Le pape François et sa «méchante sorcière»

Argentine: Une amie argentine de Jorge Bergoglio avait deviné qu’il deviendrait pape

Sao Paulo, 13 août 2013 (Apic) L’Argentine Clelia Luro de Podesta, 87 ans, et amie de Jorge Maria Bergoglio, affirme le 11 août 2013 dans le quotidien brésilien «Folha de Sao Paulo» qu’elle avait deviné qu’il serait un jour pape. Ce qui lui a valu, de la part de l’intéressé, l’affectueux surnom de «méchante sorcière». La veuve de Jeronimo Podesta l’ancien évêque du diocèse d’Avellaneda, dans la banlieue de Buenos Aires, raconte son amitié avec celui qui n’était encore à l’époque que le Père Jorge Maria Bergoglio.

Une forte personnalité. Voilà ce qui transparaît dès les premières phrases du témoignage de Clelia Luro de Podesta, dans les colonnes du journal brésilien. Avant d’évoquer son amitié avec le Saint-Père, la sémillante octogénaire rappelle dans quelles circonstances elle a connu Mgr Jeronimo Podesta, qui deviendra son époux quelques années plus tard. «En 1960, je me suis séparée de mon premier mari. Je vivais à Salta, près d’une usine de fabrication de sucre, où mon mari travaillait et je suis rentrée à Buenos Aires avec mes cinq filles et une sixième que j’attendais».

Pour se nourrir, Clelia Luro de Podesta se fait embaucher dans une banque. «En 1966, un prêtre ami de Salta, qui était alcoolique, m’a écrit pour me demander de prendre contact avec l’évêque d’Avellaneda pour qu’il puisse l’aider. C’est ainsi que j’ai fait la connaissance de Jeronimo. Il est parvenu à faire venir le prêtre à Buenos Aires pour y être soigné. Nous sommes restés proches et je suis devenue sa secrétaire».

Un évêque fort et charismatique

Clelia Luro de Podesta se souvient qu’à cette époque, l’évêque s’inspirait beaucoup, pour ses sermons, de «Populorum Progressio», l’encyclique «révolutionnaire» de Paul VI. «Nous étions alors en pleine dictature militaire de Juan Carlos Ongania. Comme Jeronimo était un homme fort et très charismatique, il n’était pas très aimé par les militaires». De quoi pousser ces derniers à demander à Rome de le retirer du diocèse d’Avallaneda. «Le Vatican a demandé à Jeronimo de me licencier. Ce qu’il n’a pas fait».

Devant ce refus, Rome retire à l’évêque le diocèse d’Avallaneda. Pire, à la fin de 1967, le Vatican le punit et lui interdit d’exercer son ministère. «Jusqu’alors, il nous était impossible de former un couple. A vrai dire nous ne pensions même pas à ça. Mais après la décision du Vatican, nous avons décidé de nous marier». En 1974, le couple s’exile au Pérou et vit dans des conditions économiques précaires. Avant de revenir vivre à Buenos Aires en 1980, après la fin de la dictature.

Pour un célibat facultatif des prêtres

«En 1984, raconte Clelia Luro de Podesta, nous avons été à Rome pour participer à la première réunion de la Confédération internationale des prêtres catholiques mariés. A notre retour, nous avons créé la Fédération latino-américaine, encore très active aujourd’hui. Nous souhaitons seulement que Rome nous regarde. Nous ne sommes pas contre le célibat, mais nous voulons qu’il soit facultatif».

Le cardinal Bergoglio, un homme intelligent et à l’écoute

Dans ce témoignage, Clelia Luro de Podesta évoque évidemment le futur pape François. «A Buenos Aires, nous avons connu Jorge Maria Bergoglio. Jeronimo voulait absolument le rencontrer. Je me souviens de lui avoir demandé pourquoi, dans la mesure où aucun prêtre ne voulait le recevoir. Il m’a dit que Bergoglio était intelligent et qu’il saurait l’écouter». Clelia Luro de Podesta assure que les deux hommes éprouvaient une sympathie réciproque. «Quand Jeronimo a été hospitalisé, avant de mourir, Bergoglio lui a donné le sacrement des malades».

Après la disparition de Jeronimo Podesta, Bergoglio est resté bien présent. «Il a été pour moi un bon interlocuteur lorsque j’étais mal à cause de l’absence de Jeronimo. Il m’appelait tous les dimanches et cela me remplissait de forces. Il est devenu un ami. Maintenant, il m’appelle de Rome tous les quinze jours».

«Un jour, vous serez pape»

La désormais octogénaire assurait souvent son ami Jorge Maria qu’un jour il serait pape. «Il disait qu’il ne voulait pas, se souvient-elle. En 2005, lorsqu’il est revenu du conclave ayant élu Benoît XVI, je lui ai dit : «Vous avez fui, mais la prochaine fois vous ne pourrez pas. Il s’est tourné alors vers moi en souriant et m’a appelé ‘Méchante Sorcière’». Ce surnom lui est resté.

Pour Clelia Luro de Podesta, l’élection de «Jorge Maria» à la tête de l’Eglise est une très bonne chose. «Je suis sûre qu’il va changer beaucoup de choses. D’ailleurs il a déjà commencé. Il est très actif à Rome, et ce, tout en conservant cette posture à l’égard de la pauvreté, notamment à travers la réforme de la ‘banque du Vatican’ et de la Curie romaine. Et ce n’est que le début». Parole de «sorcière». (apic/jcg/rz)

13 août 2013 | 18:05
par webmaster@kath.ch
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