Padre Pio, 1887-1968 | DR
Vatican

Padre Pio et les papes

Le pape François se rendra le 17 mars 2018 dans les villes italiennes de Pietrelcina et San Giovanni Rotondo, dans les Pouilles, sur les traces de Padre Pio. Très dévoué et obéissant aux successeurs de Pierre, le saint capucin a bénéficié en retour de leur grande estime, non sans épreuves.

Dès son entrée en religion, la dévotion du Padre Pio (1887-1968) envers la personne du pape se manifeste par le choix de son nom. Lors de ses vœux, en 1909, dans l’ordre des Frères mineurs capucins, Francesco Forgione prend le nom de Pie – Pio en italien – en hommage au saint pape Pie V (1566-1572), qui avait consacré son pontificat à l’application de la Réforme catholique définie au concile de Trente.

Guidé par les pontifes

Le respect de Padre Pio envers les successeurs de Pierre se lit également dans une lettre adressée au pape Paul VI (1963-1978), le 12 septembre 1968. «Je vous offre ma prière et ma souffrance quotidienne afin que le Seigneur vous réconforte par sa grâce, pour continuer à suivre le chemin droit et difficile, en défendant l’éternelle vérité», lui écrit le capucin. Padre Pio réaffirmait ainsi sa foi et son «obéissance inconditionnelle» aux «directives éclairées» du pontife, dans une période de tumultes au sein de l’Eglise.

D’autres papes ont fait l’objet de son admiration, dont saint Pie X (1903-1914). Avant même la mort de ce dernier, Padre Pio confie qu’il s’agit d’un «véritable saint, la véritable image de Notre Seigneur». Au sujet de Pie XII, le capucin demande également à un prêtre qui se rendait à Rome : «Dites à Sa Sainteté que j’offre ma vie pour lui, le cœur plein de joie».

Rapports avec le Saint-Siège pas toujours simples

Cependant, les rapports entre le capucin et le Vatican n’ont pas toujours été simples. Du fait notamment des phénomènes surnaturels qui ont entouré Padre Pio – les stigmates en particulier – et qui ont de prime abord fait naître une certaine méfiance. Devant la vénération parfois excessive de certains fidèles, le Saint-Office contraint le religieux à cesser toute activité publique, et à célébrer la messe en privé, reclus dans son couvent.

Même si cette interdiction est levée par Pie XI en 1933, les méfiances ne s’estompent pas. Puis en 1960, le pape Jean XXIII ordonne une enquête approfondie sur le capucin, à la suite de quoi le Saint-Office limite de nouveau ses apparitions en public. Il a fallu attendre 1964 pour que Padre Pio puisse dire sa messe sans restriction, à la demande du pape Paul VI. Le capucin Antonio Belpiede, actuel procureur général de l’Ordre des capucins, a cependant confié récemment que «Jean XXIII avait été mal informé» à ce sujet.

Le sixième stigmate

S’il suscite la méfiance de certains papes, Padre Pio est en revanche vénéré par Jean Paul II. En 1947, Karol Wojtyla, encore jeune prêtre, se rend à San Giovanni Rotondo, où il rencontre le capucin et se confesse à lui. Ce dernier lui aurait alors prédit son élection au pontificat: «tu seras pape, mais il y aura du sang et de la violence». Un épisode peu connu du grand public, rapporté par le vaticaniste Ignazio Ingrao dans son livre La marque de Padre Pio.

Lors de cette rencontre, Padre Pio confie également au futur pape polonais l’existence d’un stigmate extrêmement douloureux, dont personne n’a connaissance: la plaie du Christ à l’épaule, causée par le poids de la Croix. Des révélations contenues dans le livre Enquête sur padre Pio. L’autobiographie secrète, dirigé par don Francesco Castelli, historien de la postulation pour la cause de béatification de Jean Paul II.

Quelques années plus tard, en 1962, Karol Wojtyla demande au capucin de prier pour Wanda Poltawska, l’une de ses amies chères. Atteinte d’un cancer, cette mère polonaise de quatre enfants a été miraculeusement guérie grâce à l’intercession de Padre, a-t-elle expliqué dans un entretien accordé à l’agence vaticane Fides en 2002. Le 16 juin de la même année, elle assiste à la canonisation de saint Pie de Pietrelcina, célébrée par… Jean Paul II.

Deux figures de sainteté

Le pape Benoît XVI, quant à lui, se rend en pèlerinage en juin 2009 à San Giovanni Rotondo, pour rendre hommage au frère capucin. Le pape allemand dresse alors un parallèle entre le curé d’Ars et Padre Pio, deux figures de sainteté dont la vie a été centrée sur la prière, l’eucharistie et la confession.

Enfin, avant de devenir pape, le cardinal Jorge Mario Bergoglio témoigne déjà d’un certain attachement envers Padre Pio. En 2004, lors d’une rencontre avec le Père Marciano Morra, capucin, l’archevêque argentin est frappé par «l’action sociale que Padre Pio a imprimée dans la ville (…) avec la construction de la Casa Sollevio della Sofferenza». Durant son déplacement le 17 mars, le pape François rendra notamment visite à cet hôpital hors normes.

Depuis son élection, le pape François fait du religieux italien l’un des patrons de l’Année sainte de la miséricorde. Sans doute en raison de son extraordinaire charisme de confesseur, célèbre à travers toute l’Italie et dans le monde entier. C’est la raison pour laquelle, exceptionnellement, la dépouille de Padre Pio a été transférée à Rome, du 5 au 11 février 2016, et exposée à la vénération des fidèles dans la basilique Saint-Pierre. (cath.ch/imedia/adp/ap/rz)

Padre Pio, 1887-1968 | DR
16 mars 2018 | 10:27
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 3 min.
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