Innsbruck : Le ministre général des capucins salue le style du pape François

Pour une Eglise qui ne craint pas de se salir les mains

Innsbruck, 15 novembre 2013 (Apic) Avec le pape François, l’Eglise vit une rupture de style remarquable, estime le Frère Mauro Jöhri, ministre général des capucins. Dans une interview au magazine autrichien «Tiroler Sonntag», le religieux suisse, à la tête de 11’000 frères dans le monde, se félicite d’une Eglise qui n’a peur de se salir les mains.

Même si le pape argentin transmet le même message que Benoît XVI, «il a remis sur terre le monde sacré du Vatican». Le pape François veut «une Eglise qui ose se salir les mains et qui est vraiment proche des pauvres.» Cette attitude est d’ailleurs le grand défi de l’ordre des capucins, relève son supérieur. Jorge Mario Bergoglio alors archevêque de Buenos Aires avait déjà impressionné le capucin par son mode de vie très simple.

Lors de sa visite à Assise, le pape François a donné une leçon aux capucins eux-mêmes en allant manger la soupe dans une cantine de la Caritas plutôt que de prendre son repas comme habituellement avec les religieux. «Il a montré que les pauvres et la pauvreté ne sont pas des choses ‘abstraites’. Il veut que nous allions vraiment vers eux.»

«Nous ne vivons pas dans la pauvreté»

«Nous ne vivons pas dans la pauvreté» reconnaît Mauro Jöhri, pour lui-même et pour l’ordre des capucins. «Mais nous essayons d’avoir une vie simple, solidaire avec les pauvres.» Cela se passe notamment dans les grandes soupes populaires des capucins à Milan ou à Détroit, mais aussi dans les pays émergents comme l’Inde ou plusieurs régions d’Afrique où les capucins connaissent aujourd’hui une forte croissance.

Cela se passe par exemple en Erytrée, où les confrères vivent vraiment parmi les pauvres dont ils connaissent la détresse. Là-bas l’armée enrôle les jeunes gens pour une durée indéterminée, parfois 20 ans. Beaucoup de jeunes cherchent alors à fuir pour rejoindre l’Europe à travers la Méditerranée avec les risques que l’on connaît.

La croissance de l’ordre en Afrique tient aussi au témoignage des missionnaires qui malgré les dangers sont restés dans les pays et ont poursuivi leur engagement, estime Mauro Jöhri.

Une situation dramatique en Europe

La situation des capucins en Europe reste par contre toujours dramatique. Du temps de son noviciat, la province de Suisse comptait 800 capucins, elle n’en a plus que 180 aujourd’hui, relève Mauro Jöhri. Seules la Pologne et l’Italie résistent encore. Chaque fermeture est douloureuse, mais le maintien d’un couvent ne doit pas passer au premier plan. Il s’agit davantage, quel que soit le lieu, de travailler à plus de fraternité. Pour une génération au moins, l’ordre va connaître sa traversée du désert, estime le ministre général. Les capucins souffrent d’un «manque d’ouverture envers les questions de la foi» nécessaire pour l’éclosion et la croissance des vocations. (apic/kap/mp)

15 novembre 2013 | 09:55
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 2 min.
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