Grèce: L’Eglise orthodoxe grecque sous le feu des critiques

En temps de crise, l’opulence présumée de l’institution déplaît

Athènes, 6 décembre 2011 (Apic) L’opulence présumée de l’Eglise orthodoxe grecque fait débat en temps de crise, indique le quotidien français «La Croix» le 5 décembre 2011. L’institution religieuse réagit en développant son œuvre sociale.

Depuis quelque temps, épingler la «richesse» de l’Eglise est devenu courant chez les politiciens grecs. Récemment, le ministre de la justice a estimé publiquement que l’institution religieuse devait assumer une part de responsabilité plus importante en période de crise. Le fait est qu’en Grèce, l’opinion selon laquelle le clergé est richement doté et n’a rien sacrifié à son majestueux train de vie est largement répandue.

Pourtant, nul ne sait précisément quel est le patrimoine de l’Eglise. D’abord parce que la Grèce ne dispose d’aucun cadastre. Ensuite, à cause de la complexité canonique d’une Eglise morcelée. Si, au fil des quatre siècles d’occupation ottomane, l’institution a acquis des biens considérables – les familles grecques préférant léguer leurs terres à l’Eglise plutôt que de se les faire confisquer par l’empire – elle aurait par la suite transmis la majorité de ses propriétés à l’Etat. «La fortune que l’on nous prête est un mythe. A partir de l’indépendance, et jusque dans les années 1950, nous avons légué 96% de nos propriétés à l’Etat, indique Mgr Gabriel, secrétaire de l’archevêché d’Athènes, au quotidien français. Il était nécessaire de bâtir la nation, et nous avons fait ce que nous avions à faire.»

Une œuvre sociale importante

Ebranlée dans son image, l’institution choisi d’insister sur son engagement social. Partout dans le pays, elle distribue des rations alimentaires: à Athènes, 10’000 repas sont donnés quotidiennement, en Grèce 200’000.

L’Eglise grecque assume d’ailleurs une «grande partie de l’aide sociale» à la place de l’Etat. «La Croix» relate l’histoire du Père Theodoros, aumônier de deux prisons dans la région de Volos, en Thessalie, et auteur d’une lettre adressée au ministre de la justice. «Rien qu’en 2010, l’association ’Le Crucifié’, que j’ai fondée avec plusieurs bénévoles, a investi 36’000 euros pour soutenir les 400 détenus dont nous avons la charge, ainsi que leurs familles. Nous distribuons aussi de la nourriture, des matelas et des vêtements, ce que l’administration pénitentiaire n’est plus en mesure de faire», explique le prêtre.

Osmose entre l’Eglise et l’Etat

Cette relation est symptomatique des liens étroits qu’entretiennent l’Eglise et l’Etat. Ainsi, les membres du clergé sont considérés comme des fonctionnaires et rémunérés comme tels. Une situation qui ne plait pas à tout le monde. D’après Stavros Zoumboulakis, rédacteur en chef de la revue Nea Hestia, certains prêtres gagnent deux salaires, parce qu’ils exercent en parallèle un autre métier. De plus, ils perçoivent des rétributions pour les sacrements.

D’après le philosophe athénien Thanos Lipowatz, la situation n’est pas prête de changer. «Nous cultivons une véritable osmose entre l’Eglise et l’Etat. Les gens ne sont pas favorables à une séparation des pouvoirs». (apic/lacroix/amc)

6 décembre 2011 | 11:02
par webmaster@kath.ch
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