Aimer, c’est tout donner: «Une magnifique expérience», selon Sr Anne-Véronique

Une «magnifique expérience», c’est ce qu’a vécu Sœur Anne-Véronique Rossi, de retour des Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) à Cracovie, où elle a distribué l’ouvrage «Aimer, c’est tout donner».

La religieuse ursuline fribourgeoise s’est beaucoup investie aux côtés de Daniel Pittet, cheville ouvrière de cet ouvrage sur la vie religieuse en Suisse romande, devenu un véritable bestseller au plan mondial grâce au pape François.

Sœur Anne-Véronique livre son témoignage sur son passage aux JMJ. «La demande de la direction des JMJ avait été d’envoyer les livres dans les diocèses de Pologne pour les catéchèses qui précédaient les journées de Cracovie. Nous avions reçu la liste des 41 diocèses qui s’étaient inscrits pour recevoir des jeunes, avec le nombre d’inscrits dans chaque langue. De plus, nous étions mandatés pour distribuer le livre à Blonia, lieu de rassemblement des 4 premiers jours, et au Sanctuaire St-Jean-Paul II, où tous les pèlerins passaient durant la semaine. Après des mois de négociation, la direction des JMJ avait obtenu l’exonération de la TVA pour le transport des livres, tous adressés à l’archevêché de Cracovie».

Un million de livres en 12 langues

«C’est ainsi que nous avons préparé un million de livres pour la Pologne: environ 550’000 pour les diocèses et 450’000 pour Cracovie, le tout en 12 langues. Le travail de logistique, d’envoi, de transport a été magistralement mené par l’équipe de Schumacher SA (entreprise basée  à Schmitten, dans le canton de Fribourg, ndlr), notre relieur».

Le logisticien de Schumacher SA s’est même rendu deux fois sur place avant les JMJ pour régler les affaires avec le transporteur polonais. «De notre côté, nous continuions notre campagne de récolte d’argent et nous faisions les préparatifs pour l’équipe de 45 personnes qui allaient partir pour distribuer le livre: réservation de logement, organisation du transport, répartition des tâches et des lieux, lien avec la direction des JMJ».

Le pape François a suivi le processus

«Et très régulièrement, nous avions des appels du Vatican pour nous demander comment se passaient les affaires, et où nous en étions. Le pape François, via ses plus proches collaborateurs, a vraiment suivi tout le processus et a donné son coup de pouce dans les voies sans issue».

«Personnellement, je suis partie pour Cracovie le 20 juillet afin de tout mettre en place avant l’arrivée du groupe, prévue le lundi 25 juillet. Les tracas ne m’ont pas manqué: problème de matériel de transport, controverse sur le lieu de notre distribution, perte de nos cartes d’identification, etc. Finalement, tout a trouvé une solution et j’étais prête pour accueillir nos collaboratrices et collaborateurs: des religieuses, des religieux, des laïcs, des jeunes, des moins jeunes, des croyants, des chercheurs de Dieu. Tout ce petit monde s’est rassemblé pour une eucharistie à l’hôtel afin d’être envoyé en mission, une mission de joie et de service. Chacune et chacun était appelé à diffuser le message de la joie de l’Evangile, de la joie de la Vie consacrée, avec tout son être, toute sa force, tout son enthousiasme, selon ce que l’Esprit lui dirait. Pas de consigne précise pour distribuer, si ce n’est suivre la voix de l’Esprit en soi».

«La paix est possible»

Notre distribution, en costume avec T-shirt et casquette orange, a commencé le mardi matin, selon l’horaire donné. Il a fallu trouver ses marques, se laisser bousculer, déplacer par intérieurement par les rencontres, les événements imprévus, les passages à grands flots et les temps plus morts. Nous avons dû apprendre à gérer l’affluence, à nous organiser, à reconnaître peu à peu d’où venaient les jeunes afin de leur tendre la bonne langue du livre. Au sanctuaire St-Jean-Paul II, nous avons fait l’erreur de ne mettre que des livres en polonais, pensant que les jeunes Polonais passeraient tous par là».

Mais en fait, les Polonais ont laissé les jeunes des autres pays aller au sanctuaire, eux-mêmes pouvaient y aller à un autre moment. «De ce fait, nous avons peu distribué en ce lieu mais fait de belles rencontres avec des jeunes de partout. Pour ma part, j’ai été très touchée par l’échange avec une novice syrienne, qui doit faire son noviciat au Liban, car sa communauté a été chassée de Damas et Alep. Tous les Syriens portaient un T-shirt blanc sur lequel était écrit en noir : Peace is possible (la paix est possible)».

La parabole du semeur

A Blonia, un immense espace vert près du centre de Cracovie, plus les jours et les heures avançaient, plus la foule affluait. «Le mardi soir, après la messe d’ouverture présidée par le cardinal Dziwisz, je suis montée sur le podium avec 4 autres religieuses et religieux pour présenter le livre à l’assemblée. Durant tous ces jours, nous avons souvent pensé à la parabole du semeur. Nous donnions, ne sachant pas si la terre de réception ferait porter du fruit au message. Parfois, nous retrouvions des livres sur la rue, nous les reprenions pour les redonner, faisant confiance à l’Esprit qui guide les cœurs. Notre mission était de ‘tout donner’, par amour. Nous avons aussi accueilli beaucoup de reconnaissance, de mercis, de questions, de partages de vie que nous portions dans la prière. De jeunes Roumains qui prenaient les livres pour leurs compatriotes qui n’avaient pas pu venir, des jeunes issus de pays en guerre ou sous régime dictatorial qui étaient là, officiellement en touristes, mais en réalité plus pèlerins que tous les autres».

