Briser l’»omerta» imposée aux victimes
Australie: Un nouveau scandale d’abus sexuels touche la communauté juive
Melbourne, 27 novembre 2012 (Apic) Un scandale d’abus sexuels impliquant des enfants touche une nouvelle fois la communauté juive d’Australie. Il survient quelques jours après que la Premier ministre australienne Julia Gillard a annoncé, le 12 novembre dernier, la mise sur pied d’une commission royale chargée d’investiguer sur les cas d’abus sexuels au plan national. Elle enquêtera sur «toutes les organisations religieuses», mais également sur les ONG, les organisations caritatives de l’Etat, les écoles, les services d’aide à l’enfance et la police.
Une nouvelle organisation juive importante de Melbourne est impliquée dans un scandale d’abus sexuels sur mineurs. Cette affaire s’ajoute au traumatisme causé par les récentes révélations de cas semblables touchant des élèves d’écoles de Melbourne appartenant aux organisations Chabad-Lubavitch et Adass Israel, rapporte le quotidien israélien «Haaretz» du 26 novembre. La publication du nom de cette organisation, de celui de l’abuseur présumé et de celui de ses victimes a été interdite par un tribunal australien.
Ce cas concerne un homme accusé dans plus de 25 cas d’abus sexuel sur des enfants. Les abus présumés auraient été commis durant un voyage à l’étranger, il y a une décennie. L’abuseur ne serait pas juif. Les plaignants ne sont pas non plus tous juifs, selon un représentant du bureau du Procureur général.
Etouffer les scandales dans la communauté est habituel
Manny Waks, qui appartient au milieu hassidique, est sorti de son silence l’an dernier pour dénoncer les abus sexuels subis deux décennies auparavant quand il était élève au Collège Chabad’s Yeshivah. Il a déclaré à la presse qu’il était «anéanti» par l’habitude d’étouffer les scandales dans sa communauté. «Ces nouvelles révélations mettent en évidence le fait que les cas d’abus sexuels sur mineurs n’arrivent pas dans un unique secteur de notre communauté», a-t-il déclaré à Haaretz.
Alors que l’Eglise catholique australienne était sous le feu des projecteurs des médias, les premières dénonciations d’abus sexuels dans la communauté juive d’Australie faisaient surface en 2008. Des accusations étaient alors portées contre Malka Leifer, ancien directeur de l’école des filles Adass Israel. Le grand rabbin d’Adass Israel, Avraham Zvi Beck, et d’autres responsables, ont été accusés d’avoir aidé Malka Leifer à s’enfuir d’Australie et à se réfugier en Israël lorsque les allégations d’abus ont fait surface dans la communauté. D’autres accusations d’abus commis contre 12 élèves du Yeshivah College ont été lancées l’an dernier, pour des actes commis dans les années 1980.
Se taire pour ne pas devenir la honte de la communauté
Dans ce milieu, peut-on lire, les familles dont les enfants ont été abusés étaient en colère mais effrayées à l’idée de porter plainte. Elles ne voulaient pas que leurs filles soient la honte de la communauté, et «c’est une réelle tragédie». Des rabbins ont fait pression sur les victimes afin qu’elles se taisent. Manny Waks affirme que sa famille a été la cible de compagnons du mouvement des Loubavitch qui ne voulaient pas qu’il rende les faits publics. Aujourd’hui, il dit recevoir de plus en plus d’allégations d’abus commis sur des enfants venant des communautés juives de Melbourne, Sydney et Perth.
Certains rabbins, arguant de soi-disant raisons halachiques (relevant de la loi religieuse juive), ont dissuadé les plaignants de porter plainte. Dans un communiqué publié le 14 novembre, le Conseil rabbinique de l’Etat de Victoria a rappelé à la communauté juive australienne que ces raisons étaient «dénuées de tout fondement». (apic/haar/be)