Ouvrage du prêtre valaisan Joël Pralong sur l'approche des homosexuels par l'Eglise
L’homosexualité constitue toujours un combat et souvent une souffrance
Sion, 22 mars 2013 (Apic) «Mais qui a dit que Dieu n’aimait pas les homos?» Telle la question posée par le prêtre valaisan Joël Pralong dans un récent ouvrage (*). Pour cet ancien infirmier en psychiatrie, «l’homosexualité constitue toujours un combat et très souvent une souffrance pour les concernés».
Joël Pralong est doyen du décanat de Vex en Valais et curé in-solidum du secteur de Nendaz. Ordonné prêtre par Jean Paul II à Sion en 1984, il est l’auteur de 11 ouvrages sur des thèmes aussi divers que l’angoisse, la dépression, le suicide, la culpabilité, la mort, mais aussi Paul de Tarse, Thérèse de Lisieux, le curé d’Ars, …
Apic: Nous vivons une période de bouleversements face à l’homosexualité: revendications (PACS, adoption), tensions vives dans certaines Eglises sur la question de l’ordination, démonstrations excessives, … Pourquoi tous ces phénomènes maintenant?
Joël Pralong: C’est le signe d’une fracture dans la société entamée avec mai 68. Depuis, les langues se délient, les libertés individuelles s’affirment, les tabous tombent ainsi que… l’hypocrisie d’une société patriarcale et légaliste! Durant des siècles, les homosexuels ont dû ravaler, cacher et brimer la lave pulsionnelle qui bouillonne en eux. Avec les gay-prides, ils jettent dans la rue ce qui a toujours été caché, sorte du «retour du refoulé», un peu comme une vengeance ou l’expression d’une colère. L’homosexualité se montre au grand jour, de manière fracassante.
Dans mon ouvrage, j’interpelle l’Eglise: c’est justement le bon moment pour dialoguer avec cette population qui – j’insiste – ne se limite pas à ses revendications, ni ne se réduit à des schémas tout faits dans la conscience collective. Car, encore faut-il le dire, les préjugés sont toujours là, et ils ont la dent dure!
L’homosexualité constitue toujours un combat et très souvent une souffrance pour les concernés. 25% des suicides de jeunes y sont liés. C’est en partant de ces constats que j’ai eu envie de rédiger ce livre.
Mon point de départ éthique est le suivant: on ne peut imposer une vérité ou sa manière de voir sans avoir d’abord ouvert une porte à l’autre, sans lui avoir permis de faire un choix personnel éclairé, sans l’avoir aidé à faire un bout de chemin. On ne peut aider qu’en aimant. C’est là toute l’attitude pédagogique de Jésus, par exemple dans le «dialogue de Jésus avec la Samaritaine» (Jn 4). Jésus n’impose rien du tout, au contraire, il commence par se faire dépendant de la femme en quête de bonheur, chassant par là toute attitude de supériorité: «Donne-moi à boire», lui dit-il.
Apic: Le monde est en quelque sorte en train de découvrir ce qu’est véritablement l’homosexualité …
JP: Les personnes homosexuelles ont longtemps été les victimes de confusions, d’ignorance et de méconnaissance quant à leur vécu. On les jugeait perfides, et on les traitait de pédophiles. Ces préjugés ne concernent pas que l’Eglise, mais la société en général.
Mon livre est d’abord le cri d’un pasteur qui a entendu les personnes homosexuelles et qui a relu de nombreux textes. Je relève d’ailleurs que le terme «homosexualité» ne figure pas dans la Bible! Apparu vers la fin du XIXe siècle, on le retrouve abondamment sous la plume de Freud. L’homosexualité se définit par l’attirance affective et sexuelle vers une personne de même sexe. Pour moi, la principale question à se poser et à débattre en Eglise est celle-ci: cette attirance débouche-t-elle sur un amour vrai qui permet de bâtir une authentique relation entre deux personnes de même sexe? Pour cela, les pasteurs doivent absolument entrer en dialogue avec la population homosexuelle, dans une position d’humble écoute.
