L’image du «Panzerkardinal» s’est allégée avec le temps

Rome: Le journaliste Bernard Lecomte parle du désamour des médias pour Benoît XVI

Rome, 21 février 2013 (Apic) Entre les médias et Benoît XVI, «ça ne colle pas». C’est ce qu’a affirmé le 20 février 2013 sur Radio Vatican l’écrivain et journaliste français Bernard Lecomte. Ce spécialiste de la papauté contemporaine est revenu sur les principales crises médiatiques du dernier pontificat. Il a tout de même estimé que l’image du pape allemand a évolué positivement.

Les déclarations de Benoît XVI sur l’islam et la violence à Ratisbonne en 2006 avaient provoqué de vives controverses, notamment dans les pays musulmans. Ses propos sur l’efficacité du préservatif ont aussi été mal accueillis. Plus tard, la levée de l’excommunication de l’évêque négationniste Richard Williamson et le procès de béatification en cours du pape Pie XII, dont l’action en lien avec la Shoah est toujours controversée, ont aussi posé problèmes. Ce sont autant de polémiques qui ont jalonné le parcours du pape depuis son élection, en 2005. Pour Bernard Lecomte, elles sont le fruit d’une mauvaise interaction entre le pape et les médias.

«Cela ne colle pas entre les médias et le pape, dès le départ, et c’est réciproque», a indiqué le journaliste. Le Vatican a du mal à s’adapter aux moyens de communication modernes et ceux-ci ne peuvent concevoir le pape comme un interlocuteur «comme les autres».

L’inculture religieuse des médias

Pour Bernard Lecomte, il ne s’agit pas pour autant d’un «acharnement». Il a préféré parler d’une évolution des médias, qui a généré une «inculture religieuse généralisée». Aujourd’hui, a-t-il expliqué, 90 % des journalistes ne savent pas faire la différence entre les chiites et les sunnites, entre la Torah et le talmud, ou entre un synode et un conclave, sans compter la progression du «laïcisme».

Cette évolution des médias s’est doublée d’une véritable évolution sociétale vers un «individualisme systématique» menant au relativisme et au rejet de toute institution.

Le bon côté des scandales

Certes, Benoît XVI n’est «pas un homme de communication comme l’a été Jean Paul II», a reconnu le journaliste. Mais il faut voir le bon côté des choses, dans la mesure où les scandales auront certainement permis une prise de conscience au Vatican. Beaucoup de cardinaux, d’évêques et de responsables de la curie romaine sont dorénavant «prêts à écouter les rares hommes de communication du Vatican». Il va peut-être y avoir un certain nombre de progrès de fait, a-t-il noté. Le successeur de Benoît XVI aura sans doute moins de mal à s’adapter à l’évolution des médias modernes.

Mauvais départ, mais arrivée honorable

Au-delà des scandales et des polémiques, reste l’image de Benoît XVI en tant que tel. Il a été présenté dès avant son élection au siège de Pierre, comme le «Panzerkardinal», gardien intransigeant de la foi. Son image a été très mauvaise, dès le départ, a remarqué Bernard Lecomte. Il a souligné toutefois l’influence positive de ses voyages, qui ont fait «bouger les lignes». En 2008, lors de son déplacement en France, les gens ont pu découvrir un «vieux monsieur très gentil, timide, très précis dans son propos». L’écrivain a évoqué la «bonne image relative» dont jouit aujourd’hui le pape allemand dans la population française.

Bernard Lecomte est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés sur la papauté et le Vatican, dont notamment «Les secrets du Vatican» (2011), «Les derniers secrets du Vatican» (2012) ou encore «Pourquoi le pape a mauvaise presse» (2009). (apic/imedia/mm/rz)

21 février 2013 | 09:52
par webmaster@kath.ch
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