Maximilien Kolbe, envoyé au 'bunker de la faim' d'Auschwitz et décédé le 14 août 1941 | youtube
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Maximilien Kolbe: saint patron des journalistes

La diffusion de la foi chrétienne était la mission suprême de Maximilien Kolbe, fêté le 14 août. Assassiné par les nazis à Auschwitz, le franciscain a ensuite été canonisé. Sa vénération suscite toutefois quelques contestations, rappelle ‘Christ und Welt’, supplément hebdomadaire de l’Association Catholique Suisse pour la Presse (ACSP).

Andreas Faessler, pour Christ und Welt, traduction et adaptation: Grégory Roth

Quand on entend le mot ‘martyr’, on pense d’abord à des personnes qui ont sacrifié leur vie pour la foi chrétienne, depuis plusieurs siècles déjà. Mais le christianisme connaît aussi des martyrs du XXe siècle. Sur la façade ouest de l’Abbaye de Westminster à Londres, dix statues leur sont consacrées. Sur le côté extérieur gauche se trouve la figure de saint Maximilien Kolbe (1894-1941), que l’Eglise fête en ce 14 août.

Frère mineur franciscain d’origine polonaise, Kolbe est vénéré, entre autres, comme patron des journalistes. Cela est dû au travail missionnaire intensif qu’il effectue de manière progressive à l’époque.

Admirateur de Marie

En tant que chrétien profondément croyant, admirateur de Marie et formé comme prêtre à Rome, Kolbe fonde l’organisation catholique Militia Immaculatae – traduit du latin comme l’Armée de l’Immaculée, et plus tard comme Mission de l’Immaculée (M.I.) – en 1917. Cette association de fidèles est principalement dédiée au travail de presse, avec la mission de répandre et de renforcer la foi.

Frère Maximilien fonde plusieurs maisons d’édition et organes de publication chrétiens. Il exploite également des stations de transmission et de radio. Près de Varsovie, il fonde le monastère de Niepokalanów (Cité de la Mère Immaculée de Dieu), qui sert entre autres de centre de presse catholique. C’est cet engagement massif en faveur du journalisme qui fera plus tard de lui le saint patron des journalistes et des passionnés de radio, aux côtés de saint François de Sales.

«Le judaïsme comme un cancer»

Maximilien Kolbe s’est distingué comme un adversaire convaincu du national-socialisme et du communisme. Mais il a lutté en même temps avec véhémence contre la franc-maçonnerie et le sionisme. Le but déclaré de sa Mission de l’Immaculée était, entre autres, de convertir les schismatiques et les juifs.

Selon sa propre déclaration, Kolbe ne se considérait pas comme un antisémite, mais il voulait contrecarrer une «infiltration juive étrangère». Il s’est exprimé néanmoins à plusieurs reprises de manière agressive et incendiaire à l’égard du judaïsme qui, en Pologne, en tant que «principal réservoir biologique», disait-il, est comme un «cancer qui ronge le corps du peuple», raison pour laquelle les juifs ont dû émigrer. Ces déclarations, ainsi que d’autres déclarations documentées, suscitent encore aujourd’hui des critiques et des interrogations.

Arrestation par la Gestapo…

Avec l’invasion et la prise de pouvoir par les nazis, Kolbe – après une arrestation temporaire – met ses préjugés en retrait et agit au nom de l’humanité.

En 1941, il accueille dans son monastère de Niepokalanów un grand nombre de personnes persécutées – dont environ 2’300 juifs – pour les protéger des Allemands.

Pour cette courageuse opération de sauvetage, Kolbe est à nouveau arrêté par la Gestapo et peu après est déporté au camp d’extermination d’Auschwitz, d’où il ne reviendra pas.

…et la mort dans le bunker

Deux mois après son entrée dans le camp de concentration d’Auschwitz, une scène clé de la biographie de Kolbe se produit, qui justifiera plus tard la reconnaissance de son martyre. En représailles à l’évasion présumée d’un prisonnier, plusieurs détenus des camps de concentration doivent être tués. L’un des condamnés à mort – Franciszek Gajowniczek – supplie les tortionnaires de l’épargner, disant qu’il a une femme et des enfants. Maximilien Kolbe demande au commandant du camp la permission de sacrifier sa vie pour sauver celle de ce père de famille. Cela lui est accordé.

Kolbe est donc enfermé dans un bunker de la mort, avec les neuf autres désignés. Six d’entre eux meurent de faim. Et comme Kolbe et les trois autres donnent signe de vie, ils reçoivent finalement une injection létale de phénol. Leurs corps sont brûlés le lendemain 15 août, jour de l’Assomption.

Béatification et canonisation

Le pape Paul VI béatifie Maximilien Kolbe en 1971. En 1982, l’Etat polonais lui décerne, à titre posthume, la distinction militaire la plus élevée. La même année, le pape Jean-Paul II le canonise à Rome.

Franciszek Gajowniczek, à qui Kolbe a permis de vivre, meurt en 1995 à l’âge de 93 ans, après avoir tenu son ‘sauveur’ en haute estime jusqu’à la fin de sa vie. La cellule mortuaire de Kolbe à Auschwitz existe toujours. Elle est visitée par les croyants et les fidèles comme un lieu de pèlerinage.

L’œuvre de Maximilien Kolbe continue d’intéresser les historiens et les théologiens jusqu’à ce jour, d’autant plus qu’il y a lieu de s’interroger avec raison – et donc aussi de discuter de manière nuancée – sur l’antisémitisme et, dans ce contexte, sur sa vénération en tant que saint. (cath.ch/cuw/gr)

Maximilien Kolbe, envoyé au 'bunker de la faim' d'Auschwitz et décédé le 14 août 1941 | youtube
14 août 2020 | 16:45
par Grégory Roth
Temps de lecture: env. 3 min.
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