La COP30 se déroulera au chevet de l’Amazonie

La COP30 se déroule du 10 au 21 novembre 2025 à Belém, au Brésil. Un symbole puisque cette ville est située dans la forêt amazonienne, le «poumon vert de la terre». Les projecteurs seront braqués sur cette région vitale pour la planète, alors que la déforestation menace son équilibre et favorise le dérèglement climatique à l’échelle mondiale.

Avec Vatican News

Alors même que la crise climatique s’aggrave – 2024 ayant été confirmée comme l’année la plus chaude jamais enregistrée, dépassant pour la première fois le seuil de 1,5 degré – la COP30 (La 30e Conférence des Nations Unies sur le climat de 2025 – voir encadré) doit réaffirmer la détermination des parties à travailler ensemble et à faire progresser l’action climatique au niveau mondial.

« À Belém, Action de Carême suivra de près l’un des enjeux majeurs de la COP30 », communique l’oeuvre d’entraide. Les contributions déterminées au niveau national (NDC), qui précisent la part d’effort de chaque pays pour contenir le réchauffement à 1,5 °C. Tous les États auraient dû soumettre leurs plans avant septembre, ponte Action de carême, mais beaucoup – parmi eux de grands émetteurs comme la Chine, l’Inde ou l’Union européenne – ne l’ont toujours pas fait. «Même les plans remis dans les délais, y compris celui de la Suisse, demeurent trop peu ambitieux. Pris dans leur ensemble, ils ne permettront pas de réduire les émissions dans le temps imparti», explique David Knecht, co-responsable du programme Justice climatique chez Action de Carême. «À la COP30, les pays doivent enfin s’accorder sur un plan clair pour renforcer leurs engagements et combler les lacunes actuelles.»

«Point de non-retour»

L’Amazonie (voir encadré), où vivent 34 millions de personnes, abrite des centaines de milliers d’espèces dont une majorité est encore inconnue et/ou non répertoriée. Elle est aujourd’hui menacée. Dix ans après Laudato si’ et cinq ans après la publication de Querida Amazonia, l’exhortation apostolique publiée par le pape François à l’issue du synode sur l’Amazonie, la forêt amazonienne ne cesse de se rapprocher du «point de non-retour». Un seuil à partir duquel les effets de la déforestation et du réchauffement climatique seront irréversibles. «C’est déjà le cas dans le sud du bassin amazonien», explique à Vatican news Jhan-Carlo Espinoza*, chercheur franco-péruvien à l’Institut de recherche pour le développement (IRD).

«La forêt du sud, de l’Amazonie bolivienne par exemple, connait des sécheresses de plus en plus intenses et de plus en plus longues, et commence à ressembler à la savane du Cerrado au Brésil» déplore-t-il, tout en rappelant que des records de sécheresse y ont été battus en 2023 et en 2024. À cela s’ajoute une intensification du cycle hydrologique, avec des crues extrêmes et des inondations majeures au nord de bassin amazonien. Un constat corroboré par l’analyse du WWF (World Wide Fund for Nature).

Une déforestation qui menace la planète

L’ONG estime en effet que des millions d’arbres sont abattus ou brûlés chaque année pour laisser place à de vastes zones de culture et de pâturage. Les nouveaux pâturages occupent 80% des zones déboisées en Amazonie. Entre 2004 et 2017, l’Amazonie brésilienne a perdu 15,4% de son couvert forestier. Les feux déclenchés volontairement pour enrichir les sols et délimiter les champs, gagnent souvent les forêts à proximité et l’érosion provoquée par le ruissellement des sols mis à nu, altère la qualité des rivières et de leurs écosystèmes aquatiques. La déforestation, causée notamment par l’exploitation minière illégale de l’or et l’élevage, contribue également au changement climatique, libérant des millions de tonnes de carbone dans l’atmosphère chaque année.

Si la date de ce «point de non-retour» est compliquée à évaluer, les scientifiques ont établi les seuils à ne pas dépasser. En matière de déforestation, il serait de 40%, mais «17 à 20% de la forêt amazonienne a déjà été déboisés, soit l’équivalent de la taille combinée du territoire de la France et de l’Allemagne», précise Jhan-Carlo Espinoza. Sans oublier les 17% additionnels de forêts qui ont été dégradés par l’intervention humaine. En ce qui concerne le réchauffement climatique, les deux dernières décennies ont été les plus chaudes jamais enregistrées depuis le siècle dernier.

Les attentes à l’approche de la COP 30

Parmi les premières actions-clés proposées pour éviter «le point de non-retour»: la mise en place de politiques nationales pour tendre vers une «déforestation zéro». Le chercheur franco-péruvien rappelle toutefois que le déboisement de la forêt amazonienne répond à un marché global, notamment à celui du soja et de l’or, qui n’est pas exclusivement de la responsabilité des pays amazoniens.  

