La Grèce, ancienne terre de papes

Si l’Église catholique est aujourd’hui minoritaire en Grèce, berceau de l’orthodoxie, il n’en a pas toujours été ainsi. Alors que le pape François se rendra du 4 au 6 décembre 2021 sur la terre des philosophes et des patriarches, l’agence I.MEDIA revient sur l’époque où des papes grecs étaient évêques de Rome.

Anaclet (70-92)

On ne sait presque rien sur ce prêtre, qui a été, selon saint Irénée, le 3e évêque de Rome de l’histoire. Son nom – qui signifie «irréprochable» en grec, est la seule indication de sa probable origine grecque. Il aurait été consacré prêtre par saint Pierre en personne. La Tradition en fait aussi un martyr, et assure qu’il aurait été enterré à côté de la tombe de Pierre, sur la colline du Vatican.

Sixte Ier (115-125)

Encore une fois, c’est le nom du 6e successeur de Pierre qui indique son origine. Sixte viendrait du grec Xystus, qui signifie «ajusté». Si le Liber pontificalis indique qu’il est né à Rome, de nombreux historiens doutent de cette possibilité.

Hygin (136-140)

Hygin est considéré par l’historiographie officielle de l’Église catholique comme étant le 9e évêque de Rome. Cet Athénien, qui aurait étudié la philosophie – art grec par excellence à l’époque – aurait finalement découvert la foi avant d’accéder à la prêtrise. On estime qu’il a été élu évêque de Rome par sa communauté vers l’an 136. Son pontificat est véritablement structurant pour la jeune Église: en plus de s’opposer à la montée en force du courant gnostique en son sein, il organise le clergé, instaure les parrains et marraines de baptême et exige la consécration de toutes les églises. La tradition veut qu’il soit mort martyr, bien qu’aucune preuve n’existe à ce sujet.

Éleuthère (175-189)

Originaire de Nicolopis d’Épire, il devient diacre sous le pontificat d’Anicet, puis se voit confier lui aussi le trône de Pierre en 175. Il dirige l’Église à Rome sous les règnes de Marc-Aurèle puis de Commode. Le premier persécuta férocement la population chrétienne. Une tradition erronée attribue à Eleuthère les premiers échanges de l’Église avec les habitants de Grande-Bretagne. Il meurt de vieillesse en 189.

Antère (235-236)

Le Liber pontificalis affirme qu’Antère était grec. On ne sait rien de sa vie avant qu’il n’accède au pontificat le 21 novembre 235. Sa nomination survient après l’abdication du pape Pontien, envoyé dans les mines de sel de Sardaigne par l’empereur Maximin. Il s’attelle alors à la création d’un Scrinium, lieu où sont recueillis les actes et reliques des martyrs, considéré comme l’ancêtre de la Bibliothèque vaticane. Son pontificat ne durera qu’à peine six semaines: le 3 janvier, il est aussi tué par Maximin. Il est inhumé dans la crypte des papes de la catacombe de Saint-Calixte à Rome.

Sixte II (257-258)

Premier pape à porter un nom déjà utilisé, Sixte II serait d’origine grecque. Élu en 257 sur le trône de Pierre, il doit s’occuper de problèmes internes, notamment une crise sur le baptême des apostats. Mais les persécutions, qui reprennent sous le règne de l’empereur Valérien, écourtent sa mission. En 258, il est contraint de célébrer le culte impérial, mais se réfugie dans une catacombe, où les célébrations sont interdites par un édit impérial. Découvert par des soldats, il est mis à mort. Il est inhumé non loin de saint Antère, dans la catacombe de Saint-Calixte.

Denys (259-268)

Dyonisus ou Denys serait originaire de la Grande Grèce, expression employée par les Grecs pour parler des colonies installées sur la côte de l’Italie du Sud, notamment la Sicile, la Calabre et les Pouilles. Malgré la conquête romaine, les communautés grecques restèrent sur place – et ce parfois jusqu’à aujourd’hui. Après une vacance d’un an du trône de Pierre résultant du martyre de Sixte II, il est élu évêque de Rome en 259. Sa nomination devance d’un an l’avènement de l’empereur Gallien, qui arrête les persécutions. Denys aura la charge, jusqu’à sa mort naturelle en 268 – une rareté pour un pape à l’époque – de réorganiser une Église largement désorganisée par des années de persécutions.

Zozime (678-681)

Un autre pape d’origine grecque est Zozime. Venant de Grande Grèce, il avait pour père un certain Abram – et était donc potentiellement un membre de la diaspora juive. On ne sait rien de plus sur lui, sinon qu’il est consacré évêque de Rome en 417. Son pontificat de deux ans l’oblige à prendre en compte la montée d’une hérésie prêchée par un certain Pélage (le pélagianisme) prônant un libre arbitre total aux dépens de la grâce. Après avoir pris le temps d’évaluer ses idées lors du concile de Carthage, il prononce sa condamnation.

Jean VI (701-705)

Ce natif d’Éphèse (Turquie actuelle) est élu en 701 sur le trône de Pierre. Sa mission s’inscrit dans une période de tension entre Rome et le pouvoir byzantin. Homme de paix et de rapprochement entre l’Occident et l’Orient, il doit aussi gérer les incursions lombardes qui menace son diocèse. Il meurt en 705.

Jean VII (705-707)

Natif de Rossano en Calabre, Jean VII est fils d’un «Platon» et d’une «Blatta». Il appartiendrait à une famille byzantine installée en Italie. Son règne marque la fin des tensions avec l’empereur, auquel il fait formellement allégeance. Mais le pontife s’aliène ainsi l’opinion romaine. Son pontificat ne dure pas: il meurt au bout de deux ans seulement. (cath.ch/imedia/cd/rz)

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