Le pape François à la messe célébrée sur la place Kossuth Lajos, à Budapest, le 30 avril 2023 | © AP Photo/Andrew Medichini/Keystone
Dossier

Messe à Budapest: le pape invite à refuser la logique d’exclusion

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«Nous tous, chrétiens, appelés par notre nom par le Bon Pasteur, sommes appelés à accueillir et à répandre son amour, à faire en sorte que son enclos soit inclusif et jamais exclusif», a expliqué le pape François le 30 avril 2023. Il s’adressait aux représentants œcuméniques présents à la messe célébrée sur la place Kossuth Lajos, au centre de Budapest, au troisième et dernier jour de son voyage apostolique en Hongrie.

Parmi les 50’000 personnes présentes figurait notamment le métropolite Hilarion, ancien responsable des relations extérieures du patriarcat de Moscou, qu’il avait rencontré la veille à la nonciature apostolique. Le Bon pasteur «donne la vie pour ses brebis», a expliqué le pape François dans son homélie, prononcée en italien devant une assemblée très fervente, la messe étant célébrée avec un grand faste liturgique. «Au début de l’histoire de notre salut, ce n’est pas nous avec nos mérites, nos capacités, nos structures», a averti François, toujours attentif au thème du premier appel dans la vie chrétienne.

S’ouvrir à l’amour mutuel

«À l’origine, il y a l’appel de Dieu, son désir de nous rejoindre, sa sollicitude pour chacun d’entre nous, l’abondance de sa miséricorde qui veut nous sauver  du péché et de la mort, pour nous donner la vie en abondance et la joie sans fin», a martelé l’évêque de Rome. « Aujourd’hui encore, dans toutes les situations de la vie, dans ce que nous portons dans notre cœur, dans nos égarements, dans nos peurs, dans le sentiment de défaite qui nous assaille parfois, dans la prison de la tristesse qui menace de nous enfermer, Il nous appelle», a insisté le pontife argentin.

Le pape a donné une définition ample de la «catholicité» en évoquant notamment la présence des délégués œcuméniques. Dieu «nous a rassemblés ici pour que, bien que différents les uns des autres et appartenant à des communautés différentes, la grandeur de son amour nous réunisse tous dans une même étreinte», a-t-il insisté.

Évoquant les relations internes à l’Église catholique mais aussi entre les différentes confessions, François a invité à «cultiver des relations de fraternité et de collaboration, sans nous diviser, sans considérer notre communauté comme un milieu réservé, sans nous laisser prendre par le souci de défendre chacun son espace, mais en nous ouvrant à l’amour mutuel.»

Plaidoyer pour l’inclusivité

Il a aussi invité les chrétiens à «sortir vers le monde», tout comme le Bon Pasteur «fait sortir» ses brebis. Il a donc dénoncé les «portes fermées», liées à «l’individualisme dans une société qui risque de s’atrophier dans la solitude». Dans ce pays, dont le gouvernement est très restrictif sur la prise en charge des migrants, le pape a particulièrement dénoncé «les portes fermées de notre indifférence à ceux qui sont dans la souffrance et la pauvreté» et «les portes fermées à ceux qui sont étrangers, différents, migrants, pauvres».

Le pontife argentin a invité les catholiques hongrois à se situer à la suite de Jésus, en maintenant «une porte ouverte, une porte qui n’est jamais claquée au nez de personne, une porte qui permet à chacun d’entrer et de faire l’expérience de la beauté de l’amour et du pardon du Seigneur». Il a ainsi invité tous les acteurs de l’Église et de la société civile à se montrer «ouverts et inclusifs les uns envers les autres, pour aider la Hongrie à grandir dans la fraternité, chemin de la paix».

Intentions de prière universelle

Le gouvernement du Premier ministre Viktor Orban met fréquemment en avant l’hospitalité offerte par le pays aux réfugiés ukrainiens. Mais la Hongrie pratique depuis des années une politique particulièrement restrictive vis-à-vis des migrants provenant des autres continents. Le pays a notamment barricadé ses frontières, détenu des réfugiés dans des «zones de transit» désormais fermées et restreint le dépôt des demandes d’asile aux ambassades à l’étranger.

Signe du rayonnement de la visite du pape pour toute l’Europe centrale, les intentions de prière universelle ont été lues en allemand, en ukrainien, en hongrois, en roumain, en croate, en slovaque et en slovène. Le pape François a présidé la messe, mais en raison de ses problèmes de mobilité, il a délégué la présidence de la prière eucharistique à l’autel au cardinal Péter Erdö, l’archevêque de la capitale hongroise. (cath.ch/imedia/cv/rz)

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