Fribourg: Les fidèles sont venus nombreux à l’ordination de Mgr Charles Morerod

Le nouvel évêque de LGF face au défi d’une tradition chrétienne qui s’effiloche

Fribourg, 11 décembre 2011 (Apic) La foule des fidèles se pressait, dimanche après-midi 11 décembre, pour assister à la cérémonie d’ordination épiscopale du dominicain fribourgeois Charles Morerod, nouvel évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF). Ceux qui n’avaient pas trouvé de place à la cathédrale St-Nicolas s’étaient rendus à l’église des Cordeliers et à la basilique Notre-Dame, qui étaient également combles, pour suivre la messe en simultané sur écran géant.

Les fidèles du diocèse, massés le long du parcours du couvent des cordeliers à la cathédrale, ont ovationné Mgr Morerod au passage du long cortège formé par le clergé défilant dans cet après-midi ensoleillé. C’est qu’ils attendaient leur nouveau berger avec impatience, le siège épiscopal étant vacant depuis la mort de Mgr Bernard Genoud, le 21 septembre 2010.

L’évêque élu, ne portant pas encore la mitre qu’il recevra tout à l’heure lors de son ordination, était précédé de plusieurs centaines de prêtres en aube blanches, de chanoines en habits liturgiques et de gardes suisses en costume d’apparat.

Fermant le cortège, les membres de la Conférence des évêques suisses, Mgr Diego Causero, nonce apostolique en Suisse et au Liechtenstein, Mgr Jean-Claude Périsset, nonce apostolique en Allemagne, quatre évêques venus de France voisine, les Abbés de St-Maurice et d’Einsiedeln, Dom Mauro-Giuseppe Lepori, Abbé général de l’Ordre cistercien, le Père Abbé d’Hauterive, le prévôt du Grand-Saint-Bernard, des représentants de l’ordre des prêcheurs, la congrégation des dominicains dont fait partie le nouvel évêque. Pour bien souligner la haute estime dont jouit Mgr Morerod à Rome, le cardinal William Joseph Levada, préfet de la congrégation romaine pour la doctrine de la foi, avait fait le déplacement à Fribourg, ainsi que le cardinal Georges Marie Martin Cottier, lui aussi religieux dominicain, chargé de présider la cérémonie d’ordination de son confrère.

Conduire le diocèse sur les chemins de la «nouvelle évangélisation»

Celle-ci a débuté par la lecture par Mgr Pierre Farine de la bulle papale de nomination, signée par le pape Benoît XVI. L’évêque auxiliaire à Genève, qui a assumé la charge d’administrateur diocésain depuis le décès de Mgr Genoud, l’a fait en partie en allemand, eu égard à la minorité germanophone du diocèse. Mgr Morerod a dû alors décliner sa profession de foi et prêter le serment d’allégeance au pape. Au cours de son homélie, le cardinal Cottier s’est adressé à son «cher frère Charles», pour souligner qu’il avait à conduire son diocèse sur les chemins de la «nouvelle évangélisation».

«Nous devons cette expression (de ’nouvelle évangélisation’, ndr) à Jean Paul II, qui entendait répondre à la situation religieuse de nombreux pays, notamment en Europe occidentale», a déclaré le cardinal Cottier. Le théologien émérite de la Maison pontificale a alors relevé le nombre important de ceux qui s’éloignent de l’Eglise, «comme si la première évangélisation, qui a apporté aux peuples européens la lumière du Christ avec ses fruits de culture et de civilisation, avait épuisé son énergie». La difficulté, a-t-il poursuivi, tient à ce que beaucoup se détachent du christianisme, qu’ils croient connaître, mais qu’ils ne connaissent plus.

Le nouvel évêque appelé à faire face aux défis qui l’attendent

Le phénomène est frappant dans les jeunes générations: «On se débarrasse d’un passé dont on pense qu’il n’a plus rien à nous apporter et sur lequel circule une série de clichés négatifs. C’est à des personnes blasées, souvent hostiles, que la parole du salut doit être adressée». Le cardinal Cottier a alors encouragé son «cher frère Charles» à faire face aux défis qu’il est appelé à relever.

