Istanbul: La Turquie met des conditions à la réouverture du séminaire de Chalki
La Grèce doit mieux protéger sa minorité turque
Istanbul, 14 mai 2013 (Apic) Le gouvernement turc a posé comme condition à la réouverture promise depuis 2010 du séminaire grec-orthodoxe de Chalki une amélioration des droits de la minorité turque musulmane vivant en Grèce. Le vice premier ministre Bülent Arinc a déclaré dans la presse du 13 mai 2013 que la Turquie était d’accord d’autoriser la réouverture de Chalki, mais qu’Ankara attendait des initiatives du côté grec.
Le séminaire de Chalki, sur l’île des Princes, en face d’Istanbul, avait été fermé en 1971 suite à une décision de la Cour suprême de Turquie. En conséquence le renouvellement du clergé orthodoxe grec de Turquie a été fortement entravé. Ce qui met en danger la pérennité du patriarcat œcuménique de Constantinople et de la communauté chrétienne locale puisque seuls des citoyens turcs ont le droit d’accéder aux charges ecclésiastiques. Le patriarcat a donc dû former tous ses prêtres à l’étranger.
Droit de porter des noms turcs
Bülent Arinc réclame davantage de droits pour les quelque 50’000 membres de la minorité turque de Grèce. Il s’agit notamment du libre exercice de la religion musulmane, de la reconnaissance des institutions religieuses musulmanes ainsi que du droit d’utiliser des noms turcs. Selon lui, il n’y a pas encore d’accord non plus sur le cadre administratif dans lequel le séminaire pourrait être rouvert. Le patriarcat n’accepte pas qu’il soit rattaché à une institution universitaire turque.
Selon la presse, cette question pourrait être évoquée lors de la rencontre entre le premier ministre turc Recep Erdogan et le président américain Barack Obama le 16 mai à Washington. Obama s’était clairement engagé pour la réouverture de Chalki lors de sa visite en Turquie en 2009.
L’institut de Chalki
L’Institut patriarcal de théologie de Chalki a été fermé par le gouvernement turc en 1971. Fondé en 1844 par le patriarche oecuménique Germanos IV, il a été reconstruit à deux reprises au cours du XIXe siècle, suite à un incendie et à un tremblement de terre. A chaque fois, les Ottomans en autorisèrent la réfection. La tâche de l’Institut est de former les théologiens, les prêtres et les évêques dont a besoin le Patriarcat oecuménique de Constantinople. Entre 1844 et 1971, Chalki a formé 930 diplômés en théologie. L’Institut a également accueilli des orthodoxes d’autres pays, ainsi que des étudiants catholiques et protestants en post-licence. En 1964, dans le contexte de la crise chypriote, les autorités turques en ont interdit l’accès aux étrangers, avant de le fermer totalement en 1971.
(apic/kna/mp)