En créant 21 cardinaux le 30 septembre dernier, le pape François a confié à chacun d’eux un parchemin roulé contenant leur «titre cardinalice», c’est-à-dire le nom d’une église à Rome qui leur est attribuée. Le cardinal François-Xavier Bustillo, évêque d’Ajaccio, a hérité de Santa Maria di Lourdes a Boccea, et le cardinal Christophe Pierre, nonce apostolique à Washington, a été affecté à San Benedetto fuori Porta San Paolo.
Comme de coutume, les cardinaux doivent ensuite «prendre possession» de ces églises, lors d’une célébration où la communauté catholique locale les accueille. S’ils sont appelés à cultiver un lien particulier avec leur église de rattachement, ils n’ont cependant aucun pouvoir de gouvernement, et n’interviennent pas dans l’administration des biens ni la discipline, précise le Code de droit canonique, qui régit la vie de l’Église catholique.
Leur paroisse romaine sert surtout à signifier le lien historique des cardinaux avec le pape, évêque de Rome. Autrefois, le mot latin ‘cardo, cardinis› (‘pivot’ ou ‘gond’) était en effet donné aux membres du clergé romain qui, occupant un poste fixe, participaient à la nomination du pape et servaient en quelque sorte de pivot à la vie de leur diocèse.
À ces cardinaux prêtres et diacres romains, s’adjoignirent au XIe siècle les évêques des sept diocèses entourant Rome – appelés «suburbicaires». Ils prirent alors le titre de cardinaux-évêques. Aujourd’hui encore, on distingue les trois ordres de cardinaux-diacres, cardinaux-prêtres et cardinaux-évêques, des titres honorifiques qui établissent entre eux un ordre de préséance.
Le pape, lorsqu’il crée un cardinal, le nomme toujours titulaire soit de l’un des diocèses de la périphérie de Rome, soit de l’une des églises de Rome. Traditionnellement, le «doyen» des cardinaux, qui a pour charge de présider le collège, d’annoncer la mort du pape, et d’organiser le conclave, est élu parmi les cardinaux-évêques et reçoit le titre du diocèse d’Ostie.
Les autres peuvent se voir attribuer des églises prestigieuses, comme Sainte-Agnès en Agone, sur la place Navone – confiée au cardinal allemand Gerhard Ludwig Müller –, ou encore la fameuse église du Gesù, titre détenu par le cardinal italien Gianfranco Ghirlanda.
À ce jour, les titres français sont déjà occupés par deux cardinaux de l’Hexagone: Saint-Louis-des-Français a été confiée au cardinal André Vingt-Trois et la Trinité des Monts au cardinal Philippe Barbarin. Les autres cardinaux français ont également leur église dans le cœur historique de la Ville éternelle. Le cardinal Jean-Marc Aveline est titulaire de Santa Maria ai Monti; le cardinal Dominique Mamberti de Santo Spirito in Sassia; le cardinal Jean-Pierre Ricard de Sant’Agostino ; et le cardinal Paul Poupard de Santa Prassede.
Tous ces édifices portent sur leur façade le blason du cardinal qui leur est rattaché. En pratique, peu d’entre eux rendent visite à leur église romaine, si ce n’est lors de leur prise de possession, ou encore lors d’un conclave, un moment où tous les cardinaux électeurs affluent vers Rome. (cath.ch/imedia/ak/bh)
I.MEDIA
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/rome-deux-cardinaux-francais-prennent-possession-dune-eglise/