Rome: Avec sa renonciation, Benoît XVI a modifié le visage du ministère pétrinien

Désacralisation ou renforcement de la fonction papale?

Rome, 11 février 2014 (Apic) Tremblement de terre pour les uns, choc émotionnel pour d’autres, geste courageux pour beaucoup, l’annonce par Benoît XVI de sa renonciation au pontificat, le 11 février 2013, a marqué sans conteste l’histoire de la papauté. Pour plusieurs observateurs, le geste «révolutionnaire» de Joseph Ratzinger, premier pape de l’époque moderne à renoncer à sa charge, a ouvert la voie à ses successeurs. Pour certains, il a désacralisé la fonction, pour d’autres il l’a renforcée.

«Parler de la renonciation d’un pape, désormais, n’est plus tabou». Cette confidence d’un cardinal qui participa au conclave de mars 2013 confirme que le précédent créé par Benoît XVI a changé les états d’esprit. Car, de fait, cette possibilité était inscrite dans le Code de droit canon qui précise uniquement que, pour être valide, cette renonciation doit être faite librement et manifestée par le pape lui-même.

«Je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien», déclara Benoît XVI le 11 février 2013 devant les cardinaux romains réunis en consistoire. Dès lors, pour plusieurs observateurs, c’est justement le ministère pétrinien qui s’en est retrouvé changé.

Un renforcement du ministère pétrinien

Pour le journaliste allemand Paul Badde, en renonçant à sa charge, Benoît XVI «s’est comporté comme un révolutionnaire». Dans les colonnes du quotidien français «Le Figaro», ce spécialiste des questions religieuses du journal allemand «Die Welt» assure que, depuis ce jour, il n’y a pas deux papes, mais une fonction élargie du pontificat. Paul Badde affirme aussi que son compatriote «n’a pas pris la fuite face à la charge pétrinienne», mais qu’il en a plutôt renforcé la puissance.

De son côté, la journaliste française Isabelle de Gaulmyn estime que Benoît XVI a laissé en héritage une certaine conception de sa fonction, mais sans être parvenu à la mettre concrètement en œuvre. «Tout dans son attitude, écrit Isabelle de Gaulmyn dans le quotidien français «La Croix»,- une forme d’humilité, son engagement œcuménique, sa manière de rappeler souvent la juste place du successeur de Pierre et sa volonté de ne pas se mettre au centre de l’Eglise -, augurait d’un autre mode de papauté, plus modeste, et moins absolue que son prédécesseur, plus à l’écoute des Eglises locales».

Désacralisation de la personne du pape

Pour la journaliste, qui a suivi à Rome une partie du pontificat de Benoît XVI, celui-ci n’a cependant pas voulu, ou osé, modifier le droit canonique, et introduire des réformes de structures permettant cette évolution, sauf une légère modification des règles du Synode pour encourager une plus grande concertation. Dès lors, assure-t-elle, sa «seule, mais il est vrai décisive réforme de gouvernement, fut donc sa décision de renoncer au pouvoir». Un choix, conclut Isabelle de Gaulmyn, qui a ouvert la voie à une désacralisation de la personne du pape. (apic/imedia/ami/rz)

11 février 2014 | 12:13
par webmaster@kath.ch
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