L'ancien rabbin Jean-Marie Elie Setbon témoigne de sa conversion

Fribourg: «La foi catholique est radicalement différente de la foi juive»

Fribourg, 9 novembre 2014 (Apic) Aucune ambiguïté dans le propos: Jean-Marie Elie Setbon a gardé la flamme du rabbin ultra-orthodoxe qu’il était. «Converti» au catholicisme en 2008, il a témoigné de son expérience lors du festival Prier-Témoigner, le 8 novembre 2014. De la kippa à la croix, le changement est substantiel. Le Christ n’accomplit pas la foi juive, il la modifie puisqu’il se substitue au respect de la loi pour tisser un lien qui unit l’homme à Dieu. Interview.

Vous êtes passé du judaïsme au christianisme. Est-ce une conversion ou un accomplissement?

Une conversion! Le cardinal Lustiger avait utilisé le mot d’»accomplissement», mais il n’est pas une référence absolue. Le vocabulaire biblique est clair: Jésus demande aux Juifs de se convertir et de se repentir. Dans les Actes des Apôtres, Pierre demande également la conversion à «ceux qui ont crucifié le Christ» – une conversion au sens biblique du terme: un retournement total.

Pour autant, je n’abandonne pas ce que je suis. Pour prendre une image, l’Ancien Testament c’est la mère; le nouveau, le fils. Le fils sera toujours fils, il ne reniera jamais sa mère, mais, pour qu’une réalité nouvelle advienne, il faut qu’il coupe le cordon.

Je peine donc à concevoir le dialogue judéo-chrétien tel qu’il se pratique aujourd’hui. Au fond, il ne s’agit pas de dialoguer, mais de convertir.

Dès lors, selon vous, qu’est-ce que le christianisme ajoute au judaïsme?

Ce n’est pas le christianisme qui ajoute quelque chose au judaïsme, mais le Christ. Il ajoute la filiation divine. La grande différence entre le judaïsme – et même l’islam – et le christianisme, c’est que la relation à Dieu n’est pas médiatisée par la mise en pratique d’une loi, mais par une personne. Par le Christ, nous sommes réellement enfants de Dieu et, sans lui, c’est impossible.

La foi catholique est radicalement différente de la foi juive. La foi juive consiste à croire en un Dieu créateur et se lier à lui par la pratique de la loi. La foi catholique est plus que cela. Elle est une vertu théologale qui met l’homme en relation avec Dieu. Croire c’est entrer en relation avec Dieu, tandis que dans le judaïsme cette relation passe irrémédiablement par la loi de Moïse.

La confiance en Dieu constitue la trame de cette édition de Prier-Témoigner. En quoi la relation à Dieu que vous évoquez est-elle source de confiance?

C’est simple: avoir confiance en Dieu c’est oser être soi-même. Un chrétien ne peut pas avoir confiance en lui-même s’il oublie qu’il est né de Dieu. Il doit choisir le «lieu» où il va vivre. Cette confiance n’est pas une confiance humaine, elle est surnaturelle. Elle prend racine dans l’incarnation qui nous donne de devenir «enfants de Dieu». C’est une réalité plus vaste que la rémission des péchés. Savoir que l’on a un Père éternel, nous permet d’oser être nous-mêmes. Nous ne vivons plus en fonction des autres, mais en enfants de Dieu. (apic/pp)

9 novembre 2014 | 10:57
par webmaster@kath.ch
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