Les scientifiques appellent également à s’opposer aux projets de barrages ou autres infrastructures qui viennent perturber la connectivité entre les forêts et les rivières amazoniennes, et les Andes. «L’Amazonie commence dans les Andes, à plus de 5’000 mètres d’altitude, et c’est de là que viennent la plupart des sédiments qui sont clés pour nourrir la biodiversité amazonienne», explique Jhan-Carlo Espinoza. Il préconise enfin de garantir la protection des territoires autochtones et de leurs habitants, dont les actions sont cruciales pour «maintenir l’équilibre climatique entre la forêt et l’atmosphère».

Des délégations absentes au rendez-vous

Comme chaque année, de nombreux chefs d’État et de gouvernement de ces différents pays doivent faire le déplacement jusqu’au Brésil. Les dirigeants sont attendus les 6 et 7 novembre pour le sommet de haut-niveau. Albert Rösti, chef du département de l’Énergie et des Transports, représentera la Suisse à Belèm, a récemment confirmé la Confédération. Le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz et le Premier ministre britannique Keir Starmer seront présents, selon les informations communiquées par ces pays à l’AFP.

Peu d’autres dirigeants – parmi eux ceux de la Colombie ou de l’Afrique du Sud – ont en revanche confirmé leur présence à ce jour, nombre d’entre eux hésitant encore dans un contexte de fortes turbulences géopolitiques et économiques, explique le site touteleurope.eu. Côté européen, le président autrichien et le Premier ministre belge ont déjà renoncé à se rendre sur place. Mais c’est surtout l’absence annoncée des États-Unis de Donald Trump, déjà absents de la Conférence des Nations unies sur l’océan, tenue à Nice en juin dernier, qui retient l’attention.

Un sommet trop cher

La flambée des prix autour du site de la COP compromet la venue de nombreuses ONG et délégations de pays modestes, menaçant de reléguer les enjeux de fond au second plan. Plusieurs États, dont la Gambie, le Cap-Vert ou encore le Japon, ont déjà annoncé qu’ils réduiraient probablement la taille de leurs délégations. Malgré ces difficultés, le Brésil a résisté aux appels à déplacer l’événement et a prévu d’affréter des bateaux de croisière pour pallier le manque de logements.

Face à un enthousiasme limité pour de nouveaux engagements ambitieux, les Brésiliens ont choisi de concentrer leurs efforts sur la mise en œuvre concrète des mesures déjà décidées. La présidence brésilienne souhaite avant tout démontrer que la coopération internationale reste possible, dans un contexte difficile: tensions commerciales croissantes, montée des mouvements climatosceptiques et retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris.

Durant son discours à l’ONU en septembre dernier, Donald Trump avait qualifié le changement climatique de « plus grande arnaque » jamais menée dans le monde. « Toute cette idée mondialiste qui demande à des pays industrialisés de se nuire à eux-mêmes et de bouleverser leurs sociétés doit être rejetée », avait-il ajouté. (cath.ch/bh/vatnews/ag)

*Jhan-Carlo Espinoza est membre du «Science Panel for the Amazon», une initiative scientifique lancée en 2019 qui regroupe près de 300 chercheurs travaillant à la synthétisation des connaissances scientifiques sur l’Amazonie mais aussi des solutions pour sa conservation.

L’Amazonie
L’Amazonie est une vaste région située en Amérique du Sud et traversée par le fleuve le plus important du monde en débit et le deuxième en longueur, l’Amazone. La forêt tropicale brésilienne s’étend des hauteurs andines du Pérou et de la Bolivie au Brésil, à l’Équateur, à la Colombie, au Venezuela, au Guyana, au Suriname et à la Guyane française. Cette région abrite 10% de la biodiversité mondiale et le plus grand bassin versant de la planète, ce territoire accueille 34 millions de personnes vivant encore en grande majorité des services rendus par une nature exceptionnelle. L’Amazonie héberge une grande biodiversité: notamment 40’000 espèces de plantes, 3’000 espèces de poissons d’eau douce et plus de 370 de reptiles, soit une espèce sur dix connues sur Terre. À cette biodiversité s’ajoutent les 550 millions d’hectares de forêts denses, le tiers des forêts tropicales humides restantes de la planète et 6’600 km de rivières sinueuses. BH

La COP
La 30e session de la Conférence des parties (COP) s’inscrit dans la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CNUCC). Ce texte a été adopté à l’occasion du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro, en 1992, afin de lutter contre le changement climatique au niveau mondial. Il s’applique depuis 1994. Lors des COP, les pays négocient des accords internationaux et veillent au respect des engagements pris par les États en matière de climat. Elles permettent d’évaluer les mesures mises en place et les progrès accomplis par les parties. BH

Bernard Hallet

Portail catholique suisse

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