Le patriarche de Moscou dénonce les ingérences de Kiev dans les affaires religieuses

Les tentatives du Parlement ukrainien d’adopter des lois réprimant l’Eglise orthodoxe d’Ukraine, affiliée au Patriarcat de Moscou, veulent faire des croyants et de l’Eglise «un instrument de lutte politique», déplore le patriarche Cyrille.

«Les projets de loi discriminatoires pour l’Eglise orthodoxe ukrainienne approfondiront le schisme religieux», a estimé le chef de l’Eglise orthodoxe russe le 16 octobre 2017, dans un discours à la 137e Assemblée de l’Union interparlementaire, à Saint-Pétersbourg.

Pressions du parlement de Kiev

La majorité des députés de la «Verkhovnaya Rada», le parlement ukrainien à Kiev, fait pression depuis longtemps pour que le patriarche œcuménique Bartholomée garantisse l’autocéphalie de l’Eglise orthodoxe ukrainienne (EOU-PM) et la détache du Patriarcat de Moscou à laquelle elle est canoniquement rattachée. L’an dernier, les députés avaient en effet demandé au patriarche de Constantinople qu’il invalide la décision prise en 1686, qui avait fait passer à cette époque la métropolie de Kiev sous la juridiction du Patriarcat de Moscou.

La majorité des paroisses orthodoxes d’Ukraine, malgré les fortes pressions des milieux nationalistes ukrainiens, est restée fidèle à l’EOU-PM. Elles ne se sont pas rattachées à l’Eglise orthodoxe non canonique du Patriarcat de Kiev (EOU-PK), créée en 1992 après l’indépendance de l’Ukraine sous l’impulsion de Philarète de Kiev, ancien métropolite de Kiev et de toute l’Ukraine du Patriarcat de Moscou.

Eglise schismatique

Sous la poussée des milieux nationalistes ukrainiens, les dissidents de l’EOU-PK ont consommé le schisme avec l’Eglise orthodoxe d’Ukraine, affiliée au Patriarcat de Moscou.

Selon le projet de loi de la Rada, qui a Moscou dans son viseur, les organisations religieuses, dont les plus hautes autorités sont basées dans un «Etat agresseur», devront être enregistrées auprès des autorités ukrainiennes. Le projet permet par ailleurs d’interdire les activités d’une Eglise sur le territoire national. Ce texte est vigoureusement contesté par le Patriarcat de Moscou, qui serait la seule dénomination religieuse à devoir ainsi s’enregistrer officiellement.

Travail de lobby des mouvements radicaux

Dans son intervention à la 137e Assemblée de l’Union interparlementaire, le patriarche Cyrille a dénoncé «les tentatives législatives qui se poursuivent en Ukraine pour discréditer l’Eglise orthodoxe ukrainienne, uniquement à cause de son lien canonique avec le Patriarcat de Moscou».

«Les projets de lois proposés, soutenus par les lobbys des mouvements radicaux, mettent en place des conditions juridiques pour l’ingérence bureaucratique dans les affaires des paroisses et des diocèses», a ajouté le primat de l’Eglise orthodoxe russe. Il a également souligné que «l’Eglise orthodoxe, en Ukraine, défend exclusivement la paix dans la nation, tandis que les éléments radicaux aspirent à l’entraîner dans la lutte politique». «De telles initiatives législatives veulent faire des croyants et de l’Eglise un instrument de lutte politique, ce qui est absolument inadmissible», a insisté le patriarche Cyrille, en demandant aux participants à la réunion de Saint-Pétersbourg «d’accorder la plus sérieuse attention à cette situation». (cath.ch/mospat/be)

Le peuple ukrainien, majoritairement orthodoxe, veut conserver la célébration de Noël le 7 janvier | Photo: twitter
19 octobre 2017 | 14:01
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 2 min.
Cyrille (39), Kiev (71), Moscou (106), Philarète (3), Ukraine (626)
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