision avait été prise de façon unanime par le conseil de direction, composé de neuf représentants des plus grandes religions. «Des négociations sont en cours avec de nouveaux pays hôtes potentiels qui ont montré leur intérêt», a déclaré le directeur général Faisal Bin Muaammar. Au cours des derniers mois, le nom de Genève aurait été évoqué comme possible destination.

Fronde gouvernementale

Le ministre des Affaires étrangères autrichien, Alexander Schallenberg, a exprimé sa gratitude pour «la discussion de fond très positive qui existe entre toutes les parties contractantes» concernant ce, développement, également avec l’Arabie Saoudite. «L’Autriche restera un partenaire fiable» du KAICIID, a assuré le membre du gouvernement.

Le centre, qui porte le nom du roi saoudien Abdullah bin Abdulaziz (2005-2015) et qui est financé par Riyad, est pourtant depuis longtemps dans le collimateur des autorités autrichiennes. L’institution a été maintes fois critiquée, en Autriche, eu égard aux actions antidémocratiques du pouvoir saoudien, notamment la répression brutale contre les manifestants et les critiques du régime, ces dernières années. En été 2019, une majorité du Conseil national autrichien avait voté en faveur de la sortie du KAICIID d’Autriche, dans une résolution juridiquement non contraignante.

La nouvelle coalition arrivée au pouvoir à Vienne début 2020 avait en outre inscrit la réforme du Centre Abdullah à son programme de gouvernement. Les changements exigés impliquaient une promotion plus forte du dialogue interreligieux et interculturel, un lien renforcé avec les Nations unies et un élargissement de la base des membres. Si ces conditions n’étaient pas réalisées dans un délai d’un an, l’Autriche devait se retirer en tant que membre fondateur.

Le Vatican en soutien

Les responsables du KAICIID ont ainsi apparemment anticipé cette mesure en délaissant Vienne. Le Centre, qui passe aux yeux de beaucoup comme un instrument du «soft-power» saoudien, compte pourtant un certain nombre de défenseurs. Après la résolution parlementaire de 2019, le cardinal Miguel Angel Ayuso Guixot, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, a notamment soutenu que le KAICIID n’était aucunement le bras politique de l’Arabie saoudite. Il avait relevé les nombreuses actions positives réalisées dans le cadre des programmes du centre, notamment le fait que des milliers de personnes dans le monde aient été formées par ce biais au dialogue interreligieux et interculturel.

Les défenseurs du KAICIID le présentent comme une passerelle entre les cultures et un lieu de dialogue très utile. Le cardinal autrichien Christoph Schönborn avait également plaidé en faveur du maintien du centre en 2015. (cath.ch/kathpress/arch/rz)

Raphaël Zbinden

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