Fribourg: Fermeture de la librairie Saint-Paul après 120 ans d’existence
Le livre religieux ne fait plus recette
Fribourg, 27 mars 2012 (Apic) L’évolution du marché du livre religieux et une concurrence toujours plus forte ont eu raison de la librairie Saint-Paul à Fribourg. Fondée il y a 120 ans, elle fermera définitivement ses portes le 31 mai prochain. L’Oeuvre Saint Paul ne peut plus assumer les pertes au nom de son but idéel : l’apostolat de la presse, constate son directeur Jean Bernard Repond.
«Ce n’est jamais agréable d’assumer une telle décision. Sans exagérer c’est une page d’histoire qui se tourne. La librairie Saint-Paul était une des plus anciennes enseignes en ville de Fribourg. Elle a été la vitrine de l’apostolat de l’œuvre pendant 120 ans,» commente Jean-Bernard Repond, son directeur depuis 1985.
La détérioration des affaires de la librairie est inexorable. Le déclin amorcé il y a une dizaine d’années s’est encore aggravé depuis quatre ans. Depuis 2002, la librairie a perdu 40% de son chiffre d’affaires et même 55% dans le domaine religieux, explique son directeur. La diminution de l’intérêt pour les questions religieuses, le recul du nombre d’étudiants en théologie, la fermeture de l’Ecole de la Foi en 2006, le vieillissement du clergé et des congrégations religieuses, expliquent ce recul. A cela s’ajoute la forte concurrence de deux nouvelles enseignes, Payot et la FNAC, installées au centre-ville à la fin des années 1990. Le secteur religieux atteignait en 2011 encore le tiers du chiffre d’affaires global.
Créée à la fin du XIXe siècle dans la foulée de la création de l’Oeuvre Saint Paul, la librairie a été pendant longtemps spécialisée dans le domaine religieux. Déjà menacée dans les années 1980, elle s’était profondément modernisée et depuis 1987, avait ouvert ses rayons à la littérature générale et à la littérature pour la jeunesse. A noter que la seconde librairie du groupe Saint Paul, «Le Vieux Comté» à Bulle, est maintenue, car l’environnement concurrentiel est nettement plus faible.
Les locaux de la librairie sur le boulevard de Pérolles seront affectés à une autre des activités du groupe, mais rien n’est encore décidé.
Du côté de Saint-Augustin la situation reste saine
«La disparition d’une librairie est toujours une grande perte. Cela illustre l’état critique de la branche en Suisse romande», commente Dominique-Anne Puenzieux, directrice de l’œuvre Saint-Augustin à St-Maurice. La librairie Saint-Augustin de Fribourg est toujours restée modeste et n’était pas en concurrence directe avec Saint-Paul avec qui les relations ont toujours été très bonnes.
«Pour nos deux librairies de St-Maurice et de Fribourg, la situation reste saine, malgré un recul du chiffre d’affaires de 7% l’an dernier. En outre Saint-Augustin est plus axé sur les ouvrages de spiritualité grand public qui souffrent moins de l’érosion du lectorat que la littérature universitaire plus spécialisée, relève D. Puenzieux.
L’appartenance au réseau de librairies catholiques francophones de ’La Procure’ facilite aussi la vente sur catalogue qui représente 1/3 du chiffre d’affaires. Le commerce sur internet avec des produits de niche qui ne sont pas disponibles ailleurs s’est bien développé. La vente d’objets religieux et liturgiques ainsi que de papeterie est également un appoint appréciable pour les librairies Saint-Augustin.
Depuis quelques années, la Suisse romande a connu la disparition de la plupart des ses librairies religieuses, notamment en 2002 la librairie protestante de l’Ale à Lausanne suivie en 2003 par la librairie catholique La Nef, et en 2005 la librairie du Passage à Genève. (apic/com/mp)