Cinq ans d’épiscopat: Mgr Lovey résolument missionnaire

Cinq ans après son installation comme évêque de Sion, Mgr Jean-Marie Lovey a reçu la presse, le 27 septembre 2019, à l’évêché, pour dresser un premier bilan de son épiscopat. Dans le contexte difficile que traverse l’Eglise, il oriente la suite de son ministère vers l’annonce du Christ et continuera de travailler dans la proximité des gens.

«On ne peut plus assumer une présence sacerdotale dans chaque paroisse», a lancé Mgr Jean-Marie Lovey à la quinzaine de journalistes présents à l’évêché. Les vocations sont en chute libre et pour cette raison il a fait part de son ›souci missionnaire global’, notamment concernant les baptisés. «La mission est l’affaire de tous, il s’agit de faire prendre conscience à chaque baptisé de son rôle, sa responsabilité dans l’annonce de l’Evangile», a jouté l’évêque de Sion.

La mission demeure

En clair l’apostolat des laïcs devient une des priorités de Mgr Lovey dans les mois à venir et il entend bien mettre les moyens pédagogiques au service de cette annonce. Et si l’Eglise n’a plus pignon sur rue comme autrefois, si elle ne rythme plus la vie quotidienne, la mission demeure, «le Christ est pour tous et nous avons à le faire connaître». L’évêque a entre autres évoqué la deuxième volée de la formation d’adultes en Eglise: le Parcours Théodule, la prise en compte des attentes, des charismes et la disponibilité des jeunes. Il a a rappelé également le travail du Service diocésain de la jeunesse (SDJ) sur la suite à donner à l’exhortation apostolique Christus vivit du pape François, qui a suivi le Pré-synode et le Synode des jeunes de 2018.

L’évêque de Sion a doublé son intention missionnaire d’une mise en garde au sujet de la montée des extrémismes, du repli sur soi et du bétonnage communautaire. Citant Evangelii Gaudium, il a pointé la culture du déchet, la désespérance, la violence et n’a pas fait l’impasse sur le scandale des abus qui minent l’Eglise depuis des années.

Accompagnement

Autre axe défendu par Mgr Lovey: le soin de la communauté qu’il situe dans l’accompagnement des prêtres âgés, le catéchuménat, l’accompagnement des équipes pastorales et la pastorale du tourisme, pour l’instant en gestation . Il entend également poursuivre la sensibilisation et la formation dans le cadre de la prévention des abus en Eglise.

Interrogé sur son état d’esprit après cinq ans à la tête du diocèse, il a reconnu que la tâche a été moins difficile qu’il ne l’avait craint, citant dans la foulée le travail accompli par l’ensemble des collaborateurs. Par son action depuis cinq ans, Mgr Lovey se situe dans la droite ligne du pape François. «Je n’imite pas le pape mais j’ai été bouleversé par l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium«. Il en d’ailleurs fait sa devise épiscopale.

Jean-Marie Lovey a été ordonné évêque de Sion le 28 septembre 2014. | © Pierre Pistoletti

Un évêque des chemins communaux

Lui rendant un bref hommage à la fin de la rencontre, l’abbé Pierre-Yves Maillard, vicaire général du diocèse, a évoqué «un évêque de chemins communaux, proche et à l’écoute des gens». De fait, l’évêque de Sion a opté pour un ministère de proximité qu’il a concrétisé par ses visites pastorales dans l’ensemble des secteurs où il a rencontré tous les agents pastoraux du diocèse.

Il a rapidement évoqué sa présence aux confirmations, auprès des malades, la création du service diocésain de la diaconie et les sessions pastorales «des pasteurs selon mon cœur» dédiées aux agents pastoraux, prêtres et laïcs. Il y eut le pèlerinage à Rome à l’occasion de l’Année sainte de la miséricorde.

«Dieu a besoin de nos fragilités, de celles de l’Eglise, qui, croyez-moi, ne sont pas un drame absolu.»

Pierre-Yves Maillard a loué la capacité de son évêque à faire confiance aux équipes en place, comme ce fut le cas pour l’organisation de la confirmation rassemblant 10’000 personnes au Centre des Expositions et de Réunions de Martigny (CERM), à cette occasion.

«J’ai accepté ce ministère avec la conviction que l’Esprit-Saint est à l’œuvre et que mon ministère ne dépend pas de mes seules capacités, a confié l’évêque. Dieu a besoin de nos fragilités, de celles de l’Eglise, qui, croyez-moi ne sont pas un drame absolu, de sorte que nous lui laissons une place dans notre action». (cath.ch/bh)


Formation continue pour cinq ans d’épiscopat

Après cinq ans d’épiscopat, l’évêque de Sion a été invité par le Vatican pour deux semaines comprenant formation continue et retraite spirituelle. Il a livré quelques anecdotes à cath.ch sur ces 15 jours «qui ne furent pas des vacances».

L’évêque de Sion a vécu, avec une trentaine de ses homologues, deux semaines de relecture de son ministère et de retraite plutôt denses. Ce stage a débuté par une formation de cinq jours à Ariccia, près de Rome. «L’ancien archevêque de Breccia nous donnait quotidiennement et en italien un thème de travail assorti d’une feuille A4 de questions en lien avec le ministère». Les évêques, dont plus de la moitié venaient d’Amérique centrale et latine, ont planché sur des sujets tels que la communion fraternelle avec leurs collaborateurs ou la collégialité au sein de leur conférence épiscopale. Les réponses synthétisées étaient ensuite débattues en groupes de travail l’après-midi.

«Je me suis senti ré-interpelé»

«J’ai retrouvé, au terme de ces cinq jours d’échanges et de confrontations, des similitudes sur les épreuves et les misères de l’épiscopat». Un réconfort pour Mgr Lovey de constater que, sous toutes les latitudes, les difficultés sont les mêmes pour les évêques. L’évêque de Sion a en revanche été frappé par le fossé qui le sépare de ses confrères du Brésil, du Mexique, du Venezuela ou de la Colombie. Notamment au sujet de la violence, de la misère et de la pauvreté. «Pour eux, la priorité consiste à apaiser la violence qui règne dans leur diocèse et à s’assurer que les plus pauvres auront à manger. Nous ne vivons pas dans le même monde!»

Mgr Jean-Marie Lovey, avec le pape et des confrères lors du repas de clôture des deux semaines de ‘formation continue’ en Italie. | DR

Et l’évêque de Sion de se remémorer les propos du pape qui demandait aux nouveaux évêques de ne pas oublier le souci de toutes les Eglises et la collégialité épiscopale. «Je me suis senti ré-interpelé à l’occasion de ces quelques jours».

Mgr Lovey et ses confrères sont ensuite partis s’isoler huit jours en pleine forêt, près d’Arezzo, en Toscane, pour vivre une retraite ignacienne. Ils ont été accompagnés par cinq Pères jésuites. Un programme soutenu a marqué cette deuxième semaine. Trois interventions quotidiennes des jésuites sur des thèmes comme le discernement, les grands aspects de la vie sacerdotale ou encore l’identité du Christ, ont rythmé ce deuxième temps fort. «Nous avons vécu dans le silence total. Le programme fut presque ›avalencheux’». Les célébrations et les vêpres ont été vécues en commun, ainsi que les trois quarts d’heure d’adoration quotidienne.

Une rencontre avec le cardinal Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques, et un repas partagé avec le pape ont clos ces deux semaines romaines. (cath.ch/bh)

Bernard Hallet

Portail catholique suisse

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