Pape à Malte: «l'hypocrisie peut s'insinuer dans la religiosité»

«Le ver de l’hypocrisie et l’envie de montrer du doigt peuvent s’insinuer dans notre religiosité», a averti le pape François, lors de l’unique messe célébrée durant son séjour à Malte, dans l’agglomération de La Valette, le 3 avril 2022.

La foule, estimée à 20’000 personnes, était représentative de la diversité de la société maltaise. Des visages philippins ou indiens, des familles, des retraités, de nombreux laïcs engagés dans le service et une impressionnante procession de 200 prêtres concélébrant pour cette messe autour du successeur de Pierre: cette eucharistie organisée sur la place des Greniers, à Floriana, a été l’occasion de montrer la force de l’Église catholique à Malte, pays où malgré un certain détachement de la pratique religieuse, la popularité du pape demeure très élevée.

«Les gens sont venus ici pour toucher le pape, car ainsi ils ont l’impression de toucher Jésus», explique Mark Laurence Zammit, journaliste du Times of Malta, le principal quotidien indépendant dans ce pays.

Un peuple de Dieu, nombreux et vivant

En commentant l’Évangile du jour qui évoque l’enseignement de Jésus au Temple, le pape, dans son homélie, a souligné «le flair du peuple de Dieu qui ne se contente pas du temple de pierres, mais qui se rassemble autour de la personne de Jésus».

«On entrevoit dans ce passage le peuple des croyants de tout temps, le peuple saint de Dieu qui, ici à Malte, est nombreux et vivant», s’est réjoui le pontife de 85 ans, en saluant une population «fidèle dans la recherche du Seigneur, attachée à une foi concrète et vécue».

«Certains ne reconnaissant pas Jésus»

Cependant, en évoquant le passage de l’Évangile de la femme adultère, le pape François a dénoncé l’hypocrisie des «personnes cultivées et religieuses qui apparaissent comme des experts de Dieu mais ne reconnaissent pas Jésus et le considèrent même comme un ennemi à éliminer».

L’évêque de Rome a dénoncé «ceux qui font de la foi une façade, chez qui ressort l’extériorité solennelle mais qui manquent de la pauvreté intérieure, le trésor le plus précieux de l’homme». Il a demandé aux fidèles maltais de garder conscience de la miséricorde de Dieu, qui «laisse toujours une possibilité ouverte et sait trouver à chaque fois des voies de libération et de Salut». 

«Il n’y a pas de péché ni d’échec qui, lorsqu’on le Lui apporte, ne puisse devenir une occasion pour commencer une vie nouvelle, différente, sous le signe de la miséricorde», a martelé François.

Une messe en maltais, en latin et en italien

«Nous espérons que les paroles du pape infuseront dans les coeurs », confient George et Angela Xuereb, des retraités qui ont assisté à la messe avec émotion. Ces laïcs très investis dans la solidarité espèrent que cette visite du pape à Malte permettra d’impulser une «nouvelle évangélisation» dont leur île leur semble avoir besoin, malgré des statistiques encore enviables par rapport à d’autres pays européens.

Cette messe a été célébrée en maltais, en latin et en italien. Le pape a ensuite rejoint la nonciature apostolique, avant de se rendre en fin d’après-midi dans un centre pour migrants, dernière étape de son voyage de deux jours à Malte. (cath.ch/imedia/cv/gr)