Apic: L’Eglise catholique rappelle que le projet de Dieu pour l’humanité se fonde sur l’amour entre un homme et une femme, comme l’exprime la Genèse.
JP: Et cela ne fait aucun doute! Dans l’Ancien Testament, il apparaît que certains actes sexuels risquent de «bousiller» ce projet fondamental, dans un contexte de rébellion contre Dieu. C’est la raison pour laquelle ils sont condamnés, en particulier les actes homosexuels.
Dans le Nouveau Testament également, dans l’épître aux Romains par exemple, il apparaît que des hommes et des femmes en rébellion contre Dieu ont échangé des rapports naturels contre des rapports contre nature. Comprenons bien: il s’agit bien là d’une volonté d’inverser le projet du Créateur inscrit dès «le commencement». Sans vouloir forcer le texte, j’en déduis qu’il s’agit de personnes hétérosexuelles au départ qui, volontairement, pratiquent des actes «contre nature» (homme/homme, femme/femme). Par ailleurs, saint Paul dénonce tout acte sexuel qui détruit la relation, comme l’adultère, l’inceste, etc. Mais la Bible ne connaît pas ce que l’on entend aujourd’hui par «homosexualité», c’est-à-dire des personnes qui présentent une structure homosexuelle foncière, sans l’avoir choisie. En aucun cas on ne peut utiliser la Bible pour condamner ces personnes-là. Tous les biblistes sont unanimes sur ce dernier point. Il faut approcher humblement le phénomène. Tout comme Dieu, l’humain, l’amour, la vie ou la mort, l’homosexualité demeurent un mystère. Et l’on ne peut définir tous les contours d’un mystère, et encore moins l’enfermer dans des règles ou des concepts humains.
Apic: L’Eglise catholique marche sur des œufs lorsqu’elle prend position. D’un côté elle ne veut pas rejeter les personnes homosexuelles, mais elle définit l’union entre un homme et une femme comme le seul modèle familial de base.
JP: De concert avec la société, l’Eglise a longtemps condamné l’homosexualité. Sa pensée a évolué à grande vitesse, ne serait-ce que depuis les années 70. D’ailleurs, dans le domaine éthique, la pensée de l’Eglise est toujours susceptible d’évoluer. Pour ne prendre qu’un seul exemple: sa vision de la sexualité du couple avant et après Vatican II … Dans le catéchisme, l’Eglise ne «diabolise» plus les homos, elle les accueille comme des personnes à part entière, tout en reconnaissant que la genèse de l’homosexualité reste un mystère. Par ailleurs, en cohérence avec sa lecture des textes bibliques, elle leur demande de vivre leur relation dans la chasteté (abstinence sexuelle). A partir de cet enseignement, nous devons nous poser la question: comment exiger d’un jeune, par exemple, l’abstinence à vie alors que tous ses sens reposent sur un volcan! Mine de rien, cette approche soulève bien des culpabilités. D’un côté, on accueille, de l’autre on a l’impression de couper la personne en deux: aimer, oui, mais non à la sexualité! Ce qui laisserait entendre que l’Eglise a des problèmes avec le sexe …
Apic: Alors quelle approche l’Eglise doit-elle adopter face à l’homosexualité?
JP: Personnellement, je préfère partir de la question des relations interpersonnelles: «Comment grandissez-vous dans votre relation? Comment votre amour vous fait-il croître?, etc.» Partir de l’expérience personnelle plus que d’une règle à imposer, permet d’entrer en dialogue, de donner confiance et d’accompagner. Si, avec l’Eglise, je pense que la chasteté est un chemin de maturation humaine et de libération (car bien des personnes la vivent et y trouvent leur équilibre), je prétends qu’on ne peut l’imposer comme une règle morale, elle doit être le fruit d’une longue réflexion et d’une décision adulte. Faut-il rappeler l’axiome: «On peut forcer quelqu’un à marcher, mais on ne peut le forcer à aimer marcher…» Ce serait comme forcer quelqu’un à sauter sur le sommet d’une montagne alors qu’il ne se trouve qu’à la base … Finalement, et c’est aussi l’enseignement de l’Eglise, c’est la conscience éclairée qui décide de son destin, devant Dieu, et non pas l’Eglise.
