Invité au Synode sur l’Amazonie, le cardinal Christoph Schönborn prévient: "Il ne faut pas tomber dans le cléricalisme." (Photo: Flickr/Cornelius Inama/CC BY-NC-ND 2.0
Vatican

Le cardinal Schönborn défend le sacerdoce commun

Pour le cardinal Christoph Schönborn, les viri probati ne sont pas la seule solution pour répondre aux défis pastoraux des communautés amazoniennes. L’archevêque de Vienne met en garde contre la tentation du cléricalisme et invite à valoriser le sacerdoce commun de tous les baptisés, femmes inclues.

Le cardinal Christoph Schönborn, président de la Conférence épiscopale autrichienne (CEA), en Autriche, participe au Synode sur l’Amazonie en tant que membre invité par le pape François. Méconnaissant les réalités et les problèmes inhérents à l’Amazonie, il apporte une perspective et une expérience différente en mesure d’enrichir les débats. 

La distinction entre la pastorale de la visite et la pastorale de la présence est l’un des principaux points abordés selon lui au cours de ces deux semaines de discussion. Se basant sur les témoignages des pères synodaux acifs en Amazonie, le cardinal Schönborn souligne que les prêtres sont trop rares dans la région et qu’ils font, du fait de l’éloignement des paroisses les unes des autres, une pastorale de la visite. D’où le fait que de nombreuses communautés ne reçoivent que trop peu souvent l’eucharistie malgré une vie pastorale complète.

Autocritique appropriée

Au sujet du petit nombre de vocations sacerdotales en Amazonie, le président de la CEA a déclaré qu’une autocritique de tous était appropriée, parce que l’Eglise avait trop peu fait pour les vocations des prêtres indigènes. L’église entière est responsable de ce dont on a besoin en Amazonie, a-t-il déclaré. Le fait que le lieu de service d’un prêtre en Europe, grâce à l’amélioration des conditions de vie et de rémunération, soit plus attrayant est «une triste vérité».

Face à ce problème d’accès à l’eucharistie, une majorité de pères synodaux voient l’ordination des viri probati comme la solution à retenir. S’appuyant sur son expérience viennoise, où des hommes mariés sont prêtres à part entière, il estime que c’est un solution légitime et assure que «ce n’est pas la fin de l’Eglise», comme certains le craignent. Mais il prévient qu’il ne faut pas tomber dans le cléricalisme. Certes, «sans le prêtre, l’Eglise ne peut exister mais le prêtre sans le peuple de Dieu ne peut pas être pasteur».

Sacerdoce commun valorisé

Selon lui, d’autres pistes, tout aussi, sinon plus importantes, sont à explorer pour la pastorale de la présence. Celle qu’il appelle de ses vœux passe par «la valorisation du sacerdoce commun de tous les fidèles». Ces communautés, reconnait l’archevêque de Vienne, vivent notamment grâce aux femmes qui peuvent se voir confier certains ministères, comme il l’a déjà fait au sein de son archidiocèse où elles peuvent célébrer des funérailles. Avant de penser à l’ordination des hommes mariés, le cardinal Schönborn rappelle qu’il vaut mieux penser à ces solutions, reconnaissant qu’il faut avancer avec une grande prudence sur ces sujets.

Le cardinal, qui participe à la rédaction du rapport final du synode, a aussi appelé l’Europe à se comporter avec prudence et en mémoire de ses erreurs passées contre les peuples du Sud. Les dominicains, comme l’Espagnol Bartolomé de Las Casas, ont clairement condamné les relations des conquistadores avec les Indiens. Il a souligné que l’histoire des peuples autochtones et leurs souffrances ne devraient jamais être oubliées. (cath.ch/kap/vaticannews/cp)

Abandon de l’or dans l’Eglise?
Dans le cadre de la conférence de presse, le supérieur provincial des missionnaires comboniens au Brésil, Dario Bossi a interpellé l’Eglise. Elle devrait renoncer aux nouveaux vases liturgiques en or et en alliances d’or, a demandé le religieux originaire d’Italie. La prospection et l’exploitation de l’or en Amazonie ont entraîné de graves dommages pour l’environnement et la santé, en particulier chez les peuples autochtones.
Par conséquent, ce serait un acte symbolique important si les agences de l’Eglise renonçaient à l’utilisation d’or supplémentaire dans la liturgie. Cela vaut également pour les alliances et autres bijoux, selon Dario Bossi, qui appartient à l’Association latino-américaine contre l’exploitation des ressources minérales aux dépens des peuples autochtones, «Rete Iglesias y Mineria». Dans la liturgie catholique, on utilise depuis des siècles des gobelets, des calices et autres dispositifs liturgiques dorés ou en autres métaux précieux. (cp)

Le Cardinal Schönborn défend le Pape
Le cardinal Christoph Schönborn a décidé de défendre le pape François contre les critiques de l’église intérieure. Ces critiques lui rappellent celles contre le pape Paul VI (1963-1978), accusé par certains d’avoir détruit l’Eglise, d’autres estimant qu’il n’allait pas assez loin dans ses réformes. En même temps, le président de la CEA a souligné sa loyauté envers François et ses prédécesseurs, ajoutant: «Etre pape signifie toujours être critiqué, mais cela signifie aussi qu’il est aimé et que des centaines de millions de personnes prient pour lui.» Ce dernier est finalement plus important que la critique. (cp)

Invité au Synode sur l’Amazonie, le cardinal Christoph Schönborn prévient: «Il ne faut pas tomber dans le cléricalisme.»
22 octobre 2019 | 17:37
par Carole Pirker
Temps de lecture: env. 3 min.
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