Sri-Lanka: le gouvernement interdit aux Tamouls de commémorer leurs victimes

Un climat de peur et d’oppression

Colombo, 21 mai 2014 (Apic) Le gouvernement sri-lankais a fêté avec faste dans le sud du pays le cinquième anniversaire de la victoire de l’armée sur les Tigres de Libération de l’Eelam Tamoul (LTTE) le 18 mai 2009. Cinq ans après la bataille sanglante qui provoqua la reddition des combattants tamouls, cette fête communément appelée  » Victory Day» a été également l’occasion pour le gouvernement de Mahinda Rajapakasa d’interdire formellement aux Tamouls de l’île toute commémoration en l’honneur de leurs disparus.

«Le gouvernement ne se soucie pas de notre malheur, confie, sous le couvert de l’anonymat à l’agence AsiaNews, un prêtre catholique tamoul. C’est pourtant notre droit de pouvoir nous souvenir de ceux qui nous sont chers et qui sont morts dans ce conflit.» Par cette attitude, Colombo prolonge «le climat de peur et d’oppression qui pèse sur toute une partie de la population du pays, ajoute-t-il».

Alors que se déroulaient les festivités dans le sud du pays, des unités de l’armée sri-lankaise ont été dépêchées dans les provinces tamoules afin de prévenir toute commémoration publique ou cérémonie dans les temples ou les églises. Les militaires et les forces de l’ordre ont bloqué les rues dans les villes où des marches commémoratives étaient prévues, et érigé des barrages devant les principaux lieux de culte, ainsi que les sièges des médias et des partis politiques.

Humiliations infligées par les forces de l’ordre

Outre les menaces et les interdictions, le Victory Day a également été marqué pour les populations tamoules par les humiliations infligées par les forces de l’ordre, qui, dans de nombreux lieux de culte, ont voulu ridiculiser les cérémonies à la mémoire des morts. Des soldats sont ainsi entrés dans le temple hindou Kanthasaami pour singer les familles et les membres officiels de la communauté qui venaient y effectuer un rituel d’offrandes.

Quelques groupes téméraires ont cependant réussi à se rassembler, à la nuit tombée dans certains lieux de culte. L’évêque catholique de Jaffna, Mgr Thomas Emmanuel, a encadré une veillée de prière dans sa cathédrale, malgré les menaces et les tentatives des militaires pour interrompre la célébration à plusieurs reprises. De même, des groupes de fidèles hindous ont également réussi à se rendre dans les temples de Kanthasaami et de Veera-maa-kaa’li pour y présenter leurs offrandes et effectuer les rituels pour leurs défunts. (apic/eda/msb/pp)

21 mai 2014 | 17:28
par webmaster@kath.ch
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