Genève: Le nouveau Conseil d'Etat prêtera serment sur la Bible

L’usage ne date pas d’hier

Genève, 9 décembre 2013 (Apic) Les sept conseillers d’Etat genevois fraîchement élus jureront fidélité à leur République le 10 décembre 2013 à la cathédrale Saint-Pierre. Tradition oblige, cela se fera sur les Saintes Ecritures, rapporte «Le Courrier» du 9 décembre 2013. L’usage est étonnant puisque Genève est un canton laïc, mais il ne date pas d’hier.

Le 10 décembre 2013, à 17 heures dans la cathédrale Saint-Pierre, les sept conseillers d’Etat élus – Mauro Poggia, Anne Emery-Torracinta, Serge Dal Busco, Luc Barthassat, Antonio Hodgers – et réélus – Pierre Maudet, François Longchamp – s’avanceront devant ce pupitre, chacun à leur tour à l’appel de leur nom, lèveront la main droite, jureront ou promettront d’être fidèles à la République et canton de Genève devant les membres du Grand Conseil et pléthore d’invités. Et devant une Bible.

L’usage est étonnant puisque Genève est un canton laïc, mais il ne date pas d’hier.

En 2001, plusieurs parlementaires déposent un texte visant à intégrer un troisième alinéa au premier article de la loi de 1965 sur la prestation des serments – qui ne fait d’ailleurs pas mention d’une Bible ou de tout autre recueil de textes sacrés –, stipulant que «le serment serait prêté sur la Constitution genevoise, et en aucun cas sur la profession de foi d’une religion». Le projet de loi est largement rejeté. Le vert Antonio Hodgers, futur conseiller d’Etat, en était l’un des instigateurs. Aujourd’hui, il affirme pourtant être «tout à fait d’accord de prêter serment sur la Bible, même si la tradition est incohérente». Les autres membres du futur Conseil d’Etat n’y voient pas non plus de réel inconvénient.

Dès 1827

La socialiste Anne Emery-Torracinta estime qu’on peut effectivement s’étonner de cette tradition, mais qu’il y a d’autres choses plus importantes pour lesquelles se battre. Luc Barthassat, du PDC, affirme quant à lui qu’il serait gêné de prêter serment sur un autre texte que la Bible. Le MCG Mauro Poggia tient un discours un peu plus contrasté. Il considère qu’»il serait plus logique, dans un Etat laïc, que la prestation de serment se fasse sur la Constitution».

La prestation de serment est documentée dans les archives d’Etat dès 1827, année durant laquelle la cérémonie se tient pour la première fois dans la cathédrale, non plus dans la salle du Grand Conseil. Prêter serment sur la Bible ne constitue pas une disposition légale, mais relève de la tradition.

Encadré:

Et ailleurs?

Dans la cité de Calvin, on prête serment sur la Bible. Et ailleurs? A en croire les services de communication des cinq autres cantons romands, Genève serait une exception. En Valais, à Fribourg, à Neuchâtel et dans les cantons de Vaud et du Jura, les conseillers d’Etat prêtent serment sans texte, sur un code ou sur la Constitution. En aucun cas sur un texte religieux.

(apic/lecourrier/cw)

9 décembre 2013 | 11:21
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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