Suisse: La communauté quadragénaire du Chemin Neuf prend pied dans le pays

C’est dans la vie quotidienne que l’unité et la réconciliation des chrétiens commencent

Zurich, 1er juillet 2013 (Apic) Ils sont catholiques, protestants ou orthodoxes. Ils sont en couple, en famille ou célibataires et ils partagent leur quotidien. Ils le font parce qu’ils sont persuadés que la séparation des chrétiens est le principal obstacle à l’évangélisation. La communauté du Chemin Neuf a été créée en France il y a 40 ans. Aujourd’hui, elle compte 2’000 membres répartis dans 30 pays. En Suisse, elle présente chez les sœurs dominicaines de Béthanie, à Sankt-Niklausen dans le canton d’Obwald, et au foyer pour étudiants du Salésianum, à Fribourg. L’Apic a rencontré deux membres de cette communauté.

Le nouveau pape les remplit de joie. Notamment parce que François, peu après son élection, a réalisé un geste qui leur a parlé au cœur, lorsqu’il a, suivant le modèle de Jésus, lavé les pieds de jeunes détenus. C’est exactement ce que représente le logo de la communauté, un homme lavant les pieds d’un autre homme. «Nous sommes tous appelés à prendre envers nos Frères et Sœurs cette attitude de service», affirme Sœur Mirjam Rombouts, la jeune responsable du Chemin Neuf pour la Suisse.

La communauté a été créée en 1973 à Lyon à partir d’un cercle de prière de sept jeunes gens qui se réunissaient dans une maison au 49 Montée du Chemin Neuf. Entre temps, la communauté catholique à vocation œcuménique a étendu sa présence dans 30 pays et s’est vu reconnaître par l’Eglise romaine. Elle compte près de 2’000 membres célibataires ou mariés de différentes confessions chrétiennes. Son fondateur et dirigeant actuel est le jésuite français Laurent Fabre.

Alliés avec les dominicaines de Béthanie

Sœur Mirjam réside depuis l’été dernier chez les dominicaines de Béthanie, à Sankt-Niklausen, près du Flüeli-Ranft, où a vécu Saint Nicolas de Flüe. Avec deux jeunes sœurs du Chemin Neuf, elle est responsable de la gestion des chambres d’hôtes du couvent. La communauté vieillissante du monastère et celle du Chemin Neuf ont noué une alliance leur assurant un soutien mutuel tout en restant parfaitement autonomes. Les premières expériences sont très positives, déclare Sœur Mirjam: «C’est une façon de faire chemin ensemble qui fonctionne vraiment très bien».

Le fait que la première religieuse de la communauté à intégrer Béthanie soit une réformée hongroise est «typiquement Chemin Neuf». Comme il est typique qu’une femme pasteur mennonite de nationalité française et suisse fasse partie de l’équipe de direction de la communauté au niveau international.

Mirjam Rombouts, qui a grandi dans une famille catholique, est puéricultrice qualifiée. Cela fait trois ans que la jeune Allemande s’est engagée pour la vie en tant que religieuse célibataire dans la communauté du Chemin Neuf. Elle a fait la connaissance de la communauté en 1997, lors d’un festival international de jeunesse organisé par le Chemin Neuf. «Cela a été pour moi une révélation de joie et de confiance dans la réelle possibilité d’une vie de communauté et de réconciliation, lorsqu’elle nous est offerte par Dieu», affirme-t-elle.

Renouvellement de l’engagement tous les trois ans

Le météorologue Francis Schubiger de Wetzikon, dans le canton de Zurich, est en quelque sorte un ancien combattant de la communauté du Chemin Neuf en Suisse. Avec sa femme Cécile, il a fait connaissance avec la communauté en 1991 déjà, lors d’une «retraite Cana» pour couples et familles, en Suisse romande. Après d’autres expériences similaires, le couple a finalement rejoint la communauté en 1999. Depuis lors, il a renouvelé son engagement tous les trois ans, comme le veulent les statuts du Chemin Neuf.

Mais qu’est-ce qui l’a attiré au Chemin Neuf? «D’une part, c’est la spiritualité dans la tradition ignacienne qui m’a plu», explique Francis Schubiger. «C’est une spiritualité que nous avons expérimentée dans les maisons d’étudiants catholiques des jésuites à Bâle et à Zurich. Ensuite, c’est la spiritualité du renouveau charismatique, qui est fondée sur le baptême dans l’Esprit saint». Le «feu œcuménique» l’a si bien saisi en 1996, qu’il organise dans sa résidence de Wetzikon, pour l’année sainte 2000, une grande fête réunissant les sept Eglises. «Il y a un effet de contagion, lorsque l’on voit les gens ainsi collaborer!»

Francis et Cécile se montrent très actifs au sein du Chemin Neuf, notamment dans l’organisation des «retraites Cana» dans la maison d’hôtes du couvent de Béthanie. «Cana- une semaine pour faire l’expérience de Dieu au sein du couple et de la famille», affirme l’annonce. Les retraites sont proposées aujourd’hui dans 50 pays à travers le monde. «Un homme et une femme qui s’aiment représentent la lumière de Dieu sur le monde», soutient Laurent Fabre, le fondateur du Chemin Neuf.

Des personnes mariées dans des fonctions dirigeantes

Dans la communauté, les couples mariés endossent les mêmes responsabilités que les religieux et religieuses célibataires. Et également des fonctions dirigeantes. C’est ainsi que le responsable du Chemin Neuf pour la France est un homme marié. Il est cependant clair que c’est la famille, et non la communauté qui a la priorité, indique Francis Schubiger. «La cellule familiale est sacro-sainte!».

Les enfants sont dans tous les cas libres par rapport aux engagements qui touchent leurs parents vis-à-vis de la communauté, peut-on lire dans les documents du Chemin Neuf. Les enfants sont néanmoins fréquemment les premiers à profiter de la voie spirituelle prise par leurs parents. «Ils sont souvent les joyeux témoins du fait que la fraternité entre des personnes d’âge, de culture et de confessions chrétiennes différents est possible», affirme Francis Schubiger. Les couples vivent en principe en «communauté de vie» dans une maison appartenant au Chemin Neuf ou dans une «communauté de quartier» (dans la même zone urbaine). Dans les deux cas, chaque famille dispose de son propre espace de vie. La sphère privée est ainsi totalement préservée.

«Fraternité» bi-mensuelle

La petite communauté nationale suisse compte encore une étudiante de Genève et le couple Jean-Charles et Pascale Paté, qui dirige depuis l’automne 2012 le foyer pour étudiants du Convict Salesianum, à Fribourg. La petite communauté suisse de sept membres se rencontre toutes les deux semaines pour échanger, lors de ce qu’ils nomment une «fraternité». «Ce moment représente un point important de leur engagement. «Nous pouvons y partager nos expériences de vie dans toutes leurs dimensions», relève Sœur Mirjam.

Il s’agit d’une façon de vivre l’unité dans la douceur. Mais en même temps, l’on ne ressent pas dans la prière «la souffrance de la séparation» entre chrétiens, explique la religieuse. «Chacun est invité à découvrir et à approfondir sa propre appartenance confessionnelle. Et nous remercions également Dieu de ce que nous pouvons déjà maintenant vivre en commun».

www.chemin-neuf.ch

Indication aux médias: Des photos de ce reportage peuvent être commandées à apic@kipa-apic.ch . Prix pour diffusion: 80 frs la première, 60 fs les suivantes.

(apic/job/rz)

2 juillet 2013 | 14:50
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 5  min.
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