Vatican: La nomination d’un nouveau secrétaire d’Etat, entre bruits de couloir et histoire
Le pape François devrait bientôt nommer le successeur du cardinal Bertone
Rome, 5 avril 2013 (Apic) Sauf surprise, le pape François devrait nommer sans tarder un nouveau secrétaire d’Etat, trouvant ainsi un successeur au cardinal italien Tarcisio Bertone, âgé de 78 ans. Depuis le début du 20e siècle, cependant, les nouveaux pontifes n’ont que très rarement nommé immédiatement leur plus proche collaborateur.
Au Vatican, certains affirment que le cardinal Bertone s’est fait plus discret depuis l’élection du cardinal Bergoglio. «D’ordinaire, il n’y avait pas un jour sans audience pour le cardinal Bertone mais, depuis la fin du conclave, plus rien», confie ainsi un habitué du Palais apostolique.
Agé de 76 ans et venu «du bout du monde», le pape François doit choisir un homme de confiance capable de l’épauler et conduire avec lui les réformes qu’il entend mener, en particulier au sein de la curie romaine. Trois jours après son élection, il a «provisoirement» confirmé les chefs de dicastères de la curie romaine, demandant du temps pour «la réflexion, la prière et le dialogue».
En premier lieu, le pape pourrait choisir de nommer un Italien issu de la carrière diplomatique. Dès lors, les noms de plusieurs nonces circulent, comme ceux de Mgr Pietro Parolin (58 ans), nonce apostolique au Venezuela et ancien sous-secrétaire pour les relations avec les Etats, ou de Mgr Luigi Ventura (68 ans), nonce apostolique en France.
Le nouveau pape peut choisir également un cardinal de la curie, et les noms les plus fréquemment cités sont ceux de l’Italien Fernando Filoni (67 ans) et de l’Argentin Leonardo Sandri (69 ans). Un autre nom émerge, celui du cardinal français Jean-Louis Tauran (70 ans le 5 avril), président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Cet ancien secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les Etats est un fin connaisseur de la diplomatie pontificale, mais il est affaibli par la maladie de Parkinson.
Mais le vivier de la diplomatie pontificale est grand. Il faut aussi compter avec les amitiés et les connaissances du nouveau pape, resté cependant loin de la curie avant son élection, ainsi que sa très grande autonomie.
De Merry del Val à Bertone
Le début du 20e siècle a vu la nomination du premier secrétaire d’Etat non italien (le second est le Français Jean Villot) en la personne de l’Espagnol Rafael Merry del Val. Le prélat de 38 ans est appelé à exercer les fonctions de secrétaire du conclave après la mort de Léon XIII, en juillet 1903. Le 4 août, Pie X est élu pape et le nomme pro-secrétaire d’Etat le jour même. Devenu secrétaire d’Etat avec sa création cardinalice 3 mois plus tard, Merry del Val quittera ses fonctions pour devenir préfet du Saint-Office en 1914, à l’arrivée de Benoît XV.
Ce dernier nomme en effet le cardinal Domenico Ferrata le 4 septembre 1914, au lendemain de son élection. Mais celui qui fut nonce à Bruxelles et Paris décédera un mois plus tard. Benoît XV fait alors appel au cardinal Pietro Gasparri. Ce diplomate est successivement confirmé par Pie XI au lendemain du conclave de 1922 et signera en son nom, en février 1929, les Accords du Latran avec l’Italie de Mussolini. Un an plus tard, à l’approche de ses 78 ans, Pie XI le remplace par le cardinal Eugenio Pacelli, nonce à Munich.
Le cardinal Pacelli est élu pape en 1939, au début de la Seconde Guerre mondiale, sous le nom de Pie XII. Une semaine après son élection, il nomme pour lui succéder à la secrétairerie d’Etat le cardinal Luigi Maglione, ancien nonce apostolique en Suisse puis en France. Après la mort du cardinal Maglione en août 1944, en plein conflit mondial, Pie XII ne nomme pas de secrétaire d’Etat et décide d’assumer lui-même cette charge qu’il connaît bien.
Après son élection en octobre 1958, Jean XXIII nomme un secrétaire au bout de 2 mois, le 15 décembre, en la personne du cardinal Domenico Tardini. Il restera le ›numéro deux’ du Saint-Siège jusqu’à sa mort, le 30 juillet 1961. Lui succède le cardinal Amleto Cicognani.
Elu en juin 1963, Paul VI conserve le cardinal Amleto Cicognani, qui reste en poste jusqu’au lendemain de ses 86 ans, le 30 avril 1969. Le pape nomme alors le Français Jean-Marie Villot le 2 mai 1969. Il est un des rares secrétaires d’Etat ne provenant pas de la diplomatie pontificale. Cet ancien archevêque de Lyon et ancien préfet de la Congrégation pour le clergé servira deux autres papes : Jean-Paul Ier et Jean-Paul II.
Jean-Paul II choisit de garder le cardinal Villot le temps de lui trouver un successeur, mais le haut prélat français meurt à 73 ans en mars 1979, soit 5 mois après l’élection du pape polonais. Jean-Paul II choisit alors de s’épauler d’un secrétaire d’Etat italien, Mgr Agostino Casaroli. C’est lors de son élévation au cardinalat, en juin 1979, qu’il est officiellement nommé. Le secrétaire d’Etat, qui sera à l’origine du rapprochement du Saint-Siège avec les pays communistes, quitte ses fonctions le 1er décembre 1990, il vient alors de fêter ses 76 ans.
Pour lui succéder, Jean-Paul II nomme un autre Italien, le cardinal Angelo Sodano. Ce dernier est le ›numéro deux’ du Saint-Siège durant toute la deuxième moitié du pontificat du pape polonais. Elu en avril 2005, Benoît XVI maintient le cardinal Sodano pendant plus d’un an. Mais en juin 2006, le pape annonce que le cardinal Sodano sera remplacé trois mois plus tard par l’un de ses anciens collaborateurs, le cardinal Tarcisio Bertone. Comme le cardinal Villot, l’ancien archevêque de Gênes n’est pas issu de la diplomatie pontificale. Il prend ses fonctions le 15 septembre 2006, alors que vient d’éclater la première crise du pontificat de Benoît XVI, en lien avec les propos du pape sur l’islam à Ratisbonne trois jours plus tôt. (apic/imedia/ami/bb)