Un jour, un jeune, très croyant, m’approche et me confie qu’il est condamné parce qu’il se sent homo. Bien vite je le rassure en lui disant que Dieu l’aime tel qu’il est. De lui-même, il décide de suivre l’enseignement de l’Eglise, et de vivre dans la chasteté, comme un don de Dieu à travailler. Mais voilà qu’il tombe amoureux, pour la première fois … N’y tenant plus, il décide de filer le grand amour avec son copain. Pour lui, il en a la certitude, Dieu continuera de l’aimer ainsi. Que dire à ce jeune de 26 ans? Lui imposer l’abstinence? Le clouer au pilori de la culpabilité? Ou bien l’accompagner, si possible avec son ami, pour l’aider (et les aider) à trouver le meilleur chemin qui soit pour lui (pour eux)? C’est cette dernière solution que je choisis, en conscience, celle du pasteur que je suis.
Apic: Beaucoup de personnes se demandent s’il peut y avoir un véritable amour entre deux personnes de même sexe …
JP: Il faut d’abord se demander s’il s’agit d’un amour qui construit ou qui détruit. Pour ma part, je suis convaincu qu’un amour entre deux personnes de même sexe peut être authentique et constructif. Il ne se vivra pas dans une fécondité biologique, mais dans d’autres formes de fécondité, si la voie de la chasteté est impossible.
Cela dit, la chasteté est un chemin possible pour tous, et qui peut toucher autant les personnes homosexuelles qu’hétérosexuelles. Si elle est un véritable don de Dieu, elle se vivra dans un esprit constructif et épanouissant, seul ou à deux.
Cela dit, je ne vais pas pour autant idéaliser les relations homosexuelles. Même si les partenaires peuvent vivre un amour authentique, dans le cadre d’une relation homo, il est assez rare que les couples homosexuels tiennent dans la durée.
Apic: Dans votre livre, il apparaît que la découverte de son homosexualité semble une étape très difficile à traverser.
JP: C’est très vrai. Lorsqu’un jeune vient me dire qu’il aime un garçon, par exemple, il faut d’abord discerner s’il est en pleine évolution ou dans une situation déjà bien définie. Un adolescent, par définition, est en phase transitoire. Beaucoup d’entre eux traversent – de façon passagère – une phase d’attirance homosexuelle.
Apic: Que conseillez-vous à un adolescent qui vous confie son attirance pour des presonnes de même sexe?
JP: Je lui conseille alors de vivre des expériences d’amitié et de ne pas s’engager sur le plan sexuel, de sortir de lui-même, d’aller vers les autres, de vivre des activités de groupe où se vivent la solidarité, le partage, la poursuite d’un objectif commun, d’un idéal élevé… Il faut se laisser le temps de construire sa propre personnalité. J’essaie aussi de le pousser vers l’hétérosexualité et de discerner l’évolution de la personne. Il arrive qu’une souffrance de son enfance l’amène vers une tendance homosexuelle. Pour moi, l’homosexualité n’est pas une simple alternative à l’hétérosexualité. Si sa genèse psychique nous échappe, je remarque qu’il y a souvent, à la base, une blessure d’enfance (manque de père, abandon, viol, etc.). Donc, il n’est pas si simple que cela de trouver sa place comme homo.
