La Faculté de théologie n’a pas pu décerner de doctorats honoris causa
Fribourg : Clôture du centenaire de l’Université (151190)
Les étudiants en théologie manifestent dans la bonne humeur
Fribourg, 15novembre(APIC) Le «dies academicus», la traditionnelle journée de l’Université de Fribourg, s’est déroulé cette année sous le signe
d’une contestation étudiante plutôt bon enfant. Jeudi, les étudiants en
théologie de la section de langue allemande ont en effet profité de la
journée de clôture officielle du centenaire de l’Université et de la Faculté de théologie pour protester en chanson contre les «interventions romaines» qui n’ont pas permis cette année à leur Faculté de décerner des titres
de docteurs honoris causa. La brève occupation de la scène et une chanson
affirmant «la pensée est libre, la théologie aussi», a été applaudie par
une majorité de participants présents dans l’aula magna.
La Faculté de théologie de l’Université de Fribourg avait en effet décidé de décerner, à l’occasion de son centenaire, le doctorat honoris causa à
la Suissesse Marga Bührig, membre du présidium du Conseil oecuménique des
Eglises (COE), au Père dominicain sud-africain Albert Nolan, de l’Institut
pour la Théologie Contextuelle (ICT) de Johannesbourg, à Mgr Arturo Rivera
Damas, archevêque de San Salvador, au pasteur américain James Sanders, professeur à la Theological and Graduate School de Claremont (Californie) et à
Mgr Rembert Weakland, archevêque de Milwaukee. Les statuts de la Faculté de
théologie requièrent qu’elle obtienne, pour décerner le doctorat honoris
causa, l’accord de la Congrégation pour l’éducation catholique, mais ce
«nihil obstat» n’a pas été accordé «pour certaines de ces personnes», a
rappelé le professeur dominicain Jean-Dominique Barthélémy au cours d’une
allocution fort applaudie.
Les étudiants en théologie, dans une documentation distribuée aux participants du «dies academicus», ont révélé qu’il s’agissait du célèbre dominicain Albert Nolan, connu pour son courageux combat contre l’apartheid, et
de l’archevêque américain Rembert Weakland, qui fut abbé primat de l’Ordre
des bénédictins, et qui a participé à la rédaction de la lettre pastorale
des évêques américains sur l’économie. Le P. Barthélémy n’a pas confirmé
ces noms lors de son discours, et la Faculté, «ne voulant pas mettre directement ou indirectement dans une situation pénible ceux qu’elle voulait honorer, a donc renoncé à décerner toute distinction». Le fait que les instances romaines aient, selon diverses sources, considéré comme «personae
non gratae» ces deux personnalités connues internationalement, a suscité un
grand émoi non seulement parmi les étudiants, mais également dans la communauté universitaire et parmi les autorités politiques.
Le conseiller d’Etat Marius Cottier, directeur de l’instruction publique
et des affaires culturelles du canton de Fribourg, après avoir souligné que
l’Eglise catholique était seule compétente pour définir le contenu de son
message, a tout de même relevé que «les autorités de l’Etat sont en droit
d’attendre de la part des organismes chargés des questions universitaires
au sein de la Curie romaine comme de la part de la Faculté de théologie
qu’ils exercent leurs responsabilités avec la retenue commandée par les
circonstances». Reprenant le voeu de la Faculté de théologie et du Rectorat, il a souhaité que la procédure d’octroi de titres honorifiques soit
réexaminée.
En fin de matinée, la messe du «dies academicus» a été célébrée en la
cathédrale St-Nicolas, en présence d’Arnold Koller, président de la Confédération et président d’honneur de la journée, de Mgr Edoardo Rovida, nonce
apostolique, du Père Damian Byrne, maître général des dominicains, et de
l’ensemble de la Conférence des évêques suisses. Au cours de son homélie,
l’évêque du diocèse, Mgr Pierre Mamie, a affirmé que le monde, l’Eglise,
notre pays semblent passer par des «zones de turbulence», et qu’il faut
s’élever «au-dessus de nos turbulences, de nos tensions, de nos hésitations, de nos contrariétés, de nos exaspérations, pour regarder le ciel et,
de plus haut, notre terre, notre Eglise, notre Université».
La théologie, d’abord un acte de foi
Mgr Mamie a alors rappelé que la théologie catholique et son enseignement, tant du côté des enseignants que des étudiants, «s’appuie, dès la
première seconde de ses recherches, sur un acte de foi», et que pour les
théologiens, «c’est là, sur les tombes de Pierre et de Paul (à Rome, nda),
que se trouvent les sources de notre liberté, liberté d’hommes et de femmes, liberté de savants, liberté de théologiens, liberté de croyants». Et
d’affirmer que même si le personnel de l’Eglise peut être imparfait et maladroit, «ce personnel reste pour nous le chemin sûr qui conduit à la joie
de la découverte de la Vérité et de son rayonnement sur le monde».
Si la Faculté de théologie n’a honoré personne cette année, la Faculté
des sciences a tout de même décerné deux titres de docteurs honoris causa :
à l’abbé Giovanni Maria Colombo, de Caslano (TI), pionnier dans l’aide aux
handicapés mentaux dans le canton du Tessin, et à Johannes Piiper, de Göttingen, directeur de l’Institut Max-Planck pour la médecine expérimentale.
L’Université a encore décerné le titre de sénateur honoraire à Rainer Weibel, ancien conseiller national et président du Conseil de l’Université, et
nommé six nouveaux membres d’honneur. Elle a également signé des conventions avec l’Université d’Etat de Kazan (URSS) dans les domaines des lettres et du droit. (apic/be)