Pour l'archevêque chaldéen de Mossoul, «on ne voit pas la lumière au bout du tunnel»

Irak: Mgr Shimoun Nona déplore que l’Occident ne fasse rien pour protéger les chrétiens

Mossoul, 13 mai 2014 (Apic) «Nous sommes sûrs que l’Eglise du monde entier prie pour l’Irak, mais l’Occident et ses gouvernements semblent avoir oublié le drame que traverse la population de ce pays… comme s’il était normal d’entendre chaque jour les nouvelles des morts, des attaques, des violences», déplore Mgr Emil Shimoun Nona, archevêque chaldéen de Mossoul.

Interrogé par l’agence de presse catholique italienne AsiaNews, l’archevêque de Mossoul, ville située à quelque 360 km au nord de Bagdad, lance un appel pressant aux Occidentaux, alors que la présence des fidèles du Christ sur cette ancienne terre chrétienne a été réduite des deux tiers depuis l’invasion américaine de 2003. La survie de cette communauté apostolique, évangélisée dès le premier siècle, selon la tradition, par saint Thomas et ses disciples Mar Mari et Mar Addai, est désormais menacée.

Dans cette métropole, bastion d’al-Qaïda en Irak (AQI) et de l’intégrisme wahhabite sunnite, qui a tissé des liens étroits avec l’Arabie saoudite, la petite minorité chrétienne qui n’a pas encore fui doit se terrer. Les islamistes s’en sont déjà pris directement aux chrétiens dans le passé. Le Père Raghid Ganni, un jeune prêtre chaldéen de 35 ans, et trois sous-diacres, ont été abattus le 3 juin 2007 tout près de l’église du Saint-Esprit, puis ce fut le tour de l’archevêque chaldéen Paulos Faraj Rahho, enlevé le 29 février 2008. Auparavant, en octobre 2006, le prêtre orthodoxe Paulos Amer Iskandar était décapité par des terroristes. Il avait refusé de se convertir à l’islam, faisaient savoir ses ravisseurs… Aujourd’hui, la ville connaît quotidiennement enlèvements et attentats sanglants.

Les élections législatives du 30 avril dernier n’ont rien résolu

Mgr Emil Shimoun Nona accuse les gouvernements occidentaux de ne rien faire face à la terreur en cours en Irak. La population a plus que tout besoin de «paix et de sérénité», mais les élections législatives du 30 avril dernier n’ont pas représenté un grand changement, insiste l’archevêque chaldéen de Mossoul.

«Pour la petite communauté chrétienne, ajoute-t-il, les difficultés augmentent tous les jours davantage…Nous attendons une amélioration depuis 2003 (date de l’invasion de l’Irak par les forces américaines, nldr), mais on ne voit pas la lumière au bout du tunnel».

Face à l’insécurité constante, la réponse des chrétiens, le plus souvent, reste la fuite pour chercher la sécurité ailleurs. «Pour nous, les chrétiens, il est important d’être présents au sein de l’Etat, des institutions, mais le nombre de nos fidèles est de plus en plus restreint. Le danger majeur vient du fait que ceux qui partent, dans la majeure partie des cas, sont des personnes instruites et plutôt riches, tandis que ne restent que les pauvres, les faibles, ceux qui n’ont pas la possibilité de s’échapper». (apic/asian/be)

13 mai 2014 | 17:51
par webmaster@kath.ch
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