«De fait, il y aurait assez de nourriture pour tout le monde»

Quelles sont les principales causes de la faim dans le monde, de quelle façon peut-on y remédier? A l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation, le 16 octobre, Christa Suter, spécialiste des systèmes alimentaires et responsable du programme d’Action de Carême au Kenya, donne des éléments de réponse.

Bien que chaque région ait ses spécificités, les causes de la faim sont souvent les mêmes, souligne Christa Suter dans une interview publiée par Action de Carême le 16 octobre. Les changements climatiques affectent l’agriculture dans le monde entier et réduisent les récoltes. Des facteurs politiques et économiques viennent souvent s’y ajouter. Les prix de l’énergie et des denrées alimentaires ont également explosé dans certains pays, et de nombreuses populations ne peuvent plus subvenir à leurs besoins.

Alors que la faim a progressivement reculé depuis l’an 2000, l’on assiste depuis 2015 à une stagnation des progrès, voire à une nouvelle aggravation de la faim pendant la pandémie de Covid-19, avertit la responsable de programme de l’œuvre d’entraide catholique suisse. «Les succès sont ponctuels, mais la situation de la faim dans de nombreux pays est toujours très préoccupante et personne n’est à l’abri.»

Le secours de l’agroécologie

Cela alors que la terre a les capacités de produire assez de nourriture pour tout le monde. «C’est surtout la répartition qui est injuste, tant entre le Sud et le Nord qu’à l’intérieur même des pays», note Christa Suter. «La lutte contre la faim est davantage une question éthique. Il faudrait plutôt se demander si la communauté internationale est prête à remédier à cette situation injuste», interroge-t-elle.

La responsable de programme au Kenya relève que plus les gens produisent eux-mêmes leurs aliments, plus ils sont indépendants des prix élevés du marché. Dans ce pays, Action de Carême donne aux agricultrices et agriculteurs les moyens d’établir des systèmes alimentaires locaux, indépendants et plus résistants à la sécheresse et respectueux de l’environnement, selon les principes de l’agroécologie.

Un aspect important est la mise en réseau des agricultrices et agriculteurs. Dans les projets de l’œuvre d’entraide au Kenya, 545 groupes de solidarité se sont déjà créés, qui réunissent un total plus de 10’000 membres, dont trois quarts sont des femmes. Grâce à l’agroécologie, les familles paysannes parviennent à produire suffisamment d’aliments sains et à renforcer ainsi leur résistance aux changements climatiques, notamment la sécheresse, assure Christa Suter. (cath.ch/com/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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