Canada: Une école de la province de l'Alberta interdit le Notre-Père après la plainte d’un parent

La résistance s’organise

Taber, 20 novembre 2013 (Apic) Suite à la plainte d’un parent, l’école publique de Taber, une petite ville de quelque 8’000 habitants du sud de la province canadienne de l’Alberta, a suspendu la récitation de la prière du Notre-Père en classe. Dans cette localité, appelée la «capitale du maïs du Canada», la pratique de la prière à l’école était obligatoire.

Un enfant ayant été puni pour ne pas avoir fait la prière comme tous les autres élèves, Melanie Bell, sa mère, a vivement réagi. Ses deux garçons fréquentant l’école publique «Dr. Hamman», elle milite depuis quelque temps déjà pour la suppression de la prière à l’école, estimant que la religion n’a pas sa place au sein d’un établissement d’enseignement public.

L’Alberta est l’une des deux seules provinces canadiennes où la loi autorise toutes les écoles à faire réciter des prières aux enfants. En revanche, plusieurs choisissent de ne pas se prévaloir de ce droit. A Taber, l’école «Dr. Hamman» était jusqu’à ces derniers jours la seule école publique où l’on récitait encore une prière.

La bataille fait désormais rage sur Facebook

Selon le quotidien régional «Lethbridge Herald» du mercredi 20 novembre 2013, la question de la prière à l’école a déjà largement débordé les frontières de la petite ville, dont 86% de la population est de confession chrétienne, selon le dernier recensement de Statistique Canada, l’agence nationale des statistiques. La bataille fait désormais rage sur la page de Facebook intitulée «Bring Back Prayer to Dr. Hamman School», qui a déjà près de 200 membres. Le débat est chaud dans les médias sociaux entre ceux qui estiment que dans une société aux composantes diversifiées, la religion n’a pas sa place dans l’école publique, et les partisans de la prière à l’école.

Interpellée par Melanie Bell, la direction de l’école a proposé un compromis. Ses garçons n’auraient par exemple pas eu à réciter la prière. Mais la mère craignait que le simple fait d’entendre la prière récitée dans les haut-parleurs de l’école ne brime la liberté de croyance de ses enfants. Une autre piste consistait à faire la récitation de la prière dans chaque classe, en donnant le droit aux garçons de sortir s’ils le souhaitaient. La mère redoutait cette fois que ses garçons soient victimes d’intimidation pour ne pas participer à la prière au même titre que les autres enfants. Melanie Bell assure pourtant qu’elle ne s’en prend pas au christianisme, mais elle estime que l’école n’est pas le lieu idéal pour de telles prières.

Une décision provisoire

Les familles croyantes ont beaucoup d’autres occasions pour prier, ajoute-t-elle. Elle croit que si l’école publique tient absolument à réciter une prière, elle devrait aussi représenter les autres croyances religieuses présentes en ses murs et ne pas s’en tenir uniquement au Notre-Père. La décision de la direction n’est que provisoire, rapporte pour sa part la radio chrétienne québécoise «Radio Ville-Marie», car plusieurs parents ont exprimé leur désaccord avec la décision de suspendre la récitation de la prière en classe, estimant qu’il est injuste que tout le monde soit affecté pour la plainte d’une seule personne.

Le Notre-Père a cessé d’être récité dans plusieurs provinces canadiennes depuis un jugement dans la province de l’Ontario en 1988. La justice avait statué que la récitation de cette prière dans les écoles publiques violait la Charte canadienne des Droits et Libertés. La pratique n’a toutefois jamais cessé en Alberta et en Saskatchewan, dont l’exemption constitutionnelle qui protège la prière remonte à 1905, année de leur entrée dans la Confédération canadienne. (apic/rvm/be)

20 novembre 2013 | 16:20
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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