Comment les diocèses du monde ont-ils entamé leur chemin synodal?

Le 17 octobre 2021, les diocèses du monde étaient invités à lancer la première phase du Synode sur la synodalité, un événement inédit et universel qui doit durer jusqu’en mars 2022. L’agence I.MEDIA propose un tour du monde en neuf diocèses de ces «premiers pas» synodaux.

Diocèse de Ratisbonne (Allemagne): Renouveau ne veut pas dire s’adapter à l’air du temps

À Ratisbonne, en Bavière, Mgr Rudolf Voderholzer a ouvert le processus synodal par une mise en garde que rapporte le périodique allemand Die Tagespost: «Je n’ai jamais entendu dire que l’Église se soit renouvelée en s’adaptant aux exigences de l’esprit du temps présent».

L’évêque allemand, s’exprimant lors des Vêpres inaugurant le processus synodal, a plutôt insisté sur la nécessité de l’écoute de la Parole de Dieu et de l’Esprit saint, de la prière, et de la conversion au service des pauvres et des malades. Il a aussi rappelé dans son homélie qu’il ne fallait pas comprendre le synode dans son acception protestante. Le prélat, qui s’est distingué récemment par sa critique du chemin synodal allemand, a par ailleurs indiqué qu’une bonne démarche impliquait «l’évidence de la rencontre, de l’échange, de l’écoute mutuelle, du discernement de l’Esprit saint».

Diocèse de Novara (Italie): Un exercice d’harmonie

Pour Mgr Franco Giulio Brambilla, théologien influent au sein de la Conférence des évêques d’Italie (CEI) interrogé par le quotidien L’Avvenire, la synodalité signifie la recherche de «la bonne circularité entre Évangile et culture, entre Église et monde, entre annonce et territoire». Cette relation implique de combattre «l’égolâtrie moderne», insiste l’évêque de Novara. «Nous ne pouvons être que des témoins au pluriel, ou plutôt de manière chorale», mettant en garde contre les dégâts que produit la «voix désaccordée en dehors du chœur». Il a aussi souligné l’importance de cette phase diocésaine, qui «s’harmonise» en Italie avec le chemin synodal national ouvert par la CEI en juin dernier.

La cathédrale St-Florian de Varsovie | © Christoph Ulanski/Flickr/CC BY-NC 2.0

Archidiocèse de Varsovie (Pologne): Ouvert à tous, même aux LGBT

À Varsovie, le cardinal Kazimierz Nycz a célébré la messe de lancement du synode en la cathédrale Saint-Jean-Baptiste. Pendant la messe, rapporte le quotidien polonais Rzeczpospolita, l’assemblée s’est vue rappeler son baptême, sacrement qui unit le Peuple de Dieu et l’investit dans sa mission synodale. Interrogé par l’agence de presse polonaise PAP, Mgr Piotr Jarecki, son évêque auxiliaire, a insisté sur l’importance qu’il faut accorder, lors de ce synode, aux plus pauvres. Il a annoncé travailler sur ce point avec la Communauté Sant’Egidio. «Nous n’excluons personne», a-t-il insisté, ouvrant même la porte à la communauté LGBT. «Si les groupes LGBT expriment leur volonté de participer au synode, nous ne les exclurons pas. Laissez-les travailler sur ces sujets et envoyez-nous les résultats de leurs discussions», a-t-il déclaré.

Archidiocèse de Barcelone (Espagne): Du silence et de l’humilité

Pour le cardinal-archevêque de Barcelone, Mgr Juan José Omella, la démarche synodale implique de se mettre à l’écoute de Dieu, et «écouter Dieu demande beaucoup de silence et beaucoup d’humilité», rapporte le site Religion Digital. Lors de son homélie inaugurant le lancement du synode en Catalogne, il a rappelé que ce processus de «marche ensemble» est une opportunité pour tout le Peuple de Dieu. Il s’agit «de s’écouter les uns les autres» pour comprendre la volonté de Dieu, a-t-il insisté.

Archidiocèse de Vaduz (Liechtenstein): Pas besoin de synode!

Mgr Wolfgang Haas, l’archevêque de Vaduz (Liechtenstein), a tout simplement décidé de ne pas participer au grand processus synodal mondial. Il s’en explique sur le site son archidiocèse: «Je suis d’avis que dans notre petit archidiocèse, nous pouvons nous abstenir pour de bonnes raisons de mener à bien une procédure aussi complexe et parfois même compliquée, qui sous nos latitudes, court le risque de devenir idéologique». Il assure pour autant que les échanges sont déjà possibles dans son diocèse, et qu’il reste à l’écoute de ceux qui veulent s’exprimer.

Mgr Wolfgang Haas | © Archidiocèse de Vaduz

Diocèse de Pamiers (France): Faire face à la révélation de l’ampleur des abus

En Ariège, dans le diocèse de Pamiers, Couserans et Mirepoix, Mgr Jean-Marc Eychenne considère, dans un article publié sur le site du diocèse, que le synode est un «chemin de conversion communautaire» qui pourrait donner une réponse à la crise de la révélation des abus. Selon lui, c’est à la «lumière noire» du rapport Sauvé que l’Église peut trouver une issue et restaurer la confiance qu’elle a perdue. Il rappelle qu’une des causes de ces drames est «un très important déficit d’une capacité, commune et structurelle, à écouter la voix de chacun», en particulier des plus petits.

Diocèse de Santo André (Brésil): En finir avec une Église centralisée

Évêque de Santo André, Mgr Pedro Carlos Cipollini a publié un livre pour aider ses confrères brésiliens à comprendre le sens de la démarche synodale. Lui-même, explique-t-il dans la préface de l’ouvrage, l’a récemment expérimentée avec succès dans son diocèse. La synodalité, avance-t-il, est la voie à suivre pour lutter contre les progrès du sécularisme et de l’athéisme, et ramène chacun «aux origines» de l’Église. Il met en garde contre la stérilité «d’un modèle d’Église centralisé et universaliste» et enjoint à une «collaboration de tous».

Archidiocèse de Monterrey (Mexique): Une démarche ancrée dans l’Eucharistie

À Monterrey, au nord-est du Mexique, l’archevêque Mgr Rogelio Cabrera López a demandé à ce que tous «se disposent sérieusement à vivre la synodalité, en participant de manière consciente aux activités qui seront organisées». Il a souligné que la synodalité ne serait possible que dans la mesure où il y aura communion. «C’est seulement à partir de la force qui émane de l’Eucharistie que nous pourrons donner vie à ce chemin qui nous engage à la charité pour tous», a-t-il déclaré.

Archidiocèse de Madrid (Espagne): Un temps de grâce

Dans la cathédrale madrilène de l’Almuneda, le cardinal Carlos Osoro a expliqué que s’engager dans un chemin synodal équivalait à «collaborer à l’œuvre de Dieu dans l’histoire». Pour cela, l’archevêque de Madrid a demandé «la plus large écoute possible de tous», exhortant à méditer personnellement mais surtout à écouter les autres «à l’intérieur et à l’extérieur» de l’Église. «Ce travail synodal est aussi un temps de grâce, car c’est une occasion de rencontre, d’écoute et de réflexion», a-t-il insisté. (cath.ch/imedia/cd/rz)

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