Les bâtiments de Radio Vatican (Photo:Franck Kehren/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0)
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Le Vatican méconnu: les bâtiments de Radio Vatican  

Rome, 26 mai 2015 (Apic) La stratégie de communication et d’information a toujours été au cœur des préoccupations pontificales. C’est ainsi qu’est née en 1931 la ›radio du pape’, Radio Vatican. Les bâtiments, d’abord au cœur du Vatican, ont été plusieurs fois déplacés en fonction des ressources immobilières, financières et stratégiques du petit Etat: le pavillon Marconi, le pavillon Léon XIII ou encore les terrains de Santa Maria di Galeria à l’extérieur de Rome. Aujourd’hui située dans le quartier romain du Borgo, la radio devrait prochainement évoluer avec la réforme des médias du Vatican, et intégrer une seule et unique structure médiatique.

Le bâtiment originel de Radio Vatican, le pavillon Marconi, est situé au cœur des Jardins du Vatican, dans une allée homonyme. Au lendemain des accords du Latran en 1929, Pie XI (1922-1939) confie à Guglielmo Marconi, l’un des grands inventeurs de la radio, la construction d’une station de radio à l’intérieur du nouvel Etat. Il en nomme directeur le Père Giuseppe Gianfranceschi, jésuite, physicien et mathématicien. Le 12 février 1931, Pie XI inaugure la station de Radio Vatican, prononçant en latin le Qui arcano Dei consilio, entendu surtout aux Etats-Unis. Parmi les premières émissions, le Scientiarum nuncius radiophonicus, un panorama de l’activité de l’Académie pontificale des sciences. L’antenne historique, d’une puissance de 10kW, est située à quelques mètres du pavillon Marconi, sur la tour médiévale du pavillon Léon XIII (1878-1903) qui domine les jardins.

En 1936, l’Union internationale de la radio autorise à titre spécial la diffusion sans limitation géographique. Devant la nécessité de s’agrandir, de nouveaux studios et bureaux sont rapidement aménagés dans le pavillon Léon XIII, sur une hauteur des jardins, qui était jusqu’alors le siège de la Specola Vaticana, l’observatoire astronomique du Vatican. En 1937, l’unique antenne émettant sur deux ondes courtes étant insuffisante, deux émetteurs supplémentaires de 25kW sont ajoutés.

Une audience mondiale

Après la mort de Pie XI, le 9 février 1939, la radio retransmet le conclave et la cérémonie du couronnement de Pie XII (1939-1958) en neuf langues. Dès le début des hostilités de la Seconde Guerre mondiale, en septembre 1939, Radio Vatican devient un instrument précieux d’information libre, en dépit des censures et du brouillage des ondes. Goebbels, ministre de la propagande d’Adolf Hitler, se jure de la réduire au silence. Au mois de janvier 1940, un service d’informations est mis en place. Il lance des appels pour la recherche de civils et de soldats disparus ou diffuse des messages de leurs familles aux prisonniers: de 1940 à 1946, en 12’105 heures d’émissions, 1’240’728 messages passent ainsi sur les ondes.

La guerre accélère le développement de la radio: en 1948, elle émet en 19 langues. La nécessité d’émetteurs plus puissants et d’un réseau d’antennes directionnelles apparaît alors. En 1954, commencent les travaux de construction du centre émetteur de Santa Maria di Galeria, sur un terrain de 440 hectares situé à une vingtaine de kilomètres au Nord-Ouest du Vatican, bénéficiant de l’extraterritorialité. Pie XII l’inaugure le 27 octobre 1957, le plaçant sous la protection de l’archange Gabriel, patron des liaisons radiophoniques. Au début des années 2000, Radio Vatican est poursuivie en justice par des habitants de la région qui mettent en avant le rapport entre pollution électromagnétique et plusieurs cas de leucémie. Peu à peu, la radio cesse d’émettre en ondes courtes et moyennes vers la plupart des pays d’Europe et d’Amérique.

En 1958, année de l’élection de Jean XXIII, de nouveaux studios et bureaux sont aménagés dans l’ancien musée Petriano, mais Paul VI fait détruire le bâtiment pour faciliter l’accès à la future salle Paul VI en 1966. Au fur et à mesure des années, Radio Vatican se consacre aux travaux du Concile Vatican II, aux voyages pontificaux inaugurés par Paul VI ou encore aux nouvelles responsabilités des journalistes et des techniciens face à l’évolution des médias.

