Sénégal: Une dizaine d’enfants talibés périssent dans un incendie

Ils mendiaient pour le compte d’un maître coranique

Dakar, 10 mars 2013 (Apic) Une dizaine d’enfants mendiants, talibés, qui avaient été confiés à un maître coranique sont morts brûlés vifs, le 4 mars dernier dans l’incendie de leur chambre, pendant qu’ils dormaient. Le drame, qui a eu lieu dans le quartier de la Médina, non loin du centre ville de Dakar, provoque un bras de fer entre le gouvernement et le lobby des maîtres coraniques du Sénégal.

Selon un bilan officiel, ce sont neuf enfants talibés qui ont péri dans l’incendie du début de semaine dernière.

Au Sénégal, les talibés sont des enfants de familles installées en milieu rural, confiés à des maîtres coraniques pour l’apprentissage du livre sacré de l’islam. Mais ces marabouts les envoient souvent mendier dans les rues, de l’aube au coucher du soleil, en fixant à chaque talibé un montant qu’il est tenu de lui apporter. Ils parcourent habituellement les rues des grandes villes en demandant l’aumône, une sébile à la main. Ils sont mal nourris, mal logés, et mal entretenus. Ils vivent entassés dans des baraquements, sans eau, électricité ni toilettes. Ils dorment à même le sol, sur des lits de fortunes.

Pour les marabouts et leurs parents, ces difficiles conditions de vie forment les talibés à la vie communautaire, à l’humilité et à l’endurance.

Le gouvernement réagit

Lors d’une visite sur les lieux du sinistre, le 4 mars, le président sénégalais Macky Sall a promis ’’des mesures très sévères» contre l’exploitation des enfants talibés. Des mesures censées s’appliquer à tous ceux qui organisent la mendicité des enfants.

Le 6 mars, le Premier ministre, Abdoul Mbaye, a annoncé que son gouvernement allait vers «l’interdiction totale» de la mendicité des enfants dans les rues. Il a invité ses compatriotes à «s’impliquer dans la lutte contre ce fléau», et leur a demandé de dénoncer les faux marabouts à la police.

En réponse, le président national du Collectif des daaras (les écoles coraniques informelles), Sérigne Omar Tandiang, a regretté «l’immobilisme» de l’Etat dans la prise en charge des problèmes de ce sous-secteur de l’éducation. Il a rappelé la signature, sans suite, d’un accord-cadre entre le collectif et l’Etat, destiné à réglementer l’enseignement coranique au Sénégal.

Les Imams et prédicateurs ont dénoncé la volonté du gouvernement, de lutter contre la mendicité des enfants talibés. Assane Seck, vice-président de l’Association des Imams et prédicateurs du Sénégal, a toutefois prôné le dialogue, afin de trouver «des solutions consensuelles» au problème.

En revanche, des organisations de maîtres coraniques se sont insurgées contre la volonté du gouvernement d’interdire la mendicité des enfants dans la rue. Ils se sont déclarés  » meurtris et indignés» par ce projet, et ont menacé de «marcher sur le palais présidentiel». (apic/ibc/rz)

10 mars 2013 | 17:17
par webmaster@kath.ch
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