Genève: «Comment les évêques sont-ils nommés en Suisse ?» (170391)

Conférence du Père Trauffer, secrétaire de la CES

Genève, 17mars(APIC) «Comment les évêques sont-ils nommés en Suisse ?»:

tel était le sujet de la conférence donnée par le Père dominicain Roland

Trauffer, secrétaire de la Conférence des évêques suisses (CES), la semaine

dernière au Centre Saint-Thomas de Genève. Après avoir rappelé les acquis

du Concile Vatican II, le conférencier, docteur en droit canon, a expliqué

le droit commun qui régit les nominations épiscopales dans trois des six

diocèses de Suisse (romands et tessinois) avant de développer quelques

aspects particuliers aux trois autres diocèses.

Le Père Trauffer a commencé par rappeler que le Concile a supprimé bien

des privilèges octroyés aux autorités civiles en matière de nomination

épiscopale. L’article 20 de la Constitution «Christus Dominus» – document

du Concile promulgué en 1965 et traitant des évêques – stipule que la nomination des évêques appartient à l’Eglise et non aux autorités civiles. Le

Concile a également étendu le droit du clergé et des fidèles à être consultés, a souligné le conférencier.

La procédure diffère selon les diocèses

En matière de nomination épiscopale en Suisse, trois diocèses sont soumis au droit commun, a expliqué le Père Trauffer: Les diocèses de Lausanne,

Genève et Fribourg, Sion et Lugano. En vertu de ce droit, le pape nomme librement les évêques ou confirme ceux qui ont été choisis. Pour ce faire, il

est conseillé par les divers dicastères de la Curie romaine, le nonce et la

Conférence épiscopale du pays concerné. Tous les trois ans, chaque Conférence épiscopale dresse la liste des prêtres aptes à accomplir la charge

épiscopale et la transmet au Saint-Siège. Dans les années septante, note

avec regret le Père Trauffer, les évêques suisses ont renoncé à cette possibilité.

Outre l’établissement de cette liste, chaque évêque se réserve le droit

de communiquer au Saint-Siège sa propre liste de candidats, en consultant

ou non ses collaborateurs, des religieux ou des laïcs, a relevé le secrétaire de la CES.

Lorsque se produit une vacance dans le diocèse, le nonce choisit trois

noms sur la liste préétablie en consultant les autres évêques, divers corps

– Conseil presbytéral, chapitre cathédral -, des membres du clergé séculier

et régulier et des laïcs. Ce choix est communiqué à la Curie romaine. Au

Vatican, la Congrégation pour les évêques soumet alors le nom du candidat

qu’elle juge le plus digne au pape, qui est libre d’accepter ou de demander

une nouvelle proposition, a expliqué le Père Trauffer.

Les diocèses de Bâle, Saint-Gall et Coire sont régis par des droits particuliers, souvent complexes, a-t-il ajouté. Dans le diocèse de Coire, l’un

de ces droits crée une situation douloureuse depuis trois ans. La procédure

de nomination des évêques du diocèse de Coire est réglementée par un privilège octroyé en 1948 par le Saint-Siège. Lorsque le siège épiscopal est vacant, le Vatican propose trois noms au chapitre cathédral – il compte

vingt-quatre chanoines -, qui fait son choix. Puis le Saint-Siège nomme

l’évêque.

Retrouver la confiance réciproque

Reste que l’Eglise locale est gravement divisée, a fait remarquer le Père Trauffer, et que la tâche d’un évêque est d’unir, non de diviser. Les

diverses parties du diocèse de Coire s’insurgent les unes après les autres;

même les cantons de Suisse centrale, fondement du catholicisme dans la Confédération, refusent de recevoir leur évêque.

Après l’échec de la Commission de dialogue de la CES, instaurée en septembre 1990 à la demande de Mgr Haas, il est nécessaire de dépasser la méfiance réciproque, a souligné le Père Trauffer. Le dominicain place beaucoup d’espoirs dans la rencontre entre le pape et les évêques suisses, qui

devrait se dérouler mi-juin à Rome. (apic/sr/cor)

17 mars 1991 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
Partagez!