Liban: Le patriarche chaldéen appelle chrétiens et musulmans à s'opposer à l’intégrisme religieux

Rejet de l’exploitation de la religion à des fins politiques

Beyrouth, 30 septembre 2013 (Apic) En visite au Liban, le patriarche de Babylone des chaldéens, Mgr Louis Raphaël Ier Sako, venu de Bagdad, a appelé, dimanche 29 septembre 2013, les hommes de religion chrétiens et musulmans à réagir «courageusement et fermement» face à l’intégrisme religieux. La présence chrétienne dans la région qui a vu naître les premières communautés chrétiennes est sérieusement menacée.

Le patriarche chaldéen, originaire de Zakho, dans la Kurdistan irakien, a une nouvelle fois pressé les chrétiens d’Orient, qui fuient en masse les régions affectés par les conflits, de rester attachés à leur terre, rapporte le 30 septembre le quotidien libanais «L’Orient-Le Jour».

Mgr Louis Raphaël Ier Sako a célébré dimanche la messe en la cathédrale de l’Archange Raphaël, à Baabda, capitale du Mont-Liban, près de Beyrouth, en présence d’un grand nombre de personnalités politiques, dont les présidents de la République et du Parlement, Michel Sleiman et Nabih Berry, plusieurs ministres et députés, ainsi que le nonce apostolique, Mgr Gabriele Caccia.

Les chrétiens du Moyen-Orient émigrent en masse

Le patriarche irakien, dont le pays, en quelques années, s’est vidé aux trois quarts de sa population chrétienne présente entre le Tigre et l’Euphrate depuis les tout débuts du christianisme, a lancé un appel à l’unité islamo-chrétienne face à l’intégrisme religieux. «Ma visite à Beyrouth est l’occasion de stimuler l’espérance, d’échanger les expertises et de renforcer l’unité ecclésiastique. Elle vise aussi à affermir les liens avec nos frères musulmans en application de l’Exhortation apostolique du pape Benoît XVI», a-t-il déclaré. Il a également mis l’accent sur «l’unité des Eglises chrétiennes et la dynamisation de l’action œcuménique, primordiale face aux défis énormes qui menacent notre présence», rapporte «L’Orient-Le Jour».

«Je fais assumer à tout le monde la responsabilité de la réalisation de cette unité, notamment aux patriarches d’Orient. Les hommes de religion, chrétiens et musulmans, ainsi que d’autres communautés, devraient aussi s’unir et réagir courageusement et franchement à l’intégrisme religieux et à l’exploitation de la religion à des fins politiques, à travers un plan éducatif qui s’articule autour de l’ouverture sur l’autre et de son acceptation, de l’entente et de la consolidation de la coexistence», a poursuivi Mgr Sako.

Rappelant que les chrétiens d’Orient «font partie intégrante de cette région», le patriarche chaldéen a souligné que «nous ne voulons pas émigrer, mais vivre en paix et en toute dignité, en tant que citoyens bénéficiant de leurs droits et accomplissant leurs obligations». Il a exprimé l’espoir que cessent les hostilités en Syrie «pour que ce pays et la région ne glissent pas vers davantage de chaos et de violence». Il a encore lancé un appel à la libération des deux évêques syriens aux mains des rebelles depuis avril dernier, Mgr Youhanna Ibrahim, évêque syriaque orthodoxe d’Alep, et Mgr Boulos Yazigi, évêque grec orthodoxe de la même ville, ainsi que de toutes les personnes enlevées en Syrie. Plusieurs autres religieux chrétiens ont été enlevés par les insurgés islamistes depuis le début de l’année.

Des chrétiens d’Orient dénoncent l’»épuration religieuse» en cours dans la région

Une coordination basée à Paris, «Les chrétiens d’Orient en danger», a lancé une pétition dans toute l’Europe pour dénoncer «l’épuration religieuse massive et silencieuse» des minorités chrétiennes en Egypte, en Irak, en Syrie «et bientôt peut-être au Liban». Patrick Karam, l’un des initiateurs de la pétition, interpelle les diplomaties européennes, les opinions publiques, et les Eglises, rappelant que les chrétiens d’Orient ont toujours représenté «l’antidote de l’extrémisme ainsi qu’un vecteur de tolérance entre les communautés». Les pétitionnaires accusent les diplomaties européennes de «regarder ailleurs». (apic/orj/com/be)