Il est important de briser le tabou, pour permettre, le plus tôt possible, la confidence afin de trouver un chemin. Il y a beaucoup de gens mariés qui se redécouvrent homosexuels vers 40 ans. Certains, parfois, se sont mariés en pensant «que ça leur passera», ou par convention sociale, ou encore, pour ne pas déplaire à l’entourage. Et il arrive qu’à 40 ans, un homme quitte sa femme pour un homme et vice versa, après avoir vécu une vie «normale». Nous voilà à nouveau en présence du «retour du refoulé». D’où l’importance d’accueillir, d’écouter et de dédramatiser la situation des personnes qui viennent nous révéler leur tendance homosexuelle. L’Eglise a vraiment un rôle à jouer dans ce domaine.
Apic: Le psychanalyste Carl-Gustav Jung cite de nombreuses qualités caractéristiques des homosexuels: non-violence, disponibilité, sensibilité, … mais aussi: vulnérabilité. Les constatez-vous aussi?
JP: Oui, ils se caractérisent par une hyper-sensibilité.
On trouve d’ailleurs beaucoup de personnes de tendance homosexuelle dans les milieux d’artistes, et même au service de l’Eglise. Il ne faut pas se voiler la face! Et souvent ce sont des gens extraordinaires. Ils ont mis leur sensibilité au service du peuple de Dieu. Ils ont géré leur sexualité de façon constructive.
Apic: Mais en 2005 la Congrégation romaine pour l’Education catholique a émis un document qui fermait la porte de l’admission aux Ordres sacrés des séminaristes présentant des tendances homosexuelles.
JP: Le Père Timothy Radcliff, ancien Maître général de l’Ordre des dominicains, commente et interprète ce document: «Ayant travaillé avec des évêques et des prêtres diocésains et religieux de par le monde, je n’ai aucun doute que Dieu appelle des homosexuels au sacrement de l’Ordre; et il s’en trouve que je range parmi les prêtres les plus engagés et les plus impressionnants que j’aie connus. Ainsi, aucun prêtre convaincu de sa vocation ne devrait considérer que ce document le classifie comme anormal. Et nous pouvons présumer que Dieu continuera d’appeler des homosexuels aussi bien que des hétérosexuels à la prêtrise parce que l’Église a besoin des qualités des deux.» Mais alors, où est le problème? Ce document touche bien les personnes homosexuelles qui ne parviennent pas à gérer et à assumer leurs tendances qui les assaillent de manière obsessionnelle, ce qui constituerait un danger ensuite dans le ministère. Ce qui compte, c’est la maturité sexuelle et affective plus que l’orientation sexuelle. Et cela est à discerner dès le séminaire. Même chose pour les hétéros, d’ailleurs!
Il faut se rappeler que Dieu s’est fait chair pour rejoindre toutes les couches de notre personnalité, et même notre sexualité!
Dans une morale mal comprise, plus on édicte de règles plus on crée des refoulements. Et plus on suscite l’hypocrisie. Saint Paul le rappelle: La loi vécue de façon servile pousse au péché (Rm 7 et 8). La loi est sainte, c’est vrai, mais la fin de la loi, c’est le Christ, et le Christ invite au dialogue. Sa Parole éclaire tous les domaines sombres et cachés de notre personnalité, elle permet de faire la vérité et de trouver son chemin. Tandis que la loi seule, en dehors de ce dialogue de confiance, provoque la peur du juge, l’angoisse d’être exclu et abandonné. La loi ne sert que de pédagogue pour canaliser cette humanité qui bouillonne en nous afin d’éviter des débordements, et de lui donner plus de sens et de puissance.
Encadré:
Pour ou contre
– Le partenariat enregistré?
«Il faut une forme de reconnaissance et de protection, pour éviter la marginalité. Dans ce sens, je dis «oui» au PACS. Par contre, je n’instituerais pas le mariage. C’est un terme inadéquat, car il appartient depuis toujours aux couples hétéros. Ce serait aussi une incohérence puisque la population homosexuelle ne veut pas être définie en référence à l’hétérosexualité. Il faudrait trouver une autre forme de reconnaissance.»
