Débat sur la légitimité morale de l’infanticide

Grande-Bretagne: Le «Journal of Medical Ethics» jette un pavé dans la mare

Londres, 1er mars 2012 (Apic) En ouvrant le débat sur la légitimité morale de l’infanticide, la revue britannique «Journal of Medical Ethics» jette un pavé dans la mare et suscite de vives réactions dans la société anglaise.

L’infanticide d’un bébé peut-il être considéré d’un point de vue éthique comme l’équivalent d’un avortement ? Telle est la question que posent Alberto Giubilini, professeur à Milan, et Francesca Minerva, professeure à Melbourne. Selon eux, on devrait, sur le plan théorique, être autorisé à tuer des nouveau-nés dont l’état de santé physique ou mentale aurait justifié un avortement.

Dans leur article intitulé «After-birth abortion: why should the baby live?» (avortement post-natal : pourquoi le bébé devrait-il vivre ?), les deux chercheurs estiment que les foetus et les nouveau-nés n’ont pas le même statut moral que des personnes réelles. Et que par conséquent une loi qui permet l’avortement pour certaines raisons devrait permettre l’infanticide pour les mêmes raisons.

Une société qui tue ses enfants n’a pas d’avenir

Lord Alton, co-président du groupe parlementaire interpartis pour le droit à la vie, s’est dit choqué qu’une revue d’éthique médicale accorde de la place dans ses colonnes à une telle thèse. Pour lui, ce fait n’illustre pas une pente glissante, mais le bourbier dans lequel la déontologie et la société se sont enfoncées. L’infanticide est la suite logique pour une société qui autorise l’avortement jusqu’à la veille de la naissance, relève-t-il. Le choix personnel a éclipsé le caractère sacré de la vie. Pour Lord Alton il est profondément inquiétant et choquant, de voir des personnes, dont c’est la charge de former des professionnels de la santé, abandonner ainsi la croyance traditionnelle dans l’aspect sacré de la vie humaine.

«Il a été dit qu’un pays qui tue ses propres enfants n’a aucun avenir. C’est vrai. Et un pays qui accepte l’infanticide ou le meurtre d’une petite fille ou un petit garçon à cause de leur sexe, le meurtre d’un bébé à cause d’une incapacité, ou le meurtre d’un enfant parce que son arrivée serait inopportune, perd aussi son droit à s’appeler civilisé.»

Pour Julian Savulescu, éditeur du journal, «ce qui est inquiétant n’est pas les arguments de l’article, ni sa publication dans un journal d’éthique. C’est les réponses hostiles, abusives, menaçantes qu’il a provoquées. Plus que jamais, une discussion universitaire appropriée et la liberté sont menacées par des fanatiques opposés aux valeurs mêmes d’une société libérale.»

Pour l’éditeur, l’article n’est pas un argument en faveur de l’infanticide. Il cherche plutôt à prendre en considération les intérêts maternels et familiaux. Le but de son journal n’est pas de présenter la Vérité ou promouvoir une morale. Il doit présenter les arguments de la dispute de manière raisonnée. (apic/catholic herald/mp)

1 mars 2012 | 16:05
par webmaster@kath.ch
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