Niger: Sept organisations islamistes interdites après les émeutes contre le FIMA

Un défilé de mode qualifié de «satanique»

Niamey, 13 novembre 2000 (APIC) Sept organisations islamistes ont été interdites par les autorités du Niger après les violentes émeutes de la semaine dernière contre la 2ème édition du FIMA, le Festival international de la mode africaine, qualifié de «satanique» et de «débauche» par les intégristes musulmans. Le gouvernement du Niger, un pays pauvre frappé par la sécheresse et à la recherche de devises, s’est dit déterminé à lutter contre «l’obscurantisme». Il vise les islamistes qui voulaient interdire le défilé de mode «entre désert et fleuve», sur les bords du fleuve Niger, près de la capitale Niamey.

Deux églises ont été saccagées et des sièges d’associations chrétiennes mis à sac jeudi à Maradi, une place forte islamiste à quelque 600 kilomètres de Niamey, par une foule d’émeutiers musulmans. La veille, des troubles de même nature s’étaient déroulés dans la capitale du Niger. Mercredi en effet, plus de 800 religieux et étudiants islamiques ont violemment manifesté à l’extérieur de la Grande Mosquée de Niamey, en face des bâtiments du Parlement, pour exiger l’annulation du FIMA, mis sur pied à l’initiative d’Alphadi, le célèbre styliste nigérien basé à Paris.

Malgré les pressions islamistes, près de 2’000 personnes ont pu assister au défilé de mode haut en couleurs, dans un déploiement impressionnant des forces de sécurité et de la police. Ces derniers jours, la police nigérienne a renforcé les dispositifs de sécurité aux abords des mosquées et utilisé des grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants qui s’en sont pris à des bars vendant de l’alcool, à des étals de loterie et des bordels.

Le vice et l’adultère existent aussi sans le festival

Ce ne serait pas le festival lui-même qui aurait poussé des centaines d’islamistes dans les rues de Niamey, mais la présence de certains mannequins de type occidental exhibant, selon eux, trop de nudité. «Ce show est contraire à l’islam, parce que des femmes nues portant des vêtements indécents paradent devant un parterre d’invités», affirme un religieux musulman. Les troubles, commencés près de la Grande Mosquée de Niamey, ont duré deux jours et se sont répandus jusqu’à Maradi, près de la frontière du Nigeria. Les affrontements ont fait plusieurs blessés et provoqué des dégâts matériels importants.

Le ministre nigérien de l’Intérieur, Mahamane Manzo, a signé un décret d’interdiction des sept organisations fondamentalistes pour trouble de l’ordre public. Il rappelé à cette occasion que le «Niger est une démocratie» dans laquelle de toutes façon «le vice et l’adultère» existent aussi sans le festival.

Des musulmans modérés ont déclaré pour leur part que le festival de mode, qui comprend également la présentation de vêtements traditionnels africains, devait être autorisé, ajoutant que l’islam prône la tolérance et que cet événement est une vitrine du riche héritage culturel du Niger. Contrairement à la première édition du festival, aucun chef d’Etat n’a assisté au défilé. (apic/bbc/misna/be)

13 novembre 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 2 min.
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