Rome: Interview de l’archevêque de Poitiers, venu à Rome recevoir le pallium

Traditionaliste: L’unité n’est pas une unité de façade

Rome, 29 juin 2012 (Apic) L’archevêque de Poitiers, Mgr Pascal Wintzer, a reçu des mains de Benoît XVI le pallium remis à 43 autres archevêques métropolitains du monde entier. La cérémonie s’est déroulée dans la matinée du 29 juin 2012, au Vatican, à l’occasion de la fête des saints Pierre et Paul. I.MEDIA a rencontré le prélat français, nommé à Poitiers en janvier dernier. Il évoque à la fois le sens du pallium, l’Année de la foi, et la réception en France des discussions avec les lefebvristes ou l’affaire dite des ›Vatileaks’.

Quel est le sens de ce pallium remis par le pape?

Mgr Pascal Wintzer: Le pallium symbolise ce qui est le propre de tout évêque, qui est d’abord le pasteur de son diocèse, mais qui a également une mission par rapport à l’Eglise universelle. C’est d’ailleurs ce que le Concile Vatican II a souligné, en créant le synode des évêques. Les archevêques, de manière plus particulière, sont appelés à entretenir ce lien de communion avec le siège de Pierre, mais aussi avec les évêques d’une province.

Comment s’inscrit votre diocèse dans les propositions romaines comme l’Année de la foi ou l’accent mis sur la nouvelle évangélisation?

PW: Concernant la première évangélisation, nous avons plus particulièrement à Poitiers des initiatives autour d’une personne ayant créé un parcours d’initiation à la foi, appelé «B’ABBA», qui fonctionne avec des rencontre de voisinage ou amicales. La foi est présentée à des personnes qui ne la connaissent pas, à travers des rencontres de proximité. Cela s’inscrit dans la prise de conscience, en France comme dans d’autres pays européens, qu’une bonne partie de la population n’est plus marquée par la référence à la foi chrétienne depuis les années 1950.

La mission de l’Eglise n’est pas uniquement d’entretenir les croyants dans leur foi – ce qu’elle fait de manière noble -, mais aussi d’initier à la foi des personnes qui ne l’ont pas. On voit bien d’ailleurs comment le catéchuménat est une réalité actuelle importante dans les diocèses d’Europe.

Comment est reçue dans vos paroisses la discussion en cours entre Rome et les traditionalistes de la Fraternité Saint-Pie-X, en vue d’une réconciliation?

PW: C’est d’abord la crainte qui domine chez les fidèles. Mais nous, évêques, avons à dire que le travail pour l’unité et la communion entre tous les catholiques doit avoir lieu, et que cette communion doit être faite autour de principes clairs pour qu’elle soit reçue de manière juste. Si elle est un petit peu floue, l’Eglise sera une sorte de maison où chacun aura son petit appartement et où il fera ce qu’il voudra. A mon avis, ce n’est pas cela la communion de l’Eglise.

Il est normal qu’il faille beaucoup de temps, avec des incompréhensions de part et d’autres, des questions posées. Car cela permettra que l’unité ne soit pas une unité de façade, mais plus profonde. Ce sera difficile, car les divisions ont fait suite au Concile Vatican II. Il y a eu ensuite l’excommunication de Mgr Lefebvre et des quatre autres évêques, désormais levée. Mais on est dans l’année du 50e anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II et, à mes yeux, l’un des principes clairs qui permettra la communion est l’accord autour des textes de Vatican II et du magistère des papes suite au Concile. Vatican II n’est pas une série de textes où chacun pourrait prendre ce qui lui convient, mais une architecture globale à laquelle tout le monde doit adhérer. Notre rôle d’évêques est aussi de redire ce qu’a affirmé le Concile au-delà de certaines interprétations un peu larges et floues dans l’Eglise catholique.

La curie romaine est secouée par une crise provoquée par la fuite de documents confidentiels. Comment cette nouvelle affaire est-elle reçue en France?

PW: Les catholiques sont partagés entre incompréhension et tristesse. L’incompréhension, parce que l’on ne comprend pas bien les tenants et les aboutissants de cette affaire. Et puis, face aux faits, ils ressentent de la tristesse, car l’Eglise, qui est leur famille, se trouve ternie, sans rentrer dans le bien-fondé de telle ou telle information. (apic/imedia/ami/ggc)

29 juin 2012 | 14:59
par webmaster@kath.ch
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