Cyrille Ier, chef de l'Eglise orthodoxe russe (Photo:  Patriarcat de Moscou)
International

Patriarche Cyrille: L'Eglise orthodoxe n’accepte pas l’égalité des confessions

Si l’Eglise orthodoxe participe aux travaux du Conseil œcuménique des Eglises (COE) à Genève, elle «n’accepte absolument pas l’idée de l’égalité des confessions et ne peut concevoir l’unité de l’Eglise comme un compromis interconfessionnel», estime le chef de l’Eglise orthodoxe russe. Le patriarche Cyrille l’a, une nouvelle fois, souligné lors du Concile épiscopal de l’Eglise orthodoxe russe, qui se déroule depuis le 2 février 2016 à Moscou.

«Bien entendu, il n’est pas question d’union de l’Eglise orthodoxe avec les hétérodoxes» dans le document de préparation du prochain Concile panorthodoxe qui se déroulera du 16 au 27 juin 2016 à l’Académie orthodoxe de Crète, a souligné le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie. S’adressant aux 354 prélats venant de 293 diocèses de l’Eglise orthodoxe russe, il a constaté que ce projet de document avait été composé sur la base de deux textes élaborés durant les années 1980, «dont l’un était consacré au mouvement dit œcuménique, et l’autre principalement aux dialogues bilatéraux de l’Eglise orthodoxe avec les communautés hétérodoxes».

Des «dénominations protestantes» dans le collimateur de Moscou

«Les changements qui se sont produits ces dernières décennies dans de nombreuses dénominations protestantes ont rendu nécessaire une sérieuse révision de ces documents, a constaté le primat de l’Eglise orthodoxe russe. Beaucoup de ces communautés, sous l’influence d’idéologies laïcistes, se sont engagées sur la voie du réexamen non seulement de leur doctrine, mais même des bases de la morale chrétienne. Ceci a incité l’Eglise orthodoxe à revoir ses rapports avec ces communautés».

«Notre critique a été prise en compte pendant la révision de ce document», a précisé le patriarche Cyrille, remarquant que les points essentiels du texte reprennent les principales positions énoncées en 2000 par le Concile épiscopal jubilaire dans le document «Principes fondamentaux des relations de l’Eglise orthodoxe russe avec l’hétérodoxie».

Ainsi, dans le projet de document du Concile panorthodoxe, il est dit clairement que les relations de l’Eglise orthodoxe avec les Eglises hétérodoxes «doivent se fonder sur une clarification, le plus rapidement et le plus objectivement possible, de toute la question de l’ecclésiologie et, plus particulièrement de l’enseignement général que celles-ci professent sur les sacrements, la grâce, le sacerdoce et la succession apostolique».

Le Concile panorthodoxe n’est pas un Concile œcuménique

Le chef de l’Eglise orthodoxe russe dit également du prochain «grand et saint Concile de l’Eglise orthodoxe» qu’il ne s’agit pas d’un Concile œcuménique: «A la différence des anciens Conciles œcuméniques, il n’est pas appelé à résoudre des questions doctrinales, car elles sont résolues depuis longtemps et n’exigent aucune révision. Il n’est pas non plus appelé à introduire quelque innovation liturgique dans la vie de l’Eglise, dans sa structure canonique. Néanmoins, il peut, s’il est préparé comme il se doit, être un facteur important d’affermissement de l’unité et de la coopération entre Eglises, et permettre de préciser les réponses que l’Eglise orthodoxe donne aux questions de la modernité sur la base de sa Tradition multiséculaire».

Le patriarche Cyrille a encore mis en garde contre «les conséquences catastrophiques pour l’unité de l’Eglise orthodoxe qu’entraînerait obligatoirement la reconnaissance unilatérale du schisme» de l’Eglise orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Kiev (non reconnue canoniquement par les grandes Eglises orthodoxes). Il a déploré dans ce contexte «les agissements anti-canoniques de certaines structures ecclésiastiques aux Etats-Unis et au Canada, dépendant de la juridiction du Patriarcat de Constantinople».

Danger d’une reconnaissance unilatérale du schisme de l’Eglise ukrainienne

Des hiérarques de ces «structures» se sont rendus plusieurs fois en Ukraine durant l’année écoulée, «affirmant ouvertement leur soutien aux schismatiques, leur promettant la reconnaissance en tant qu’Eglise autocéphale, assurant par ailleurs qu’ils agissaient, soi-disant, au nom de Sa Sainteté le patriarche Bartholomée de Constantinople».

Le patriarche Cyrille relève que le patriarche Bartholomée a assuré à plusieurs reprises qu’il ne soutenait pas ces initiatives. Il souligne qu’il serait souhaitable que le Concile panorthodoxe entérine la nécessité du consensus de toutes les Eglises, «excluant toute entreprise unilatérale, dans l’octroi de l’autocéphalie».

Le 2 février 2016, le Concile épiscopal de l’Eglise orthodoxe russe a débuté ses travaux à la salle des conciles de l’église cathédrale du Christ Sauveur de Moscou. Des hiérarques du Patriarcat de Moscou venant de Russie, d’Ukraine, Moldavie, Azerbaïdjan, Kazakhstan, Kirghizie, Lituanie, Lettonie, Tadjikistan, Ouzbékistan, Estonie, ainsi que des pays étrangers où existent des diocèses de l’Eglise orthodoxe russe sont venus à Moscou pour y participer. (cath.ch-apic/mospat/be)

 

 

 

Cyrille Ier, chef de l'Eglise orthodoxe russe
4 février 2016 | 11:24
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 3 min.
Partagez!