Pour Caritas, le financement climatique de la Suisse est largement insuffisant
Caritas estime que la Suisse ne met pas assez de moyens dans la lutte contre le réchauffement climatique. L’œuvre d’entraide remarque qu’une grande partie du financement est pris sur le budget de la coopération internationale, ce qui ne fait qu’affaiblir les actions contre la pauvreté dans le monde.
Les températures en Inde ont déjà atteint plus de 40°C en avril 2025, soit cinq degrés de plus que d’habitude à cette période. Cela alors que Donald Trump a tenté, au cours des 100 premiers jours de son mandat, de bannir la question du réchauffement climatique de la politique et même de la science. Le déni de Donald Trump ne résout toutefois pas la crise climatique, remarque Caritas Suisse dans un communiqué.
La Suisse aux première loges du réchauffement
L’organisation catholique rappelle que la Suisse a doublement intérêt à protéger le climat mondial. «Premièrement, elle est touchée plus que la moyenne par le réchauffement climatique et, deuxièmement, il est vital pour elle que le multilatéralisme fonctionne et que la planète coopère sur la base de règles», affirme Delia Berner, experte en politique climatique internationale chez Alliance Sud, le centre de compétence pour la coopération internationale et la politique de développement.
Peu avant l’entrée en fonction de la nouvelle administration américaine, la communauté internationale a décidé, lors de la COP29 à Bakou (2024), de tripler son soutien financier à la protection du climat et à l’adaptation aux changements climatiques dans le Sud global. Dans la perspective des discussions à venir au Conseil fédéral, Alliance Sud et Caritas ont analysé les développements actuels du financement international dans le domaine du climat et montrent ce que la Suisse doit faire dès à présent pour renforcer la protection climatique mondiale.
Affaiblissement de la lutte contre la pauvreté
Le Conseil fédéral décidera de la contribution de la Suisse d’ici la fin de l’été 2025. Une nouvelle analyse de Caritas Suisse a sondé les derniers chiffres disponibles sur l’argent consacré par la Suisse au financement climatique en 2021 et 2022 et étudié l’origine de ces fonds et leur utilisation. «En prélevant plus de 90 % des fonds destinés au financement international dans le domaine du climat sur le budget déjà limité de la coopération internationale, la Suisse affaiblit la lutte contre la pauvreté dans le Sud global», dénonce Angela Lindt, responsable du service Politique de développement et du climat de Caritas.
De plus, l’analyse de Caritas montre qu’outre leur montant insuffisant, l’accessibilité des fonds climatiques suisses pour les populations locales des pays les plus pauvres constitue un défi majeur. Cela vaut en particulier pour les fonds mobilisés par le secteur privé, que la Suisse comptabilise dans son financement climatique. Ceux-ci ne peuvent pas non plus compenser l’insuffisance des moyens publics, car les attentes élevées placées dans les bailleurs de fonds privés n’ont pas été satisfaites jusqu’ici. Cela indique aussi qu’il faut trouver des sources de financement nouvelles et additionnelles pour les fonds publics destinés à la lutte contre le changement climatique afin que la Suisse puisse apporter sa contribution équitable. (cath.ch/com/rz)