Inde. Dans l'état du Madhya Pradesh, les chrétiens ont victimes d'une vingtaine d'attaques les six premiers mois de l'année.  (Photo: Flickr/Arian Zwegers/CC BY 2.0
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En un an, les attaques contre les chrétiens ont doublé en Inde

Les attaques hindoues contre les chrétiens en Inde ont doublé en 2017. Selon le forum œcuménique Persecution Relief (Secours contre la persécution), le pays a connu, en 2017, 736 attaques contre des chrétiens, contre 348 en 2016.

Selon le rapport du Persecution Relief, avec la montée du nationalisme hindou, les chrétiens se sentent de moins en moins en sécurité dans le pays, indique l’agence d’information catholique Ucanews. Les persécutions et discriminations ont augmenté surtout dans les 19 des 29 Etats indiens où le parti nationaliste Bharatiya Janata Party (BJP) est au pouvoir. Ainsi l’Uttar Pradesh, dans le nord du pays, où le BJP a pris le pouvoir en 2017, a enregistré 96 attaques (contre 39 incidents en 2016). Le Madhya Pradesh, que le BJP dirige depuis quinze ans, compte 52 incidents, une augmentation de 54% par rapport à 2016, tandis que l’état du Tamil Nadu, au sud du pays, a rapporté 48 incidents (+60%).

Les responsables chrétiens relèvent que depuis que le BJP a pris le pouvoir, des groupes hindous multiplient les violences contre les chrétiens. Ils tentent de représenter les minorités religieuses, comme le christianisme ou l’islam, comme antipatriotiques.

Attaques physiques contre les fidèles

En 2017, les chrétiens ont subi des violences dans tout le pays, des incidents ayant été rapportés dans 24 des 29 Etats indiens. Selon le rapport, la plupart de ces actes de violence sont des attaques physiques contre des représentants de l’Église ou contre des fidèles. Près de 57% des incidents ont eu lieu dans les quatre Etats de l’Uttar Pradesh, du Madhya Pradesh, du Tamil Nadu et du Chhattisgarh.

La police reçoit de nombreuses plaintes contre les chrétiens, les accusant d’esprit de révolte, de discrimination, d’atteinte à l’unité nationale, de dégradation de lieux de prière ou encore d’insulte contre les religions… Si ces accusations sont retenues par un tribunal, l’accusé peut parfois être condamné à perpétuité explique Shibu Thomas, fondateur de Persecution Relief.

Le pasteur Anil Andrias, qui vit dans l’Uttar Pradesh, confie que depuis que Yogi Adityanath est premier ministre de l’Etat, il est devenu risqué pour les chrétiens d’y vivre, à cause de groupes hindous affirmant bénéficier du soutien du gouvernement. Dans ces conditions, les chrétiens ne sont plus en sécurité en Inde, regrette-t-il, ajoutant que les difficultés des chrétiens risquent de se multiplier si le BJP remporte également les élections nationales de 2019.

Le pasteur rapporte que des hindous se sont attaqués à des assemblées en prière, s’en prenant physiquement aux responsables et aux congrégations ayant défié les interdictions de rassemblement. Les agresseurs ont ensuite déposé des plaintes auprès de la police, accusant les victimes d’avoir provoqué elles-mêmes les attaques en offensant les sentiments religieux de la population. Dans d’autres cas, ils menacent les croyants de mesures restrictives comme le boycott social. Les chrétiens sont par exemple exclus des aides publiques, interdits de collecte d’eau aux puits publics, voire d’emprunter des routes publiques…

Des affaires montées de toutes pièces

Pour Shibu Thomas, la plupart des affaires sont montées de toutes pièces. Selon lui, dans 99% des cas, les nationalistes hindous font appel à de faux témoins et les victimes chrétiennes sont parfois condamnées à des peines sévères. Si les victimes font appel à la police, elles se retrouvent elles-mêmes accusées. «Malheureusement, la police est souvent de mèche avec les fanatiques.»

Des accusations que réfute Sheela Santiago, une catholique et membre dirigeante du BJP du Madhya Pradesh. Elle assure que son parti et ses membres n’ont été impliqués dans aucun incident contre des chrétiens. «Le BJP est un parti national qui travaille au service de tous, sans aucune discrimination.» Elle admet néanmoins que certains groupes hindous extrémistes ont été impliqués dans des incidents parce qu’ils pensent que les chrétiens tentent de convertir les hindous par la force.

Les chrétiens représentent 2,3% (29,9 millions) de la population indienne (1,3 milliard d’habitants). Les hindous en forment le 80%. Le reste se divise entre les musulmans (14%), les sikhs, les bouddhistes, les jaïnistes et les adeptes des religions traditionnelles. (cath.ch/eda/mp)

Inde. Dans l'état du Madhya Pradesh, les chrétiens ont victimes d'une vingtaine d'attaques les six premiers mois de l'année.
21 février 2018 | 11:37
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 3 min.
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