Suisse: 250 personnes à la Journée œcuménique organisée par les Focolari à Berne

Œcuménisme: où va-t-on ? s’interroge le cardinal Kurt Koch

Berne, 8 novembre 2012 (apic) Là où la souffrance face à la division des chrétiens n’existe plus, l’œcuménisme ne va pas bien. Telle est la principale conviction issue du débat tenu le 8 novembre 2012 à Berne, entre le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, le pasteur Gottfried Locher, président du Conseil de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) et Maria Voce, présidente des Focolari.

L’invitation du mouvement des Focolari à débattre de l’avenir de l’œcuménisme a fait mouche puisque pas moins de 250 personnes de diverses confessions et régions de Suisse ont fait le déplacement à Berne pour entendre les trois intervenants.

Le principal danger pour l’oecuménisme serait de ne plus en souffrir, a relevé Maria Voce. Le paradoxe n’est qu’apparent. «Plus on se rapproche, plus on s’aime. Plus on s’aime, plus on ressent la douleur de la séparation», a-t-elle expliqué. Et c’est finalement la souffrance face au scandale de la division qui est le principal moteur de la recherche de l’unité des chrétiens. Pour la présidente du mouvement des Focolari, l’œcuménisme est une expérience prophétique. Or le prophète n’est pas quelqu’un de tranquille, car il a une forte conscience de la mission que Dieu lui a confiée au risque souvent de la persécution.

Gottfried Locher se défie aussi d’un oecuménisme qui ne serait conçu que comme les «relations extérieures» des diverses Eglises. Mais nos Eglises veulent-elles vraiment le changement qu’exige la recherche de l’unité ? Sont-elles capables de prendre ce risque ? s’interroge-t-il.

Obligatoire et irréversible, tels sont les deux mots qui caractérisent l’œcuménisme pour le cardinal Kurt Koch. Obligatoire parce qu’il répond à la demande du Christ «Que tous soient un», irréversible parce que le Concile Vatican II et tous les papes de Jean XXIII à Benoît XVI en ont fait le cœur de leur prédication et de leur action.

Absence de but commun

Pour le président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, le problème actuel est que le but du mouvement œcuménique, à savoir l’unité visible des chrétiens, est devenu de moins en moins clair au fil des dernières décennies. «Aujourd’hui nous ne sommes pas capables d’avoir une compréhension commune de ce but.» C’est ce qui explique la précarité de la situation. Le danger existe que les chemins prennent des directions divergentes et que finalement l’on s’éloigne encore plus les uns des autres. Pour le cardinal, la conviction profonde est que l’œcuménisme est l’œuvre généreuse de l’Esprit Saint qui le conduira quand, là, et où il le veut. La responsabilité des chrétiens est de collaborer à cette œuvre avec «passion et patience», qui ne sont pas deux attitudes opposées.

Le pasteur Locher reconnaît le chemin parcouru au cours de ce demi-siècle dans le dialogue et la reconnaissance mutuelle. Mais aujourd’hui, à force de réconciliation et de consensus, on risque de manquer de clarté. Les divergences ne perdurent pas seulement entre protestants et catholiques, mais entre protestants eux-mêmes. Pour en sortir, il propose de reprendre le débat par la question centrale de la présence du Christ dans son Eglise, à travers l’eucharistie les catholiques, à travers la prédication et la Cène chez les protestants. Car de là découle finalement la conception propre de chaque Eglise. Dans ce sens, il fait trois propositions concrètes. Il s’engage à ce que les réformés célèbrent la Cène de manière plus joyeuse pour manifester la présence du Christ pas seulement dans la prédication. Il propose aux catholiques d’ouvrir les portes de l’intercommunion afin de permettre au plus grand nombre de vivre l’expérience eucharistique. Enfin il propose au cardinal d’écrire ensemble un petit ouvrage sur la notion de «Wandlung» (Le changement. En allemand ce mot s’utilise aussi pour parler de la transsubstantiation eucharistique, ndr). Le cardinal a demandé au moins une nuit pour y réfléchir.

L’intercommunion ne peut pas être le but de l’œcuménisme

En prônant l’intercommunion, on donne l’impression qu’il s’agit du but de l’œcuménisme, répond Kurt Koch. L’intercommunion – le mot en lui même est assez curieux, ajoute-t-il – ne peut pas être une «consolation» de ne pas avoir la communion tout court. Le but de l’œcuménisme au plan théologique est bien la communion eucharistique, mais elle ne peut pas avoir lieu sans communion ecclésiale. En outre réduire les Eglises à la célébration de la liturgie n’est pas juste. Surtout quand on constate dans nos pays que guère plus de 10% des gens fréquentent encore les églises ou les temples.

L’œcuménisme marche sur deux jambes, la recherche de l’unité mais aussi le témoignage et l’engagement commun dans la société. Dans ce sens, pour le cardinal Koch, la nouvelle évangélisation ne peut être qu’œcuménique.

A la question comment répondre à l’appel de Jésus pour l’unité ? Maria Voce cite la réponse de Chiara Lubich, fondatrice des Focolari «Ce n’est pas nous qui faisons les programmes. La partition est écrite au ciel». (apic/mp)

8 novembre 2012 | 16:54
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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