Un rite sacramentel réglé selon un rite très ancien

Le rite sacramentel de l’ordination épiscopale, réglé selon un rite très ancien, a alors débuté avec l’invocation de l’Esprit Saint. Mgr Morerod s’est engagé solennellement, devant la foule rassemblée, à s’acquitter des devoirs de la charge épiscopale: l’annonce de l’Evangile «avec fidélité et sans relâche», la transmission du dépôt de la foi «dans sa pureté et son intégrité», la construction et le maintien de l’unité de l’Eglise, «avec le collège des évêques, sous l’autorité du successeur de Pierre», le service aux pauvres, aux étrangers et à tous ceux qui sont dans le besoin, le service du culte et de la prière.

Allongé ensuite la face contre terre, en signe d’humilité, Mgr Morerod va écouter la lecture de la litanie des saints. Tour à tour, à la suite du cardinal Cottier, les évêques présents vont, en silence, imposer les mains au futur évêque. Puis ils prononcent la grande prière d’ordination, tandis que l’évangéliaire est tenu au-dessus de la tête de l’ordinand pour bien montrer que c’est l’Evangile qui donne son orientation fondamentale au ministère épiscopal.

L’onction du nouvel évêque avec de l’huile est le signe que le nouvel ordonné reçoit la force de l’Esprit Saint afin que son ministère soit fécond. Le livre des Evangiles est remis au nouvel évêque pour manifester sa fonction prophétique. Pour terminer, le nouvel évêque reçoit les signes distinctifs de l’épiscopat: l’anneau, la mitre et la crosse.

Pour bien montrer que l’évêque Charles Morerod prend ainsi possession du diocèse de Lausanne, Genève, Fribourg et Neuchâtel, le cardinal Cottier a invité le nouvel évêque à s’asseoir sur la cathèdre, le siège de l’évêque, où il y prend place désormais. C’est alors qu’en signe d’accueil au sein du collège épiscopal, les évêques présents vont échanger le baiser de paix avec le nouvel ordonné, concluant ainsi l’ordination de Mgr Morerod. Le nouvel évêque va ensuite être conduit par Mgr Norbert Brunner, évêque de Sion et président de la Conférence des évêques, et par Mgr Farine, à travers la cathédrale pour donner sa bénédiction aux fidèles.

Le vœu des autorités politiques

A la fin de la cérémonie, au nom des autorités politiques des autres cantons diocésains – Genève, Neuchâtel et Vaud – Erwin Jutzet, président du Conseil d’Etat du canton de Fribourg, a salué le nouvel évêque par des paroles chaleureuses. «Votre arrivée comble un manque dans les cœurs et les esprits d’un grand nombre de nos concitoyennes et de nos concitoyens. Un manque qui n’a cessé de grandir depuis le décès de Mgr Bernard Genoud», a-t-il relevé. «Bien qu’accaparés par la gestion des affaires séculières et par la relève des défis qui s’offrent à nos cantons respectifs, nous avons perçu les grandes attentes que suscitait dans la population la vacance à la tête du diocèse».

Le magistrat socialiste s’est dit sûr que le nouvel évêque sera proche des gens et de leurs préoccupations, «un évêque jetant sur les grandes questions de notre temps une lumière de spiritualité, de générosité et d’humanisme».

Au nom de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), et également de l’Eglise évangélique-réformée du canton de Fribourg, le pasteur Daniel de Roche a apporté ses plus vives félicitations au nouvel évêque. Il quitte le monde académique romain pour se consacrer au monde «moins ’angélique’, plus terre-à-terre, des paroisses de ce grand diocèse» (Allusion au fait que le Père Morerod était jusqu’à présent recteur de l’»Angelicum», l’Université Saint-Thomas d’Aquin, à Rome, ndr). Evoquant la devise du nouvel évêque «Mihi vivere Christus est – Pour moi, vivre, c’est le Christ», il lui a rappelé que la société d’aujourd’hui a plus que jamais besoin de témoins du Christ qui soient crédibles. «Nous le savons tous, a-t-il insisté, le fil de la tradition chrétienne s’effiloche, c’est pourquoi béni soit chacune et chacun qui vit le Christ, qui vit pour le Christ de manière visible!».

Contrairement à la tradition, le Conseil fédéral n’était pas représenté par l’un de ses membres. Par contre, d’autres communautés religieuses de Suisse – catholique-chrétienne, anglicane ainsi qu’Eglise orthodoxe et communautés israélite, musulmane et bouddhiste de diverses obédiences et affiliations – avaient fait le déplacement de Fribourg. (apic/be)

11 décembre 2011 | 20:35
par webmaster@kath.ch
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