«J'ignore si mon fils est vivant ou mort»

Brésil: Une mère raconte à la télévision comment son fils est parti faire le jihad

Rio de Janeiro, 23 septembre 2014 (Apic) «Fantatisco», le programme dominical de la chaîne de télévision Globo a diffusé, dimanche soir 21 septembre, le témoignage d’une maman brésilienne dont le fils de 21 ans, catholique pratiquant vivant en Belgique, est parti faire le jihad en Syrie. Témoignage poignant.

Elle a le regard fixé vers le sol pendant presque toute l’interview, comme pour éviter la caméra. Le visage rempli de larmes, Rosana Rodrigues raconte pourtant sans détour comment son fils Brian, 21 ans, est devenu un soldat de l’armée de l’Etat Islamique. Dans un témoignage choc diffusé lors de l’émission «Fantastico», sur la chaîne Globo, cette Brésilienne s’interroge à haute voix sur les raisons qui ont poussé son fils de 24 ans à intégrer en 2012 un groupe terroriste.

Brian est un citoyen belge, de père belge et de mère brésilienne. Il a été élevé à Anvers, mais parle parfaitement le portugais et s’est rendu à de nombreuses reprises au Brésil. Le reportage montre d’ailleurs plusieurs photos du jeune homme, allure sportive et regard bleu pétillant, sur des plages brésiliennes. C’est pourtant le même garçon qui, en 2012, a rejoint l’état islamique, situé à cheval entre la Syrie et l’Irak, pour y faire le jihad.

«Il portait toujours une croix»

«Un jour, il est parti, raconte Rosana Rodrigues. Je suis allée dans sa chambre et il n’était plus là. Il a dit uniquement «au revoir» à sa petite sœur. Il l’a embrassée sur le front et lui a dit que c’était la dernière qu’elle le voyait.» Quelques jours plus tard, le jeune homme rejoignait la Syrie et prenait le nom d’Abu Qassem Brazili, autrement dit Abu Quassem, le Brésilien.

Pour comprendre ce qui a provoqué une telle transformation, le journaliste qui a mené l’enquête s’est rendu à Anvers, la deuxième plus grande ville de Belgique. Brian y a étudié dans l’une des meilleures écoles … catholiques de la ville. Il était d’ailleurs pratiquant. «Il était très catholique, confirme sa mère. Sur la plupart des photos prises que ce soit au Brésil, en Belgique, en Espagne et en Turquie où il était parti en vacances, il portait toujours une croix.»

Ronaldo, Messi, puis… Ben Laden

Selon le journaliste, la transformation de Brian a commencé à la suite d’une grande déception, à la fin d’un rêve. «Brian voulait devenir footballeur professionnel, commente le journaliste. Mais à 17 ans, il a été recalé par le centre de formation du club d’Anvers et il est entré en dépression.»

C’est à ce moment là que des extrémistes se sont rapprochés de lui. Une démarche somme toute fréquente. Un magazine belge a d’ailleurs récemment publié l’interview d’un autre jeune qui a rejoint la Syrie. Il explique: «Avant, nos idoles étaient Ronaldo et Messi. Aujourd’hui, c’est Ben Laden».

«Il a vécu cet échec comme une terrible désillusion, confirme la mère de Brian. C’est à ce moment-là, je pense, qu’il a rencontré un groupe de jeunes musulmans du quartier. Ils lui ont conseillé de trouver le réconfort et la force dans Allah. Et l’ont convaincu que c’est cette foi qui allait l’aider à surmonter la tristesse. Sauf que, malheureusement, cela a été un malheur dans la vie de mon fils.»

D’après la presse belge qui a également enquêté sur le jeune homme, Brian aurait rencontré des extrémistes venus d’Afghanistan, du Pakistan, et du Bengladesh dans la mosquée qu’il fréquentait. En moins de deux ans, il est devenu l’un des leurs. Et a rejoint la Syrie fin 2012 pour y intégrer l’armée du Daesh.

«Je vais le chercher en Syrie»

«J’ai demandé de l’aide à la police, explique la mère de Brian. A d’autres personnes aussi. Mais personne n’a voulu m’aider. Par hasard, je suis tombée sur une photo de mon fils dans un magazine. Il tenait une arme et portait un uniforme de soldat. Ça fait déjà deux ans qu’il est parti en Syrie. La dernière fois que j’ai eu des nouvelles de lui, c’était il y a quelques mois. Il se trouvait à Alep, au nord-est du pays, au cœur des de la guerre contre les troupes du régime syrien.» Depuis plus rien. «J’ignore si mon fils est vivant ou mort», souffle t-elle dans un sanglot.

Interrogée sur sa peur de voir Brian commettre un attentat, Rosana indique: «Je ne sais pas. J’ai peur qu’il l’envoie se faire exploser. Je serais capable de tout pour retrouver mon fils. Y compris de donner ma propre vie.» C’est d’ailleurs pour cela qu’elle a prévu d’aller en Syrie dans les jours qui viennent. «Je vais chercher mon fils, a t-elle affirmé, en levant enfin les yeux vers la caméra. Je ne sais pas si je vais le retrouver. Mais j’y vais.» (apic/jcg/bb)

23 septembre 2014 | 09:38
par webmaster@kath.ch
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