Thaïlande: l’athéisme gagne le pays

Le bouddhisme thaïlandais troublé par une affaire de moeurs (250391)

Bangkok, 25mars(APIC/Richard Werly) Montée à la «une» des journaux depuis

plusieurs mois, une affaire de moeurs impliquant un bonze renommé de Thaïlande, Phra Nikorn Yoskhamju, est en train de déboucher sur une sérieuse

controverse religieuse, dans ce pays bouddhiste d’Asie du Sud-Est. Condamné

le 18 mars dernier à quitter l’habit religieux par le Conseil Suprême de la

Sangha, le bonze a été reconnu coupable d’avoir entretenu des relations

sexuelles avec l’une de ses disciples. Les mésaventures de Phra Nikorn ont,

ces derniers jours, servi de prétexte à une rare remise en cause par la

presse de la hiérarchie religieuse en Thaïlande, où le bouddhisme, suivi

par 95% de la population, est officiellement la «religion d’Etat».

Après plusieurs mois de suspense juridico-religieux, le rejet final en

appel, puis l’expulsion de Phra Nikorn par la plus haute instance religieuse thaïlandaise provoquent actuellement une prise de conscience, dans ce

pays qui compte plus de 30’000 temples, 250’000 moines et près de 25’000

novices. Une série d’articles, dont l’un paru dans le quotidien anglophone

«The Nation», dimanche 24 mars, ont notamment mis l’accent ces derniers

jours sur «les faiblesses administratives de la hiérarchie monastique

bouddhiste et son apparente incapacité à contrôler le comportement de ses

moines».

Selon le quotidien «The Nation», l’affaire Phra Nikorn «fait suite à une

série de scandales impliquant des moines, qui peuvent légitimement conduire

les fidèles à s’interroger sur la moralité du clergé». Citant plusieurs affaires de moeurs, évoquant une série de plaintes contre certains temples,

et rappelant plusieurs affaires de faux papiers ou de trafic de drogue, le

quotidien précise que «depuis le début du scandale Phra Nikorn, les pratiques dissolues de certains moines sont devenues des sujets de conversation

courante».

Vent d’athéisme

Toujours selon le même quotidien, ces affaires à répétition ne seraient

pas étrangères au vent «d’athéisme croissant» qui souffle notamment sur les

classes urbaines aisées du pays. Evoquant ce phénomène dans un second article d’une page sous le titre provocateur «Croyez le ou non», le quotidien

anglophone révèle «le nombre croissant d’athées et d’agnostiques dans la

société thaïlandaise». «Sous l’influence du matérialisme et de l’influence

occidentale, écrit «La Nation», un nombre toujours plus grand de thaïlandais ne suivent plus les pratiques religieuses, ne vont plus aux temples et

ne respectent plus les préceptes bouddhistes.

La modernisation accélérée du pays et ses conséquences seraient notamment à l’origine de ce vent d’athéisme: «Tout le monde parle maintenant de

gagner plus d’argent sans se soucier de l’impact sur la société et même les

moines cherchent à s’enrichir», explique dans le même quotidien le professeur Prawase Wasi. Avant d’ajouter: «Les temples, d’une certaine manière

appartiennent au passé. Ils ne sont plus à la mode». (apic/rw/pr)

25 mars 1991 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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