«Le dernier jour, le vendredi a été une journée magnifique. Nous étions tous à Blonia pour distribuer le livre après le chemin de croix si bien animé et si bien commenté par le pape François. La foule était immense, plus d’un million de personnes. Nous étions rodés et nous avons très largement répandu le message de la joie de la Vie consacrée à des jeunes joyeux, sobres, enthousiasmes sans hystérie, aimables et rayonnants».

Au son du cor des Alpes

«Le samedi soir, puisque nous avions décidé de ne pas nous rendre sur la plaine de la veillée, car elle était trop éloignée pour le transport des livres, nous avons vécu une eucharistie de fin de mission à l’hôtel, entre nous. Chacun a pu partager avec les autres comment il avait vécu la semaine, ce qui l’avait touché, comment il avait ‘aimé et tout donné’. Ce fut un temps très fort, très authentique, tout de vérité et d’accueil de l’autre. Nous avons déposé notre semaine dans la patène et le calice, confiant à Jésus la croissance et la maturation de notre petite contribution à Sa mission».

«Le dimanche matin, le car attendait les distributeurs à 9 h et c’est au son du cor des Alpes, apporté par notre logisticien, que le groupe a repris la route pour 23 heures de voyage. Le logisticien et moi sommes restés jusqu’à mardi afin de régler les affaires et de faire les comptes. La distribution dans les diocèses s’est bien passée, et sur Cracovie, nous avons donné 225’000 livres en 4 jours».

Climat calme et serein, joyeux et profond

L’anglais, le français, l’espagnol, le portugais, l’ukrainien, l’italien ont été totalement épuisés. «Il restait un peu de russe, que nous avons donné aux Filles de la Charité, si dévouées, pour leurs communautés en Russie, un peu de roumain, qui a été envoyé en Roumanie, à un prêtre qui était venu à Cracovie; un peu de croate qui va être expédié chez les sœurs d’Ingenbohl en Croatie avec le reste d’allemand et de vietnamien également. Il restait davantage de livres en polonais, mais ils ont facilement trouvé preneur: au sanctuaire St-Jean-Paul II, où les pèlerins de l’Année de la Miséricorde vont continuer à affluer, et dans diverses communautés religieuses et paroisses indiqués par nos deux grands collaborateurs à Cracovie: le Père Marek, jésuite, et Katarzyna, la traductrice du livre en polonais».

«Avant de quitter la Pologne, nous sommes allés dire merci et au revoir au Père Grégoire, secrétaire général de l’organisation des JMJ. Il a fait un travail titanesque et dans l’ensemble, tout a bien marché. La sécurité était remarquable, stricte et aimable; la gestion des déplacements était très bien pensée, presque entièrement en sens unique afin d’éviter les cohues; le climat était calme et serein, joyeux et profond. Les jeunes ont entendu des mots porteurs de sens, des mots qui leur parlent, les concernent et les touchent».

Daniel Pittet reçoit un appel du Vatican

«Encore un téléphone du Vatican à Daniel pour lui dire merci et bravo. Et les vraies JMJ commencent avec le quotidien où chacun est appelé à témoigner de la foi qu’il a pu nourrir et approfondir. A l’aéroport de Cracovie, un jeune Américain du Sud était là, avec le sac de livres à l’épaule, prêt à remplir sa mission. Au retour, une jeune Française me téléphone pour me dire qu’elle a perdu son livre reçu aux JMJ et me demande comment en obtenir un nouveau. Une librairie commande des livres pour l’Amérique latine, une jeune Espagnole cherche le moyen d’en acheter en Espagne. La semence est semée. Que l’Esprit Saint lui donne de croître et de mûrir généreusement ! Oui, vraiment, comme il était écrit sur nos T-shirt: Love is giving everything (Aimer, c’est tout donner)». AVR/be


Choisi comme «le» livre de l’Année de la Vie consacrée

Ce qui devait être au départ une brochure sur la vie religieuse en Suisse romande a vite dépassé les frontières. A la demande personnelle du pape François, ce petit ouvrage de témoignages de 224 pages est devenu un des moyens de communication les plus importants de l’Année de la vie consacrée en 2015. La version pour les JMJ de Cracovie a été quelque peu allégée et fait 128 pages.

«Aimer, c’est tout donner» a été choisi comme «le» livre de l’Année de la Vie consacrée, grâce à la volonté et au soutien du pape François. Pour ce petit ouvrage qui regroupe des témoignages simples et authentiques, les Sœurs de Sainte-Ursule se sont beaucoup investies aux côtés de Daniel Pittet, «un père de famille qui désirait dire merci aux religieuses de Fribourg de l’avoir aidé à être debout malgré les épreuves de la vie!», a confié Sœur Anne-Véronique à cath.ch. (cath.ch-apic/avr/be)

 

L'ouvrage 'Aimer, c'est tout donner' distribué aux JMJ de Cracovie
9 août 2016 | 17:35
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 7 min.
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