Le palazzo Pio

Après un très bref passage au palazzo Torlonia, sur la via della Conciliazione, le cardinal secrétaire d’Etat Jean-Marie Villot inaugure le nouveau siège de Radio Vatican au palazzo Pio le 29 janvier 1970. Il se situe tout au début de l’avenue, près du Château Saint-Ange. Le bâtiment abrite une salle de conférence, mais surtout les studios pour des transmissions en direct ou les enregistrements, ainsi que les rédactions en différentes langues. Chaque matin la messe en latin est diffusée depuis la Chapelle de l’Annonciation, dans le palazzo Pio, excepté celle du dimanche, en italien, qui est célébrée au Vatican, dans la chapelle du pavillon Léon XIII. Tous les soirs, une congrégation religieuse récite le chapelet en latin, rediffusé également. Pour les 75 ans de la radio, Benoît XVI vint visiter les locaux.

Aujourd’hui, toujours dirigée par un jésuite, le Père Frederico Lombardi, Radio Vatican peut diffuser pratiquement dans le monde entier grâce aux deux antennes paraboliques installées en 1995 près du pavillon Léon XIII, pour permettre la diffusion par satellites. Elle dispose de cinq chaînes de diffusion terrestre, transmet dans une quarantaine de langues vers les cinq continents, possède un site internet traduit en plus de 30 langues, et est retransmise par plus de 1’000 radios dans le monde. Selon le Père Lombardi, le budget serait de 20 à 25 millions d’euros par an. Une somme conséquente qui a poussé le Vatican à une réforme qui devrait aboutir d’ici peu à la naissance d’une plateforme multimédia.

Quant au pavillon Marconi, dans les Jardins du Vatican, il est aujourd’hui devenu le musée de Radio Vatican, et l’on peut y voir encore le micro utilisé par Pie XI et Marconi lors de l’inauguration. Le pavillon Léon XIII est toujours le siège des services techniques de Radio Vatican. La tour abrite les antennes FM pour la région de Rome ainsi qu’une salle d’enregistrement de qualité, que des sociétés d’édition de musique utilisent parfois, comme Deutsche Grammophon. Toutes les transmissions de musique en direct se font également de ces bâtiments. Une salle de concert, la sala Assunta, s’y trouve également, et le pape émérite Benoît XVI s’y rend de temps en temps pour profiter de la musique qui lui est chère.


Encadré

Série sur les lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’

On pourrait croire que le Vatican se limite à la place et à la basilique Saint-Pierre. Pourtant, avec ses 44 hectares de terrain, l’Etat de la Cité du Vatican possède tous les attributs d’un Etat à part entière. Plus petit Etat au monde – quatre fois moins que la principauté de Monaco -, il est composé de bâtiments, de cours, de petites places, de quelques rues et de jardins.

Ainsi le Vatican possède une gare, des magasins, des tribunaux, une radio, et nombre de services utiles aux quelque 900 résidents et 2800 employés, ainsi qu’au rayonnement du Saint-Siège. Des lieux qui ont tous leur histoire, souvent postérieure à la signature des Accords du Latran, en 1929, entre Benito Mussolini et le cardinal Pietro Gasparri.

Mais le territoire du Vatican s’étend également au-delà de ses 3,2 kilomètres de frontières. Il s’agit des palais extraterritoriaux, du ›Vatican-hors-les-murs’, dont le plus important est la résidence d’été des papes à Castel Gandolfo, ainsi que les basiliques majeures et certains bureaux de la curie.

Au fil des semaines à venir, l’agence I.MEDIA proposera de retrouver un de ces lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’ parmi lesquels la Maison Sainte-Marthe, nouveau cœur du Vatican ; le Palais du Gouvernorat, siège des services généraux, techniques et économiques ; la gare ferroviaire, devenue magasin de luxe ; la reproduction de la Grotte de Lourdes où les papes aiment à se recueillir ; le monastère Mater Ecclesiae où s’est retiré Benoît XVI (2005-2013) ou encore la Casina Pio IV, siège de l’Académie pontificale des sciences. (apic/imedia/cd/rz)

 

Les bâtiments de Radio Vatican
26 mai 2015 | 14:21
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 5 min.
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