– L’adoption d’enfants par des couples de même sexe?
«Je pense qu’à la base, un enfant doit grandir entre un père et une mère. Dans ce sens, je ne soutiens pas une généralisation du droit à l’adoption par des couples homosexuels. Mais si des circonstances mettent deux personnes de même sexe dans une situation où un enfant leur est confié (comme l’enfant naturel de l’un des deux), alors pourquoi pas?
On ne peut pas enfermer les situations personnelles dans des règles. Il faut aller au-delà du permis et du défendu, de laxisme et du légalisme, qui ne rejoint pas la réalité vécue par les personnes.»
– Une forme de reconnaissance d’un couple de même sexe par l’Eglise?
«L’Eglise dit: «Il faut les accueillir», mais demande qu’il n’y ait pas d’unions reconnues. Si un couple de même sexe m’aborde, après discernement de leur vécu, je vais prier avec lui, et même bénir les deux personnes ainsi que leur chemin de vie (Ce qui est d’ailleurs la moindre: on bénit même des objets!). Mais je ne vais pas bénir une union homosexuelle, car ce serait un acte liturgique officiel, qui engagerait l’Eglise.»
Encadré:
Des sujets sensibles et difficiles
Les ouvrages de Joël Pralong traitent de sujets sensibles: l’angoisse, la dépression, le suicide, la mort. Cela révèle-t-il une attirance pour les sujets difficiles?
Tout part de son expérience personnelle. «Jeune, j’ai beaucoup souffert d’une sensibilité à fleur de peau. J’ai traversé des moments d’angoisse existentielle, prêts à me précipiter dans le suicide. Sartre et Camus étaient mes livres de chevet. Ils mettaient des mots sur ce que je vivais, notamment en parlant de la «nausée» et de l’absurdité de la vie», souligne le prêtre valaisan. Peu à peu, il expérimente l’Evangile comme une force, cette «puissance dans la faiblesse», dont parle Saint Paul. «Dans mes livres, je témoigne, entre les lignes, de cette force offerte à tous», affirme Joël Pralong.
Comme infirmier dans des hôpitaux psychiatriques, il a touché à ce qu’il nomme «les limites de l’être humain», mais aussi aux limites de la médecine. «Mais aussi, à l’âme humaine, cette partie de l’humain qui dégage de l’amour, même lorsque la personne est réduite à l’état de «légume» … Ces corps en charpies, ses psychismes en faux plis, me révélaient une lumière que seul le cœur pouvait percevoir, telle la profondeur d’un regard, la beauté d’un sourire… «, lance-t-il. «Je voulais en savoir plus sur cette dimension spirituelle, je voulais en tirer le maximum de ressources, pour aider, éveiller, accompagner, redonner espoir.»
Ces expériences de vie l’ont rendu plus fort. «J’essaie maintenant d’apporter l’Evangile dans le milieu de la psychologie et de la psychiatrie, là où règnent désespoir, angoisse, vide existentiel. Au fil des années, je découvre le Christ bien plus présent parmi les pauvres d’aujourd’hui que sous les voûtes de nos églises», affirme l’abbé Pralong.
Il définit son livre comme «le cri d’un pasteur qui veut faire aller plus loin que les schémas et aider des personnes qui cherchent un sens à leur existence». C’est pourquoi il est étayé de témoignages vivants et bouleversants. «Je ne suis ni bibliste ni théologien, mais je pense que la Parole de Dieu ainsi que l’intuition du cœur ne leur sont pas réservées. Tout en me basant sur des auteurs catholiques pour aborder certains chapitres, j’ai aussi laissé parler librement mon cœur».
(*) «Mais qui a dit que Dieu n’aimait pas les homos? Témoignages / récits», Editions Saint-Augustin, 123 pages.
(apic/bb)