Suisse: La RKZ interpelle les corporations ecclésiastiques suite aux cas d’agression sexuelle dans l’Eglise catholique en Suisse

Ces actes portent gravement atteinte à la crédibilité de l’Eglise catholique

Zurich, 30 mars 2010 (Apic) Dans une lettre adressée aux membres de la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ), cette dernière exprime son souci que la multiplication des révélations sur les abus sexuels commis dans le cadre de la pastorale porte gravement atteinte à la crédibilité de l’Eglise catholique. La missive (*), signée par Daniel Kosch, secrétaire général de la RKZ, demande aux Eglises cantonales de prendre leurs responsabilités, en prônant la totale transparence.

Les multiples révélations concernant des agressions sexuelles imputables à des ecclésiastiques ou ayant eu pour cadre des institutions de l’Eglise sont un phénomène qui touche désormais la Suisse aussi, écrit Daniel Kosch. «Il s’agit là d’un sujet que nos médias abordent également en braquant plus particulièrement le faisceau sur la manière dont l’Eglise traite ces affaires éminemment regrettables. Toutes considérations qui font planer un doute grave sur sa crédibilité. En tant qu’employeurs, les représentants des autorités ecclésiastiques à l’échelon cantonal et communal sont aussi concernés et portent une responsabilité.»

Par ailleurs, poursuit-il, il faut s’attendre à ce que les médias se tournent vers eux pour leur poser des questions. Le secrétaire général de la RKZ désire, par sa lettre aux membres de la Conférence centrale, «venir en aide dans cette situation pénible qui exige beaucoup de doigté».

Priorité aux victimes

Pour les membres des autorités de droit public ecclésiastique également, la priorité doit être accordée aux victimes d’agressions sexuelles et à leur vécu douloureux. Il y a lieu de leur apporter toutes les formes d’aide possibles et de faire en sorte que les agissements dont ils ont souffert ne se reproduisent plus à l’avenir, écrit-il. Il estime que l’implication des instances étatiques compétentes et le respect du droit étatique vont de soi.

«Si vous êtes confrontés à des accusations d’agressions sexuelles portées contre des collaborateurs pastoraux ou êtes informés de soupçons à leur endroit, il est essentiel de réagir sans retard et de s’entourer de conseils, notamment sur le plan juridique, au sujet des mesures concrètes à prendre». Et d’indiquer qu’il faut s’adresser aux offices cantonaux spécialisés dans l’aide aux victimes d’agressions ou la protection de la jeunesse. Ces organismes informent également sur la question de l’opportunité d’un dépôt de plainte pénale et, si oui, à quel moment.

Indépendamment de l’obligation de dénoncer, d’autres responsabilités touchant en particulier le devoir de diligence incombent aux autorités de droit public ecclésiastique. Elles doivent agir en tant qu’employeurs, respectivement autorités chargées de l’engagement de personnel. Au nombre des droits de la personnalité qui doivent être protégés comptent notamment la vie et la santé de l’individu ainsi que son intégrité physique et morale. Ce devoir de protection existe non seulement à l’égard des employés eux-mêmes mais aussi des personnes qui leur sont confiées (par exemple, les écolières et les écoliers).

Pour ce qui touche la problématique des agressions sexuelles, de nombreuses organisations ecclésiastiques cantonales et diocèses disposent de directives, de documents d’information, d’offres de formation ou de services d’aide. Pour Daniel Kosch, il est important de signaler l’existence de ces instruments, d’en faire usage et de les passer régulièrement sous la loupe.

Du côté de la Conférence des évêques suisses (CES), la commission d’experts «Abus sexuels dans le cadre de la pastorale» a édicté des lignes directrices à l’intention des diocèses (Cf. www.kath.ch/sbk-ces-cvs/pdf/Doc_abus_sexuels_fr.pdf).

Dans cette situation éminemment difficile, la manière de réagir face aux médias est délicate, reconnaît-il. «Il est notamment essentiel de diffuser des informations à bon escient et qui soient à la fois crédibles et transparentes. De même, il y a lieu d’adopter des règles claires sur le point de savoir qui représente les autorités à l’extérieur et de veiller à une bonne coordination avec les chargés de la communication des différentes organisations ecclésiastiques cantonales et/ou des diocèses concernés.»

Daniel Kosch souligne finalement que le secrétariat général de la Conférence centrale ne jouit pas des compétences nécessaires en matière de traitement d’affaires d’agressions sexuelles et il ne peut pas donc pas proposer des conseils spécialisés. En revanche, il est prêt, dans les limites de ses possibilités, à établir au besoin les contacts avec des personnes ou institutions compétentes. JB/Com

(*) La lettre a été envoyée en copie à Adrian von Kaenel, président de la commission d’experts «Abus sexuels dans le cadre de la pastorale» de la Conférence des évêques suisses (CES), et à Walter Müller, chargé d’information de la CES

Encadré

Fondée en 1971, la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (CCCRS, plus connue sous son acronyme alémanique RKZ) est une association regroupant les organisations ecclésiastiques cantonales. Le terme d’»organisations ecclésiastiques cantonales» est un concept général désignant les corporations ecclésiastiques aux structures multiformes existant dans les 26 cantons et demi-cantons suisses.

Selon ses statuts, la Conférence centrale «œuvre pour le bien de l’Eglise catholique romaine et promeut la paix religieuse en Suisse. Dans cette perspective, elle renforce la solidarité entre les membres de l’Eglise catholique et la conscience de leurs responsabilités à l’égard du financement des tâches pastorales». La tâche première de la Conférence centrale est d’assurer le (co-) financement des institutions de l’Eglise actives à l’échelon supra cantonal et supra diocésain, notamment à celui des régions linguistiques (formation de base et formation complémentaire, offices spécialisés, associations, etc.), cela en étroite collaboration avec la Conférence des évêques suisses (CES) et l’Action de Carême (AdC). Le siège de l’association et de son secrétariat général est à Zurich. (apic/com/be)

30 mars 2010 | 17:23
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 4 min.
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